Louis Robert est une des victimes d'un déficit d'éthique au Ministère de l'agriculture et des pêcheries du Québec. Voici les principaux événements survenus depuis que la population du Québec a
appris, par l'action heureuse de divulgateurs, qu'une activité privatisée par le gouvernement du Québec était devenue un nid de conflits d'intérêts où une
quinzaine d'employés.es, chercheurs et autres ont démissionné. La privatisation des activités a été très
bien analysée par l'institut Jean Garon. Le lanceur d'alerte Louis
Robert a gagné son pari et reçu les excuses du premier ministre du Québec.
Aujourd'hui en août 2019, il retrouve son emploi avec honneur et toute notre
estime. En septembre 2019 il témoigne devant une commission parlementaire
qui s'interroge sur l'utilisation des pesticides en agriculture au Québec. Le
rapport de la commission est d'une mièvrerie qui déçoit.
- JosPublic
L'agronome Louis Robert
lors de son témoignage devant la Commission parlementaire de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles qui se penche sur l'usage des pesticides.
1er mars
2020
L
’Ordre des agronomes confirme son désintérêt pour la survie des abeilles fertilisatrices et de l'alimentation végétale des humains
La recherche sur les pesticides à l’origine de l’affaire Louis Robert vient de faire l’objet d’une publication formelle dans une prestigieuse revue
scientifique. Financée en majeure partie par les
contribuables québécois, l’étude diffusée mercredi le 26 février
2020 par la revue scientifique "
PLOS One"
avance que les néonicotinoïdes – ces fameux insecticides « tueurs d’abeilles » – sont inutiles dans plus de 95 % des champs de
maïs et de soya du Québec. Un résultat qui a incité le
chroniqueur Patrick Lagacé à dire: que l'Ordre des agronomes du Québec
exprimait un
"fuck les abeilles" retentissant.
6 août 2019 Louis Robert optimiste à son retour au
travail, même si des problèmes subsistent
L
e fonctionnaire a refusé de prendre sa retraite, préférant réintégrer son poste.
«J’ai du plaisir à faire mon travail. Et il me reste deux, trois, peut-être quatre ans, alors je ne voulais pas devoir payer le prix d’une perte d’un emploi que j’aime pour des erreurs commises par
d’autres»
Plusieurs anciens collègues et amis étaient présents mardi pour souligner son retour au travail. Il a trouvé ça difficile cette année-là, mais il a reçu beaucoup de support et il en sort grandi, a confié
André Carrier, ancien agronome au
Ministère de l'Agriculture.
M. Carrier croit qu'une bonne partie des agronomes est mûre pour revoir certaines pratiques, comme par exemple le fait de ne plus conseiller
un agriculteur sur l'utilisation de pesticides s'il travaille en parallèle pour une compagnie de ce secteur.
Ce qu'il a dénoncé est très grave et a besoin de l'attention de tous, a
souligné la productrice et réalisatrice Carmen Garcia, qui prépare actuellement un documentaire sur les lanceurs d'alerte. Mme Garcia fait notamment référence à l'influence des lobbys dans les
politiques et les pratiques agricoles au Québec.
Lire le détail - Source: Société CBC/Radio-Canada pour le gouvernement du Canada
14 juin 2019 Le premier ministre Legault présente ses excuses à Louis Robert
« Je veux au nom de l’État québécois m’excuser auprès de Louis Robert, a-t-il déclaré. On va avoir des discussions avec lui pour
trouver les moyens comment on peut le réintégrer et/ou le compenser. »
Le ministre de l’Agriculture,
André Lamontagne, n’avait pas voulu s’excuser la veille dans la foulée d’un rapport accablant de la protectrice du citoyen même s’il avait ouvertement mis en doute l’intégrité de M. Robert. Il s’est ravisé
lors de la période des questions vendredi matin le 14 juin 2019.
« J’offre mes excuses à M. Robert », a-t-il affirmé tout en soulignant que les faits analysés dans le rapport de la vérificatrice générale sont
survenus alors que les libéraux étaient encore au pouvoir.
Le sous-ministre du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), Marc Dion, a remis sa démission jeudi. Celle-ci a été acceptée vendredi le 14 juin 2019 par le conseil des ministres.
Ce dernier n'avait pas respecter la loi sur la protection des alerteurs ou divulgueurs.
« Le plus scandaleux, c’est que Mme Masse qui a fait congédier l'agronome n’a pas été sanctionnée pour ses graves manquements et
qu’elle a même été promue sous-ministre adjointe », a dénoncé la présidente du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (
SPGQ),
Line Lamarre, dans un communiqué de presse.
