Pierre-Karl Péladeau:
mieux connaître le phénoménal phénomène!
La
présentation de l'homme est dans cette chronique, car son
parcours est loin d'être d'une éthique exemplaire. Voici le
cheminement
d'un homme d'affaires pugnace dont l'enfance difficile dans
un monde de riches aux valeurs contradictoires l'a jeté dans
les bras d'un communisme théorique. Plus tard désabusé, il
fera la promotion de son contraire. Homme instruit sortant
des plus grandes écoles en droit et en philosophie, il est
devenu libertarien et populiste. À partir de 2014 et de son
implication en politique, nous ne pouvons que lui souhaiter
et nous souhaiter qu'il ne prenne pas la même route que
Sylvio Berlusconi, magnat des médias et ex-dirigeant du
gouvernement italien. Prendra-t-il le rôle d'un homme
d'affaires
ubuesque, d'un dictateur à la
Citizen Kane ou d'un sauveur démocrate? Fin novembre
2014 il annonce sa candidature en tant que chef du Parti
Québécois. Ci-dessous, vous
trouverez un amalgame de
textes qui le décrivent et nous permettent de mieux le
connaître. Important puisqu'il risque d'être dans le paysage
politique pour une quinzaine d'année, dit-il.
De l’âge de 8 à 16 ans, celui qui s’appelait tout simplement Carl – avec un C, pas un K – n’a pas vécu avec ses parents. « Mon père bâtissait son empire et ma mère était très malade », laisse-t-il tomber sobrement.
Péladeau père conclut donc une entente avec une famille qu’il connaît bien : les Laframboise, qui habitent à Cartierville. La famille, qui compte six enfants, hébergera Pierre Karl pendant ces huit années. « Pierre-Karl, je l’aime comme un fils », dit Marie Laframboise.
Ce séjour dans une « famille tissée serré, où régnait une grande joie de vivre », a été marquant, dit Pierre-Karl Péladeau. « C’était un enfant agréable, un beau caractère. Il aimait relever des défis. » Le jeune Pierre-Karl fait du ski de compétition avec les enfants Laframboise la fin de semaine. Quand il n’arrive pas dans les cinq premiers, il se fâche, raconte Mme Laframboise en riant.
Il va en autobus au Collège Stanislas où il est dans la même classe que Joseph Facal, qui deviendra ministre du Parti québécois. Régulièrement, il va voir son père, qui habite à Sainte-Adèle. Puis, à 16 ans, il va vivre seul dans un studio en face du Collège Jean-de-Brébeuf, qu’il fréquente. Un peu jeune pour vivre en solo ? « Je me suis toujours débrouillé pas mal tout seul », dit-il.
Cette étrange enfance a fait de Pierre Karl Péladeau un homme extrêmement attaché à sa famille.
Ceux qui le connaissent racontent à quel point il adore ses enfants. « Son bureau a l’air d’un CPE ! C’est plein de dessins et de photos de famille », dit Michel Nadeau, maintenant à l’Institut sur la gouvernance des organisations publiques et privées.
Michel Nadeau
Chaque année, le redoutable patron passait l’Halloween avec ses enfants. Pierre Karl portait invariablement le même déguisement que Thomas, qui a aujourd’hui 8 ans, et Julie Snyder était vêtue comme Romy, 5 ans. Un ami qui les a invités à prendre un verre lors d’une de ces tournées de bonbons n’en revenait pas. « J’ai un PDG déguisé en superhéros dans mon salon! »
Pierre-Karl Péladeau, raconte Bernard Bujold
biographe de Pierre Péladeau
( 01 ) a fait des études au
collège Jean-de-Brébeuf où il animait
ponctuellement une émission de la radio
étudiante.
On dit qu'il y lisait des
extraits du Journal de Montréal. C'était
audacieux, car à Brébeuf on préférait Le
Devoir. Son premier emploi d'été en 1975 fut
celui de photographe au Journal de Montréal,
comme Érik, son frère, qui fut lui aussi
photographe au Journal à un autre moment.
