Sans pétrole, la majorité de la main d'oeuvre des pays développés ne seraient plus en mesure de se rendre à leur poste de travail quotidiennement. De nombreux pays en développement en sont encore
plus dépendants du fait qu'ils en importent la presque la totalité. Beaucoup de pays exportateurs de ce produit en sont tout aussi tributaires pour leurs recettes par manque de
diversification économique. Le pétrole a ainsi envahi toutes les strates du fonctionnement de nos sociétés, en à peine plus d'un siècle. Son importance stratégique est reconnue depuis la
Première Guerre mondiale.
Le pétrole est une « commodité », une matière première vendue en quantités telles que son commerce est organisé à l'échelle mondiale, et
cela depuis 1928. En 2009, le seul commerce du pétrole (donc sans compter les activités en aval) représente des échanges de l'ordre de 6 milliards de dollars par jour. Cette commodité
est souvent importée : l'Europe et les États-Unis en importent chaque jour 1,5 million de tonnes (ou 10 millions de barils) chacun. Ainsi, le commerce du pétrole suscite des
convoitises considérables; il exige des gouvernements, responsables du bon fonctionnement de leurs États, une surveillance permanente, et les conduit à des comportements
parfois extrêmes pour s'assurer de son approvisionnement régulier.
Jusqu'en 1971, ce qui était bon pour les compagnies pétrolières était bon pour les États-Unis et ce qui était bon pour les États-Unis ou le Canada était bon
pour l'OCDE.
À partir de 1973, l'OCDE commence à se démarquer, à la fois sur un plan politique (neutralité au Moyen-Orient) et sociétal (recherche d'une moindre consommation de pétrole). À partir de 2001, les États-Unis
payent un prix de plus en plus élevé pour leur domination pétrolière, et même George W. Bush et maintenant Barak Obama se plaignent de la dépendance de son pays au pétrole (« The
USA is addicted to oil »).
Enfin la volonté récente de certains fabricants d'automobiles de promouvoir les
véhicules électriques
laisse envisager également le découplage entre les compagnies pétrolières et les
constructeurs.
Ces multiples modifications des anciens équilibres donnent plus de profondeur à la phrase de
Sheikh Yamani :
« L'âge de pierre ne s'est pas terminé par manque de pierres. L'âge du pétrole ne s'achèvera pas avec le manque de pétrole »
|
 |