1 avril 2019 Après les pesticides, le divulgateur Louis Robert dénonce la surutilisation d'engrais
Mangez plus de légumes qu'ils disaient, c'est meilleur pour la santé...
oui, mais! ajoute
JosPublic
c'est plein de pesticides et d'engrais chimiques. Plus les agriculteurs utilisent de
l'engrais, plus ils ont un retour élevé sur les intrants de production. Profits
cachés. Vive le bio!
Le lanceur d'alerte congédié par le ministère de l'Agriculture affirme que les conflits d'intérêts ne se limitent pas au domaine des pesticides. Lors
d'une première entrevue, accordée à Radio-Canada, l'agronome Louis Robert dénonce l'influence du privé dans les recommandations d'engrais faites aux
agronomes et aux agriculteurs, les plus élevées en Amérique du Nord
Pesticides, engrais, « ce sont deux problématiques jumelles, a expliqué l'agronome Louis Robert à l'occasion d'une entrevue au micro de l'émission Gravel le matin. Sur le plan de
l'impact économique et sur le plan de la santé humaine, les deux se comparent très bien. »
Le fonctionnaire congédié par le gouvernement du Québec pour avoir dénoncé l'influence des lobbys en agriculture met en garde contre « la surutilisation d'engrais » dans la province et regrette
que « la situation perdure depuis très longtemps » sans que personne n'en parle.
Les quantités d'engrais à épandre qui sont recommandées par le Québec sont
trois fois plus élevées qu'en Ontario, et jusqu'à six fois plus élevées que dans des États américains.
28 mai 2019
Pesticides : le sous-ministre de l’Environnement est inquiet de
ce qu’il a découvert
Le sous-ministre
Marc Croteau, du ministère de l'Environnement du Québec,
lors de la première session de la Commission
parlementaire sur les pesticides
Au Québec, la majorité des
agronomes qui conseillent les agriculteurs sur l'utilisation des
pesticides sont des salariés des entreprises qui vendent ces
produits.
Un rapport d'enquête
rédigé pour l'Ordre des agronomes démontre que la plupart d'entre
eux touchent des primes, bonis ou commissions, une pratique illégale
pouvant les inciter à recommander trop de pesticides.
« Oui, c’est illégal,
mais tout le monde s’en fout », dit Sylvain (nom fictif), un
agronome qui travaillait jusqu'à l'année dernière pour une entreprise de
pesticides. Il a accepté de témoigner, mais sous le couvert de
l'anonymat, par peur de représailles au sein de l'Ordre.
Dans un rapport d'enquête
distribué cet automne aux membres de l'Ordre, et dont Radio-Canada a
obtenu copie, une firme externe conclut que 80 % des entreprises qui
emploient des agronomes fonctionnent avec un mode de rémunération
variable qui peut prendre la forme de primes, de bonis ou de
commissions, en plus du salaire.
« Plus on vendait certains
produits, plus on avait des commissions, raconte Sylvain. J’enfreignais
donc un article de mon Code. »
L'article 31 du Code de
déontologie des agronomes du Québec indique en effet qu'« un agronome
doit s’abstenir de recevoir, en plus de la rémunération à laquelle il a
droit, tout avantage, ristourne ou commission relatifs à l’exercice de
sa profession ».
Je recevais un voyage dans
le Sud si je vendais assez de poches de semences de maïs enrobées de
pesticides dit Sylvain
L'étude a été commandée
par l'Ordre des agronomes dans la foulée d'une enquête de Radio-Canada
qui révélait, en août 2017, que les agriculteurs sont majoritairement
conseillés par des agronomes vendeurs, payés par les entreprises de
pesticides.
C'est comme si un médecin
était salarié d'une compagnie pharmaceutique qui lui demande de vendre
des médicaments. « Nos deux missions sont en conflit direct »,
témoigne Sylvain, l'ancien agronome salarié d'une entreprise de
pesticides.
Le 30 octobre 2018, la
France a voté une loi pour interdire à un agronome d'être à la fois
conseiller et vendeur de pesticides. Elle entrera en vigueur en 2021.
Mais au Québec, le débat est à peine lancé.
«À ma connaissance, c'est la première fois qu'un ministre est poursuivi en grief pour diffamation par
un de ses employés et même devant les tribunaux civils», a affirmé le président du SPGQ, Richard Perron, en entrevue téléphonique. Il a rappelé que l'arbitre qui se
penchera sur le grief a les mêmes pouvoirs qu'un juge.
M. Robert reproche précisément au ministre d'avoir affirmé qu'il y avait d'autres raisons pour son
limogeage que ce qui était indiqué dans la lettre de congédiement.