Au début des années 80, quand il entre en philosophie à l'université de Montréal, comme son père. Péladeau fils a un excès de révolte contre son riche papa et sa famille : il s’en va vivre dans un appartement miteux de la rue Saint-Dominique à Montréal avec Charles Landry, qui est ironiquement le rejeton de
Roger D.
Landry, à l’époque éditeur de La Presse. Ils ont pour tout ameublement deux matelas posés par terre, une table de cuisine léguée par un précédent locataire et un grille-pain.
« C’était infesté de coquerelles et on gelait l’hiver, raconte Landry. On se prenait pour des communistes. On avait passé à travers 150 pages du Capital de Marx, et on avait trouvé ça ben correct. »
Les deux potes ont établi leur quartier général au Café Campus et distribuent des tracts sans vraiment être des militants.
Pierre-Karl ne voulait rien savoir de l'argent de son père. Ce ne sont pas les paternels qui paient les 220 $ de loyer : Péladeau travaille au Big Boy, un resto de burgers "greasy spoon" près de l’oratoire Saint-Joseph dans le quartier Côte-des-Neiges. « Il a commencé laveur de vaisselle et ensuite, a eu une promotion comme serveur », rigole Landry.
Pour ses 18 ans, le 16 octobre 1979, son
père avait organisé une petite fête en son
honneur au club Saint-Denis. Pierre-Karl se
leva devant le groupe et lança: «Vous êtes
tous des bourgeois! Je ne veux rien savoir
de vous autres. Laissez-moi tranquille.»
Son père lui répondit: «Tu es libre, mais
si tu changes d'idée tu seras le bienvenu!»
En 1982, à l'âge de 21 ans, Pierre-Karl
décida de partir pour la France et il
s'inscrivit à la maîtrise en philosophie à
l'université de Paris VIII-Vincennes. Il s'isola dans
ses études, mais garda contact avec sa soeur
Isabelle à Montréal.
«
Là-bas, je me suis rendu compte que je n’étais pas de calibre. Mes confrères de classe lisaient Kant dans le texte, en allemand ! Alors je me suis enfermé dans ma chambre et j’ai lu mes classiques. -
Pierre Karl Péladeau
»
Il revient finalement à Montréal pour étudier le droit. Là, il empruntera le chemin que son père avait tracé pour lui et entre chez Québecor.
En octobre 1983, le jour de son anniversaire, son
père débarqua à Paris et l'invita au
prestigieux restaurant Maxim's. Ce fut alors
une sorte de réconciliation, selon ce qu'en
disait Pierre Péladeau.
Pierre-Karl s'inscrivit ensuite en droit à
l'université Panthéon-Assas Paris II.
Il
poursuivit ainsi ses études jusqu'en 1985
pour ensuite revenir à Montréal et
travailler chez Québecor, tout en terminant
ses études en droit et en préparant son
barreau.
C'est à cette époque qu'il comprit
la valeur de Québecor et, surtout, le
potentiel de l'entreprise.
Pierre Péladeau était très fier de son fils
et il voyait d'un bon oeil que ses enfants
s'intéressent à l'entreprise.
À la fin des années 1980, Québecor
commençait à s'imposer et les acquisitions
se multipliaient. Les
plus remarquables furent très certainement
l'achat de la papetière Donohue en 1987 et
l'acquisition des imprimeries Ronalds
printing de Bell Canada (BCE) en 1988,
opération qui amena Charles Cavell dans les
rangs de Québecor.
Siège social de Quebecor tel qu'en 2009
C'est à ce moment, en
1988, que fut lancé le quotidien The Montreal Daily News.
Bien que Québecor eût entre-temps mis la
main sur une série d'imprimeries hors
Québec, l'acquisition des ateliers Maxwell Graphics en 1990 fit de la société de
Péladeau un imprimeur majeur aux États-Unis.
