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Jacques Roy s’était impliqué au palier provincial après avoir été congédié par le Parti Libéral du Canada (PLC) en 2004, dans la foulée de la commission Gomery sur le scandale des commandites. La commission avait démontré que Jacques Roy faisait partie des « bénévoles » libéraux payés secrètement par les firmes de communications jouissant des contrats de commandites. Or, cette controverse n’était pas la première à éclabousser Jacques Roy. En 1998, un organisateur du PLC, Pierre Corbeil, avait été condamné pour trafic d’influence devant la Cour du Québec. M. Corbeil avait avoué avoir téléphoné à des entreprises qui avaient fait des demandes de subventions au gouvernement fédéral : il leur disait que si elles ne contribuaient pas à la caisse du parti de façon occulte, elles ne recevraient jamais leur subvention. L’enquête policière avait révélé que Jacques Roy, alors adjoint du ministre fédéral Marcel Massé, avait fourni à Corbeil la liste des entreprises ayant demandé une subvention. Roy n’avait pas été accusé : il disait avoir simplement sollicité l’aide de Corbeil pour évaluer la réputation des entreprises concernées et déterminer si elles existaient vraiment. Mais sa conduite constituait tout de même un accroc aux règles en vigueur. Duchesne inquiet pour la démocratie Le ministre péquiste Pierre Duchesne est sorti de ses gonds en apprenant le parcours de Jacques Roy au Parti Libéral du Québec PLQ avant son arrestation pour corruption. « On voit de vieux routiers rouges continuer à essayer de maintenir un climat de corruption. Je trouve ça excessivement inquiétant pour la démocratie. Qu’est-ce que ces gens-là font entourés de tels personnages ? », a-t-il lancé dans un entretien avec La Presse. « Regardez l’ancien maire de Mascouche, Richard Marcotte, il avait été candidat pour le PLQ en 2003 ! Et l’ancien bénévole de l’année du PLQ, Louis-Georges Boudreault [NDLR : arrêté par l’UPAC en 2012]. Je pense que le Parti libéral est un parti historique important au Québec. Ce n’est pas vrai que tout le monde est corrompu au PLQ. Mais j’invite les membres honnêtes à éloigner ces gens-là ! », a-t-il déclaré. L’attaché de presse de l’aile parlementaire du Parti Libéral du Québec PLQ, Charles Robert, n’avait pas rappelé La Presse au moment de publier ces lignes. Jeudi, il avait indiqué que le rôle de Jacques Roy était demeuré plutôt mineur auprès de Jean-Marc Fournier.
Jacques Roy avait été membre du personnel politique de Denis Coderre il y a une dizaine d’années, lorsque celui-ci était ministre du Sport dans le gouvernement Chrétien à Ottawa. Il était aussi salarié du Parti libéral du Canada. Mais le parti lui a montré la porte en 2004 après que la commission Gomery sur le scandale des commandites a démontré qu’il faisait partie des « bénévoles » libéraux payés secrètement par les firmes de communication qui profitaient de juteux contrats gouvernementaux. Roy s’était ensuite retrouvé dans l’équipe du ministre provincial libéral Jean-Marc Fournier pour la campagne électorale de 2007, à Châteauguay, où il était le responsable des sondages téléphoniques et du pointage. (Tant au bureau de Jean-Marc Fournier qu’à celui de Denis Coderre, on a indiqué à La Presse que l’apport de M. Roy n’avait pas été majeur à l’époque.) La carrière de Jacques Roy a rebondi au milieu des années 2000 lorsqu’il a été recruté par le maire de Châteauguay de l’époque, Sergio Pavone ( 01 ), qui l’a nommé directeur du développement économique. Un poste névralgique qu’il a occupé pendant quatre ans, jusqu’à ce que Nathalie Simon, nouvelle mairesse élue en 2009, lui montre la porte. Éjecté de Châteauguay « On lui a fait comprendre clairement que son contrat ne serait pas renouvelé et il est parti en congé prolongé », a-t-elle raconté hier en entrevue. Mme Simon ne veut pas trop donner de détails sur les raisons de ce départ. Mais l’ancienne journaliste souligne qu’il était temps que les choses changent à Châteauguay. « J’avais mes antennes, qui m’indiquaient effectivement beaucoup de choses. Ce n’était pas propre à Châteauguay, on l’a vu plus tard, on était pris un peu dans le même maelstrom. Dès notre arrivée, on a commencé à poser des gestes et à dire qu’il fallait élever le degré d’éthique et d’intégrité, revenir à des mœurs et des façons de faire au-dessus de tout soupçon », raconte-t-elle. Sans emploi, Jacques Roy était parti travailler comme directeur du développement économique pour le maire de Saint-Constant, Gilles Pépin ( 02 ), un autre maire de la région qui a été arrêté par l’UPAC pour fraude et abus de confiance. Le journal local Le Reflet expliquait alors que M. Roy n’avait pas eu à passer un concours d’embauche, puisque sa réputation le précédait, lui qui avait travaillé pour Denis Coderre au fédéral et l’ex-ministre des Finances Michel Audet au provincial. À Saint-Constant, Roy a été mêlé à certains des dossiers les plus controversés du règne de Gilles Pépin. Jusqu’à ce que le vent tourne encore.
« L’enquête a démontré que quatre suspects ont tenté de corrompre l’administration municipale et la mairesse par un système d’échange de bénéfices comme de l’argent. Les avantages désirés par les accusés étaient l’obtention d’emplois municipaux et le dézonage de terrains pour des projets immobiliers », a précisé le capitaine André Boulanger, responsable des enquêtes sur la corruption à la Sûreté du Québec. Selon nos informations, le groupe voulait faire nommer l’agent immobilier René Lafrance directeur du développement économique à la Ville de Châteauguay. Selon l’UPAC, les pots-de-vin offerts par le groupe à la mairesse étaient importants. D’ailleurs, 31 000 $ en argent comptant ont été saisis lors des perquisitions. Une camionnette considérée comme un produit de la criminalité a aussi été saisie chez René Lafrance ( 03 ). Principale témoin de la poursuite dans cette histoire de corruption, la mairesse Nathalie Simon n’a pas voulu commenter l’affaire hier. Mais elle avoue y voir une tentative de certaines forces qui souhaitent revenir à une époque révolue. « C’est la nature humaine, les gens qui avaient les mains dans le plat à bonbons souhaitent remettre les mains dans le plat à bonbons. Mais c’est à la société de leur indiquer qu’ils ne mangeront plus de bonbons », a-t-elle martelé. Les Complices
Ils sont tous entrepreneurs ou courtiers immobiliers. Ils ont été amenés au quartier général de la Sûreté du Québec, à Montréal, pour être interrogés. Les 4 accusés faisaient face à 5 chefs d'accusation pour fraude envers le gouvernement, abus de confiance, acte de corruption dans les affaires municipales et complot. Robert Lafrenière s'est dit étonné par ce dossier qui survient en pleine commission Charbonneau et alors que le gouvernement resserre ses lois pour prévenir la corruption. «Ça démontre que la corruption existe toujours, et que la collaboration des élus est cruciale. Il y a des gens qui pensent que la culture n'a pas encore changé. C'est une culture bien incrustée dans beaucoup de milieux. Mais on observe des améliorations. Mais il reste des gens qui n'ont pas compris. La preuve, c'est que ce dossier ne portait pas sur des gestes commis en 2007 ou 2008, mais en 2013», a martelé M. Lafrenière. "Quand on voit un dossier contemporain comme ça, qui date de trois mois, (…) ça nous dit qu'il faut garder la vigie et être alerte", a estimé le commissaire.
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