André Lamontagne avait laissé entendre que son «intuition» lui suggérait qu'il y avait autre chose dans le dossier de M. Robert. «Il ne
se basait sur aucun fait, c'est de la diffamation pure, a déclaré M. Perron. Il a creusé son trou.»
«La conduite de l'employeur et du gouvernement dans la
gestion médiatique de mon congédiement constitue un abus de droit et porte atteinte à ma dignité, à mon honneur et à ma réputation, peut-on lire dans le
grief. Je réclame des dommages et intérêts pour diffamation et atteinte à ma réputation.»
Le SPGQ vise en fait à ce que l'employeur ne tienne pas
«la ligne dure» et constate qu'il a intérêt à régler le grief avant d'aller plus loin, pour éviter que le ministre soit appelé personnellement à
témoigner. L'objectif est de réintégrer le plus rapidement possible M. Robert dans sa fonction, qu'il obtienne des excuses, et qu'il soit pleinement
indemnisé. Par ailleurs, la pétition en faveur de la réintégration de M. Robert a tout récemment franchi le cap des 50 000 signatures.
28 février 2019 Le lanceur d’alerte Louis Robert dépose un recours pour « congédiement illégal et abusif »
Le fonctionnaire congédié par le ministère de l'Agriculture conteste officiellement son licenciement et exige sa réintégration
Le gouvernement de la CAQ n'en a pas fini avec le dossier
Louis Robert. En plus de l'enquête en cours par la
Protectrice du citoyen, un arbitre doit maintenant se pencher sur deux griefs déposés par l'agronome et le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (
SPGQ).
Le premier grief, déposé au cours des derniers jours, conteste le congédiement, jugé « sans motif raisonnable », prononcé le 24 janvier 2019. La décision est qualifiée d'« illégale,
contraire à la convention collective et abusive ». Louis Robert exige également le retrait de toute trace de ce congédiement dans son dossier d'employé, ainsi que le
remboursement du salaire perdu et les intérêts.
Un deuxième grief conteste la durée de sa mise à pied, à partir du 12 septembre 2018, le temps d'une enquête sur les fuites
dans les médias. Louis Robert avait été suspendu avec salaire durant 134 jours, alors que la convention collective des professionnels du gouvernement prévoit une suspension
maximale de 30 jours.
Poursuite pour diffamation? Enfin, sans aller de l'avant pour le moment, le syndicat se garde la possibilité de poursuivre au civil le ministre de l'Agriculture et le premier ministre
pour atteinte à la réputation de Louis Robert.
André Lamontagne et
François Legault avaient déclaré que ce congédiement n'était ni une mesure de représailles, ni en lien avec la fuite d'informations aux médias.
Or, la lettre de congédiement expose bel et bien les motifs de « manque
de loyauté [...] en transmettant un document confidentiel au journaliste » et d'avoir « contrevenu à l'obligation de discrétion et à la politique de relations avec les
médias ».
Richard Perron, président du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec. Selon le
SPGQ, le traitement des griefs pourrait prendre au moins un an. Il estime qu'une cause en
diffamation ne sera « pas difficile à gagner », sur la base des propos tenus par le ministre de l'Agriculture,
André Lamontagne, après le congédiement. « Il y a eu atteinte à la réputation que rien ne justifiait et le ministre [Lamontagne] a même avoué qu'il s'était fié à
son intuition, a déclaré M. Perron, qui est avocat de formation. Ce n'est pas fort, se fier à son intuition pour avancer de telles choses publiquement à propos de
quelqu'un qui vient d'être congédié. »
Responsable de toute cette affaire, le ministère de l'Agriculture du Québec n'a pas souhaité faire de commentaire.
Source - La Société CBC/Radio-Canada
8 février 2019 Le président du C.A. nie avoir demandé le congédiement du lanceur d'alerte
Dans la foulée de la controverse entourant le congédiement du lanceur d'alerte Louis Robert, le président des Producteurs de grains du Québec, Christian Overbeek propose de se
retirer de la tête du Centre de recherche sur les grains (CÉROM).
Il recommandera cependant au ministère de l'Agriculture, qui assure la majorité du financement de cette société à but
non lucratif, que les acteurs de l'industrie privée continuent d'occuper des postes d'administrateurs au sein du conseil d'administration.
L'influence des
lobbyistes au conseil d'administration du CÉROM, la Coalition Avenir Québec
(CAQ) le savait.