Aux prises avec de sérieuses difficultés
financières, Robert Maxwell n'arrivait même
plus à s'acquitter des dettes qu'il avait
accumulées auprès du fournisseur de papier -
Donohue - dont il était le copropriétaire.
Dès le 30 octobre 1989, Québecor annonça
l'achat de Maxwell Graphics pour 510
millions de dollars en argent comptant.
Robert Maxwell en avait grandement besoin,
mais ce n'est que quatre mois plus tard en
1990, que la transaction fut scellée.
La
contribution de la Caisse de dépôt et
placement du Québec, qui permettrait plus
tard à Québecor de mettre la main sur
Vidéotron, s'élevait à 115 millions de
dollars. À l'issue de négociations
multilatérales avec les grandes banques,
Pierre-Karl Péladeau, dont c'était la
première grande victoire, réunissait le
reste du demi-milliard nécessaire.
En 1991, un an après l'acquisition de
Maxwell Graphics par Québecor et quatre ans
après celle de Donohue, on retrouva la
dépouille de Robert Maxwell au large des
îles Canaries, noyé à proximité de son
luxueux yacht.
Les circonstances troubles de
sa mort laissèrent courir plusieurs
hypothèses. On prétendit qu'il s'était
suicidé, préférant mourir que de faire face
à la déchéance qui aurait suivi
l'effondrement de Pergamon, véritable
coquille vide gonflée par l'habileté
qu'avait Maxwell à convaincre les banquiers
de sa solvabilité.
Les journalistes Gordon
Thomas et Martin Dillon étayèrent dans un
livre une théorie controversée selon
laquelle l'homme d'affaires aurait été un
agent du Mossad, les services secrets de l'État
d'Israël.
Toujours selon cette théorie,
Robert Maxwell aurait été assassiné par le
Mossad après avoir menacé l'organisation de
révéler certains de ses secrets.
Étonnamment, Québecor ne perdit rien lors du
scandale financier entourant la mort de son
partenaire financier.
Si banquiers et
investisseurs y laissèrent leur chemise,
Pierre Péladeau ne retira que des gains de
son association avec Robert Maxwell. À sa
mort Québecor racheta sa participation dans Donahue
à un prix fort compétitif.
Feu
Robert Maxwell, quant à lui, avait perdu son
investissement dans le Montreal Daily News,
un quotidien anglophone lancé par Québecor.
Pierre Péladeau ne s'était pas fait rouler
par cet «Anglais» qui avait mystifié les
plus grands de ce monde.
De son côté, Pierre-Karl était un travailleur
infatigable qui restait très tard la nuit pour
négocier, sans manger ni boire.
Journal anglophone à Montréal lancé et plus
tard fermé par Québecor
Cet acharnement n'est
pas sans rappeler les méthodes utilisées par
Brian Mulroney, lorsqu'il négociait à titre
d'avocat des conventions collectives pour
ses clients dans les années 1970.
L'opération de Pierre-Karl permit d'ajouter
14 usines d'imprimerie, ce qui plaça
Québecor au deuxième rang des imprimeurs en
Amérique du Nord. C'est à ce moment que
l'empire prit véritablement forme.
Assez étrangement, c'est aussi à partir de
ce moment que les relations entre le père et
le fils ont recommencé à se détériorer, du
moins verbalement.
C'était un peu comme si les succès du fils faisaient craindre au père d'être éjecté de son siège. Pierre Péladeau contestait presque toujours la manière de faire de son fils. Il prétendait qu'il avait encore beaucoup à apprendre, malgré ses succès.
En octobre 1993, lors du colloque sur les entreprises
familiales, Pierre Péladeau avait
inscrit dans son texte mon allusion à K.C.
Irving, qui n'avait pas lâché son entreprise
même à 90 ans et il avait rajouté: «Je suis très
fier des performances de mes fils Érik et
Pierre-Karl, mais je n'ai surtout pas
l'intention de quitter ma chaise.»