Dès mars 2018,
à la suite des révélations dans La Vie agricole concernant le manque de
transparence du Centre de recherche sur les grains (CÉROM) vis-à-vis du
ministère de l’Agriculture, la députée de Mirabel pour la CAQ, Sylvie D’Amours, alors critique en agriculture, réclamait une
commission parlementaire pour se pencher sur l’enjeu des pesticides. Elle
estimait alors que de nombreux agriculteurs étaient dans une impasse face
aux règlements et aux agronomes.
3 février 2019
Le problème de fond: les
pesticides employés par les agriculteurs et agricultrices
M. Overbeek a plusieurs fois
eu des déclarations publiques qui allaient à
l'encontre des résultats de recherches
menées au CÉROM. Le ministre a dit avoir
pris connaissance de ces prises de position. Les Producteurs de grains du
Québec (PGQ) ont émis un communiqué,
dimanche le 3 février 2019, dans lequel ils justifient leur
présence sur le conseil d'administration du
CÉROM.
Le ministère de l'Agriculture du Québec a
congédié
Louis Robert, un
divulgateur qui avait dénoncé l'ingérence du secteur privé dans la recherche
publique sur les pesticides. Le fonctionnaire a été
congédié jeudi le 24 janvier 2019 pour avoir fourni des renseignements confidentiels à un
média, tandis que deux de ses collègues sont suspendus.
30 janvier au
1er février 2019
Levée de bouclier et
accusations de censure
Le
frère de l'agronome Louis Robert sur Twitter, le Parti Libéral
du Québec, le Parti Québécois, Québec Solidaire à l'Assemblée
nationale, l'Ordre des agronomes du Québec, l'éditeur de la
Terre de Chez Nous, Robert Dutrisac,
éditorialiste au journal Le Devoir,
l'Union des producteurs agricoles (UPA) de Rouville,
Roméo Bouchard cofondateur de l'Union
Paysanne. l'Association des conseillers en agroenvironnement
du Québec, le syndicat des professionnels et professionnelles du
gouvernement du Québec n'hésitent pas à vilipender la haute
direction du ministère de l'Agriculture, son sous-ministre et
ministre.
Des avocats de l'État jusqu'aux ingénieurs... La
Fonction publique du Québec se range derrière
le fonctionnaire congédié. Dans une lettre ouverte, une
coalition de syndicats regrette qu'un ministre ait autorisé personnellement
son renvoi pour avoir informé les médias de l'influence des lobbys sur la
recherche scientifique à propos des pesticides.
24 septembre 2019
Pesticides: Québec «à genoux» devant les lobbys,
déplore Louis Robert
Photo prise à partir d'une vidéo de
retransmission des audiences de la
Commission parlementaire sur les pesticides
Le
gouvernement du Québec ne s’est jamais tenu debout
devant l’industrie des pesticides et en est même
devenu le complice, a déploré Louis Robert lors d’un
témoignage-choc à l’Assemblée nationale.
«Nous
avons été faibles. Un vieux dicton dit... ils ne sont
puissants que parce que nous sommes à genoux. Ça s’applique
parfaitement à cette situation. Nous n’avons pas résisté aux
lobbys. Nous sommes devenus leurs complices. Nous, les
organisations mandataires de l’intérêt public, on n’a tout
simplement pas fait notre job», a dénoncé le lanceur
d’alerte devant la commission parlementaire sur les
pesticides, lancée à la suite de l’affaire qui porte son
nom.
M. Robert a
dressé un triste portrait. Le ministère de
l’Agriculture (MAPAQ) a comme objectif de réduire l’usage
des pesticides depuis 1992, et a échoué en raison des
lobbys. «Il y a eu de l’ingérence à tous les
niveaux», a-t-il dit. Il blâme l’UPA, les
détaillants et l’Ordre des agronomes.
Il cite
l’exemple des semences traitées aux pesticides. «Le
message de la recherche québécoise était très simple. Ce qui
aurait dû être véhiculé, c’est de ne pas utiliser ces
semences, car elles ne sont pas nécessaires», a-t-il
dit. Il fait plutôt état d’un travail de démolition de
l’Union des producteurs agricoles et des entreprises privées
pour dénigrer les résultats de la recherche publique.
Conséquences:
l’usage de ces semences s’est répandu et on tente de le
restreindre avec une réglementation «qu’on a toutes les
misères du monde à respecter», a-t-il déploré.
M. Robert a
précisé d’entrée de jeu ne pas être «motivé par la
vengeance». Il affirme qu’il y a déjà des méthodes
«sans coûts importants pour le producteur et qui sont
même rentables à court terme» pour réduire de façon
importante l’épandage des pesticides. «C’est
relativement simple, ce sont des méthodes connues depuis
longtemps. Mais c’est plus compliqué que d’arroser avec du
Roundup et de ne pas se casser la tête», a-t-il noté.
Il estime que
pour y arriver, il faut toutefois mettre fin aux
services-conseils rendus par des agronomes payés par les
distributeurs et les fabricants de pesticides. Ils
sont en situation de conflit d’intérêts, a-t-il déploré.
Par exemple: 15 agronomes qui ont prescrit 50% de
l’atrazine. «C’est un symptôme du problème», a-t-il
dit. Il demande également que la recherche sur les
pesticides soit 100% publique.
30
juillet 2019
Louis Robert retrouve son emploi et les mois de
salaires perdus
Victoire
sur toute la ligne pour le lanceur d’alerte congédié
par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation du Québec (MAPAQ). L’agronome
retrouvera son poste le 6 août 2019. Il obtient
même une compensation financière pour le préjudice
subi.
Les employés
du bureau du ministère de l’Agriculture à Saint-Hyacinthe
ont été informés par leurs supérieurs, mardi matin le 30
juillet 2019, que leur collègue Louis Robert a signé
une entente hors cour avec le gouvernement.
Selon nos
sources, le lanceur d’alerte obtient une réintégration dans
le même poste qu’il occupait, le versement des six mois de
salaires perdus durant son congédiement, ainsi qu’une
compensation pour le stress occasionné.
Dans le cadre
des négociations, le Conseil du Trésor a même offert à Louis
Robert de prendre sa pleine retraite, alors qu’il lui reste
trois ans d’exercice. Mais le fonctionnaire a refusé,
préférant retrouver son travail.
L’entente hors
cour met fin au processus d’arbitrage et tous les griefs
sont abandonnés.
Source
- La Société CBC/Radio-Canada
14
juin 2019
Blâme sévère contre le
Ministère de l'Agriculture du Québec
Le
gouvernement Legault redonnera son poste au lanceur
d’alerte Louis Robert, congédié en janvier, mais le
ministre André Lamontagne n’a pas voulu lui
présenter ses excuses jeudi après la publication
d’un rapport accablant de la protectrice du citoyen.
Mme
Marie Rinfret
conclut que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et
de l’Alimentation (MAPAQ) a commis une violation de
confidentialité majeure en dévoilant à plusieurs reprises
l’identité de l’agronome, allant même jusqu’à fournir le nom
de M. Robert au ministère chargé d’enquêter sur une fuite
dans les médias.
« Ce qu’on
a constaté, c’est une série de manquements qui ont perdu de
vue l’objectif ultime de la loi qui est la protection du
lanceur d’alerte », a signalé Marie Rinfret en
conférence de presse.
« Nous
savons bien que, si les gens n’ont pas confiance dans le
mécanisme de traitement des divulgations, ils choisiront de
garder le silence en dépit de l’importance de leur
divulgation pour l’intérêt public », a-t-elle ajouté en
soulignant la gravité de la situation.
Le lanceur
d’alerte Louis Robert a confirmé qu’il compte réintégrer ses
anciennes fonctions, malgré le préjudice qu’il a subi.
Il attend toutefois de connaître les conditions qui lui
seront proposées par le gouvernement. « Oui, ç’a été
difficile par moments, ça, c’est clair, a-t-il confié.
Mais quand t’es absorbé dans ton travail, tu oublies ça à un
moment donné. »
29 mars 2019 Le divulgateur Louis Robert
brise son silence et se présente à la présidence de l'Ordre des agronomes
Pour la première fois depuis son congédiement du ministère de l'Agriculture, le lanceur d'alerte (divulgateur) Louis Robert est sorti de son
mutisme, vendredi le 29 mars 2019, avec une proposition qui risque de chambouler le monde agricole. Les agronomes qui vendent des
pesticides ne devraient pas être les mêmes qui autorisent les producteurs agricoles à en faire l'usage.
Louis Robert, qui a annoncé qu'il brigue la tête de son ordre professionnel, fera de la notion de conflit d'intérêts le thème central de sa campagne.
L'ancien
fonctionnaire, qui jouit d'un appui populaire considérable, risque cependant de se heurter à une certaine résistance de la part de ses collègues, issus majoritairement du secteur
privé.
« Cette
impasse-là des conflits d'intérêts nuit à tout le monde. À l'image de l'agronome, aussi », a-t-il expliqué lors d'une mêlée de presse impromptue à Montréal, en marge du
Symposium sur les sols vivants où il donnait une conférence.
« J'espère que les agronomes vont rester dans l'actualité, mais pour
des nouvelles positives et que les gens éventuellement vont dire: ah ! Heureusement qu'ils sont là. J'aimerais vraiment qu'on soit à la défense de l'intérêt public »,
a-t-il ajouté.