Certains journalistes ont rapporté que ce
discours avait profondément troublé
Pierre-Karl qui voulait tout abandonner.
La famille
de Pierre Péladeau: Anne-Marie, Isabelle,
Marie-Pier (fille d'Anne-Marie), Esther, Simon-Pierre, Érik, Daphné et Didier
(enfants d'Érik) et Pierre-Karl.
Après le décès
de son père, Pierre-Karl
Péladeau était l'héritier en ligne pour assurer la relève,
en compagnie de son frère Érik. Le testament n'a jamais été
lu en dehors de la famille, mais on sait que le fondateur
leur a
légué à parts égales les actions votantes majoritaires de
Québecor appartenant à la famille, soit 66,24% des droits de
vote en date du 6 février 2002.
Érik Péladeau
n'a pas du tout la même personnalité que son frère et il
n'est pas surprenant que les deux se soient très bien
entendus sur le partage des pouvoirs, et ce, sans aucun
conflit.
Pierre-Karl
Péladeau est un gestionnaire beaucoup plus cartésien que son
père, mais il a hérité de son énergie. Comme son père, il
parcourt à la nage 50 longueurs de piscine chaque matin au
Sporting Club de sa résidence du Sanctuaire à Montréal. À
l'instar de son père qui disait avoir été champion au
tennis, Pierre-Karl est très habile dans les sports. Il a
longtemps affiché sur son bureau du 612 de la rue
Saint-Jacques Ouest une photo de lui le représentant en
train de faire du ski nautique.
Sanctuaire à
Montréal
Pierre-Karl était certainement
celui que son père voulait voir occuper le
siège de président de ses entreprises. Le
problème est qu'il ne lui a jamais vraiment
confirmé le poste de son vivant et qu'en
plus il le maintenait sur la corde raide en
s'opposant à ses idées et à ses méthodes de
gestion.
Contrairement à son père, Pierre-Karl n'a
jamais voulu être à l'avant-scène
médiatique.
Je me souviens, explique Bernard
Bujold, ex-secrétaire de Péladeau père,
lorsque j'avais à travailler avec
Pierre-Karl, il me disait toujours: «
La vedette c'est mon père! moi, je ne suis
pas un acteur.»
Peut-être changera-t-il d'opinion un jour,
mais il ne se voit pas comme un patron de
presse. Il a une façon industrielle
d'aborder les choses.
Pierre-Karl et Pierre Péladeau
Pour PKP, comme on le
surnommait familièrement à l'époque, il
importe davantage de maximiser les retombées
économiques des journaux et des imprimeries
que de véhiculer un message nationaliste
comme son père l'a toujours fait.
Pierre-Karl devait normalement attendre
quatre ou cinq ans après la mort de son père
avant de prendre la direction de l'empire.
Je me rappelle, juste avant mon départ, en
janvier 1998, que quelqu'un de la direction
m'a dit que l'on «materait» le jeune PKP et
qu'il allait devoir attendre et apprendre à
vraiment faire des affaires.
J'ai alors
répondu que c'était bien mal évaluer la
situation et surtout le talent de
Pierre-Karl.
Effectivement, moins de 15 mois plus tard,
au début de 1999, Pierre-Karl Péladeau
devint président et chef de la direction de
Québecor. Le jeune dauphin a évalué les
adversaires en lice et dans un style dont
son père aurait été fier, il s'est levé et
il s'est emparé du fameux siège tant
convoité de président.
Pierre-Karl Péladeau a un style de direction
plus moderne que celui de son père. Il
voyageait beaucoup à son arrivées
à la présidence.
Il se déplace moins
aujourd'hui, mais il se tient toujours
informé des affaires internationales. Il
parle plusieurs langues: le français,
l'anglais, l'allemand, l'italien et
l'espagnol. Pierre-Karl ne se permet pas de
familiarités envers ses interlocuteurs et il
est très direct en affaires.