Il y a environ 3 000 agronomes au Québec. Seulement 15% occupent des postes au sein des diverses fonctions publiques. Les autres sont notamment à l'emploi d'entreprises privées, de coopératives,
d'institutions financières, de groupes de producteurs ou d'Organismes à but non lucratif (
OBNL).
01 mars 2019
Agriculteurs et agronomes en combat: même poison, même profit
Les relations sont tendues entre l'Ordre des agronomes du Québec et l'Union des producteurs agricoles (UPA) : l'ordre professionnel accuse même les agriculteurs
de ne pas respecter toutes les règles.
Les deux organisations croisent le fer, dans la foulée de l'affaire
Louis Robert, cet agronome congédié par le ministère
de l'Agriculture du Québec pour avoir voulu alerter
l'opinion publique sur l'influence de l'industrie des
pesticides. Cette affaire a lancé un vaste débat
social sur l'usage des pesticides au Québec, qui
pourrait aboutir à une commission parlementaire.
Dans une
longue lettre ouverte parue jeudi le 28 février
2019, le président de l'Ordre,
Michel Duval, reproche aux agriculteurs d'épandre
des pesticides en bordure des cours d'eau et des fossés,
malgré la réglementation et les études contraires.
Au moindre ruissellement les pesticides aboutiraient
ainsi dans le cours d'eau à proximité. (référence
ici au texte de JosPublic)
« L'ignorance et le manque de formation (des
agriculteurs) ne peuvent être utilisés comme excuse
pour une mauvaise gestion de l'utilisation des
pesticides », écrit-il, en rappelant qu'il existe
pourtant un grand nombre de journées de formation et de
dépliants destinés aux agriculteurs.
Il accuse
l'UPA
d'être « en partie complice » du désengagement de
l'État québécois dans le conseil aux producteurs
agricoles, qui s'est traduit par une diminution de 33 %
du nombre d'agronomes à l'emploi du ministère de
l'Agriculture, de 2010 à 2018.
De son
côté, l'UPA « s'explique mal » la sortie de
M. Duval, selon
un communiqué diffusé vendredi le 1er mars 2019. Le
président de l'Ordre « blâme maladroitement » les
agriculteurs et l'UPA, de l'avis du président de l'UPA,
Marcel Groleau.
Les
caquistes blâment les libéraux pour le report
d'éventuelles consultations sur les pesticides, dans
la foulée de l'affaire Louis Robert, cet agronome
congédié par le ministère de l'Agriculture pour
avoir dénoncé l'influence indue de l'industrie des
pesticides sur la recherche.
L'opposition
libérale « dénature complètement » l'objectif de la
commission en voulant discuter aussi du lanceur d'alerte
Louis Robert, a accusé un porte-parole du gouvernement,
Marc-André Gosselin, attaché politique, dans un entretien
téléphonique. « Ça n'a pas de bon sens de tout
mélanger, les libéraux obstruent le déroulement des travaux »,
a-t-il poursuivi.
Le député péquiste
Sylvain Roy, à l'origine du mandat d'initiative demandé,
voulait que la commission examine « les impacts sur la santé
publique et l'environnement de l'utilisation de produits
chimiques tels que les pesticides dans les secteurs de
l'agriculture et de l'alimentation ».
Les caquistes
voulaient quant à eux que la commission se penche aussi sur
« les pratiques de remplacement innovantes disponibles »,
ainsi que sur le « respect de la réciprocité et de la
compétitivité du secteur agroalimentaire québécois ».
Le vote a été
reporté dans deux semaines, lors de la reprise des travaux
parlementaires, après la relâche. Plus tôt en matinée, des
élus caquistes avaient refusé d'entendre à la commission des
institutions Louis Robert. Majoritaires, les
caquistes ont voté contre une proposition qui était appuyée par
l'opposition. La proposition de mandat d'initiative sur la
question émanait du député indépendant
Guy Ouellette.
Le président du
Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ),
Richard
Perron, a également condamné le refus du gouvernement caquiste.
Louis Robert a
déposé deux griefs par le biais de son syndicat, un pour contester son congédiement et
demander sa réintégration avec pleine compensation, et un autre
pour demander réparation en raison d'une suspension qui
dépassait 30 jours.
M. Robert pourrait
aussi déposer sous peu une poursuite au civil pour diffamation,
mais le syndicat souhaite « que le gouvernement réfléchisse et
change d'avis » rapidement, avant de se rendre aux tribunaux, a
laissé entendre M. Perron.
Pendant toute sa carrière au ministère de
l’Agriculture, l’agronome Louis Robert
a tenté de fournir de l’information
objective aux agriculteurs du Québec.
On peut dire que c’était le dada de cet
homme congédié fin janvier 2019 pour le
péché capital d’avoir aidé un journaliste
dans une enquête.
De « l’information objective » ?
Il y a
beaucoup de vendeurs, en agriculture. Une ferme
est une PME qui fait affaire avec beaucoup, beaucoup,
beaucoup de fournisseurs.
Ces
vendeurs-là – d’équipement agricole, de fertilisants, de
semences, de services-conseils et d’engrais, par
exemple – donnent de l’information aux agriculteurs
quand ils débarquent dans leurs fermes. Est-ce de
la bonne information ?
Peut-être.
Mais quand le gars qui vous vend un produit est celui
qui vous informe sur le produit, il faut quand même
valider ailleurs…
30 janvier au 5 février 2019
Protection des
alerteurs et alertrices
Stéphane Giroux
« Chaque fois, on se retrouve dans une situation où la personne
qu'on attaque, c'est le lanceur d'alerte, sans se pencher sur la raison qui
pousse cette personne à dénoncer. »
« La loi est mal faite, affirme
Stéphane Giroux de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).
Elle n'a aucune
force. »
Il rappelle que
le rapport de la commission Charbonneau recommandait qu'on protège les
lanceurs d'alerte qui décident de parler aux journalistes pour mettre en lumière
des situations inquiétantes. Les François Legault, premier ministre,
Richard Perron du Syndicat des profesionnels.les du gouvernement du Québec SPGQ
et les partis d'oppositions à l'assemblée nationale semblent du même avis.
Le ministre caquiste
de l'Agriculture André Lamontagne a été
étroitement mêlé au congédiement du lanceur d’alerte Louis Robert. Dans
cette affaire, le ministre a commencé par dire que le congédiement était sa
décision, puis qu’il l’avait « personnellement autorisé », pour finalement
écrire sur sa page Facebook qu’il avait été informé de la décision.
31
janvier 2019
« Une chasse à l'homme quand le
lanceur d'alerte devient la cible »
Au lendemain de l'annonce du licenciement d'un lanceur
d'alerte, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
du Québec (MAPAQ) (sous la responsabilité du sous-ministre
Marc Dion) révèle avoir mis en place des mesures pour améliorer la
situation dans la recherche publique sur les pesticides, minée par
l'ingérence du privé dans les études et par la fuite de ses chercheurs. Les
révélations auraient donc été jugées suffisamment sérieuses.
Le Ministère dit avoir fait le nécessaire à la suite
des révélations contenues dans les documents transmis par son employé
Louis Robert, avant son congédiement. En 2017, le conseiller expert dans
le secteur des grains avait osé dénoncer, à l'interne, l'ingérence du privé
dans la recherche publique sur l'utilisation des pesticides.
Des chercheurs et ex-employés du
Centre de recherche sur les grains (CÉROM) dénoncent un climat de
« contrôle », de pressions et d’ingérence à propos de l’épineuse question
des pesticides néonicotinoïdes, a appris le journal Le Devoir. En deux ans, la moitié
des membres du personnel du centre, financé en majorité par Québec, ont
d’ailleurs démissionné.
Cinq chercheurs sont au nombre des
démissionnaires et une dizaine d’employés. Au total, neuf personnes ont
témoigné de leur profond malaise avec certains membres du conseil
d’administration, qui n’hésitent pas à faire connaître leurs positions
pro-pesticides au point de s’ingérer dans les travaux de recherche.
Plusieurs ex-employés du CÉROM ont tenté
d’alerter le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
du Québec (MAPAQ) dès 2013. Refusant toute demande d’entrevue, le MAPAQ
s’est dit « préoccupé par la situation » du point de vue de la gestion des
ressources humaines. Il a imposé certaines mesures conditionnelles à son
financement, renouvelé pour un an seulement plutôt que deux.
Déjà constatée en 2008 par la
Commission sur l’avenir de l’agriculture et
de l’agroalimentaire québécois (CAAAQ),
l’érosion graduelle du leadership du
ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et
de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) est au
cœur de la crise de confiance qui secoue
présentement le monde de la recherche sur
les pesticides et herbicides utilisés en
agriculture estime Guy Debailleur de l’Institut
Jean-Garon.
Quand une crise de grande ampleur frappe, il est tentant d'en attribuer la responsabilité à une conspiration de puissants.
Immédiatement nous viennent à l'esprit des images de salles de réunion enfumées remplies d'hommes (éventuellement de femmes) rusés, complotant pour en tirer profit aux dépens du bien commun et des faibles. Mais ces images sont des
illusions.
Pendant et après mon mandat de ministre de Finances de la
Grèce, les gens me demandaient: ! « Qu'est-ce que le Fonds monétaire International
(FMI)
attendait de la Grèce ? »,
«Les personnes qui étaient contre l'allégement de la dette avaient-elles une sorte d'agenda secret ? », « Étaient-elles à la solde de grands groupes ayant intérêt à pilonner les infrastructures de la
Grèce - ses aéroports, ses stations balnéaires, ses compagnies de téléphone et ainsi de suite ? » Ah, si seulement les choses étaient aussi simples.....
Crise au
Centre de recherche sur les grains
CÉROM
S'être mal
exprimé « dans le feu de l'action »!
Le cafouillage
nous a appris que sur le fond, le ministre de l'Agriculture
André Lamontagne cautionne le geste de faire perdre l'emploi à
une personne qui dénonce une situation pour le bien public même
lorsque la hiérarchie de la fonction publique se fait complice de
ce qu'il dénonce.
Ne nous laissons
pas attendrir par le revirement du ministre qui patauge dans les
excuses boiteuses. Spontanément, il a agi selon sa
conscience et il ne cautionne pas les alerteurs. C'est
dans la spontanéité que l'on se dévoile. Nous savons donc
qu'il est capable de s'approprier un rôle qu'il n'a pas et de suivre bêtement les conseils manipulateurs de ses agents
de communication.
(mis à jour le 9
février 2019)
François Legault
n'a pas été plus fort dans les circonstances. Lorsqu'il dit "qu'il n'est pas achetable", je crois
qu'il se croit. Il ne se rend peut-être pas compte qu'il
est déjà vendu ou inféodé, que toutes ses fibres positives et
celles de son ministre sont tendues vers l'entreprise privée. Son
histoire
(cliquez ici) démontre bien sa volonté de toujours
diminuer la taille de la fonction publique, donc de la gestion
du bien commun au profit du secteur privé de l'économie. Cela fait de lui un "imbriqué" dans le
monde des affaires, dont la principale valeur est le profit, la
famille pour partager le profit, la police et l'armée pour
défendre le profit contre ceux qui
voudraient se l'approprier. À ce sujet, lire l'excellent
texte sur Les imbriquéspar Yanis Varoufakis,
ex-ministre de la Grèce.
Comparé au
Dr
Couillard et
à Jean Charest, ces légers psychopathes qui ont sévi
sur le Québec trop longtemps, M. Legault se différencie par sa
vision nationaliste du Québec et par le fait qu'il a bien
compris qu'un minimum de partage de la richesse est nécessaire pour atteindre l'objectif d'indépendance du
Québec qui l'a motivé toute sa vie d'adulte.
La seule
qualité que je lui reconnais, ainsi qu'à son ministre de l'Agriculture c'est d'être capables de
rétropédaler lorsque leur vélo n'a plus de frein avant.
C'est un bon point sur la forme.
Pour le fond, il faut s'attendre
à ce que des gens d'affaires élus.es au gouvernement n'aient pas un penchant naturel
très développé pour la fonction publique et la protection du bien
public (par exemple:
Alexandre Moreau, l’un des nouveaux conseillers politiques du
ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a ouvertement
critiqué la gestion de l’offre lorsqu’il travaillait pour
l’Institut économique de Montréal (IEDM), allant même jusqu’à
proposer son abolition).
Voilà une position encore plus anti bien
public que ne l'aurait soutenu Jean Charest lui-même. (source La Terre de Chez Nous, 10
janvier 2019)
Quant au fond du
problème, il est occulté par les médias et la majorité des députés qui
sont d'obédience conservatrice et protecteurs du secteur privé de
l'économie.
Même Québec Solidaire ne dit mot de cette
érosion du leadership du MAPAQ
qui est au coeur du problème. Le Parti Libéral du Québec avec les
ministres de l'Agriculture
Laurent Lessard et
Pierre Paradis a privatisé plusieurs activités au sein du
ministère, voilà donc la source de tout ce brouhaha.
Après s'être époumoné sur la loi des divulgateurs, il faudra bien parler
et corriger cette privatisation qui a eu lieu en douce. En effet le
CÉROM devrait être une responsabilité développée et gérée par le
Ministère de l'Agriculture et les participants actuels
reconnus comme des partenaires à consulter.
Maintenant, nous attendons le rapport de la
Protectrice
du citoyen.
Choix de photos, fusion de textes, mise en page, références et titrage par :
JosPublic
Mise à
jour le 26 septembre 2019