Sur le plan
personnel, il est plus sympathique, mais il
ne faut pas lui parler d'affaires.
Pierre-Karl affiche plus son côté
intellectuel que ne le faisait son père. Il
se sent à l'aise de montrer son savoir et
peut tenir une discussion avec des
universitaires ou avec des gens de la haute
finance. Il connaît suffisamment ce domaine
pour tirer son épingle du jeu avec les
experts. Pierre-Karl Péladeau n'est
certainement pas un faible ni un trouillard,
mais il est parfois timide. On ne lit pas en
lui comme en un livre ouvert.
Son enfance n'a pas été facile, pas plus que
pour son frère Érik et ses soeurs Isabelle
et Anne-Marie. Pierre-Karl a vécu un certain
temps chez la famille de Raymond et Marie
Laframboise, ce qui lui a permis d'acquérir
une forme d'indépendance vis-à-vis de son
père.
Même si Pierre-Karl n'aime pas être
identifié à son père, il a plusieurs points
en commun avec lui, ce qui explique pourquoi
les deux hommes étaient toujours en
compétition. Cette compétition expliquerait
le désir pressant qu'a aujourd'hui
Pierre-Karl d'imposer sa propre marque à
Québecor et de faire oublier qu'il est
l'hériter du fondateur.
Il veut prouver qu'il est aussi capable de réaliser de grandes choses. C'est malheureux, mais à cause de ce
sentiment, immédiatement après le décès de
Pierre Péladeau, certaines oeuvres comme l'Orchestre métropolitain
de Montréal ont
été rapidement abandonnées.
Je me rappelle, nous dit Bernard Bujold, que
Pierre-Karl avait demandé que Québecor
participe à la campagne de financement de
La
La La Human Steps, troupe de danse que je
trouvais moi-même très intéressante.
Pierre Péladeau
Pierre Péladeau s'était presque fâché. Il m'avait répondu: «Monsieur Bernard, vous me faite
perdre mon temps!»
Une autre différence entre le père et le
fils se trouve dans leur allégeance
politique. Pierre-Karl est apolitique,
explique le biographe au moment de
l'écriture de ce texte, et il dit qu'il fera
en sorte de ne pas être au pays le jour des
élections.
Depuis sa venue à la direction de Québecor,
Pierre-Karl Péladeau a poursuivi les
acquisitions. Il s'est fait remarquer par
son audace et sa témérité.
La première transaction importante fut sans
aucun doute la fusion de Sun Media avec
Québecor à la fin de 1998. L'entente fut
signée le 9 janvier 1999 à Toronto entre
Paul Godfrey, grand patron de Sun Media, et
Pierre-Karl Péladeau qui était accompagné de
Charles Cavell.
C'est à la suite d'une offre
d'achat hostile en octobre 1998 par Torstar
(Toronto Star), entreprise rivale
( 02 ), que
Québecor devint propriétaire de la totalité
des actions. Malgré l'échec de son père en
1996, Pierre-Karl a réussi à s'imposer à
Toronto en grande partie grâce à Charles
Cavell qui avait conservé ses
contacts avec Godfrey.
La nouvelle filiale, Corporation
Sun Media
( 03 ), permettait alors à Québecor
d'augmenter considérablement ses journaux et
de centraliser la gestion des ses
publications, en plus d'occuper une place de
choix dans le marché ontarien.
Une deuxième acquisition de grande
importance fut l'achat de l'imprimerie
américaine World Color Press en 1999.
Cette
transaction atteignit 2, 7 milliards de
dollars américains et créa une nouvelle
entité.
Québecor World devint par le fait
même le plus grand imprimeur au monde,
devançant le compétiteur américaine Donnelley.
Québecor World comte environ 40
000 employés et plus de 160 usines partout
dans le monde. Les activités sont liées
entre elles par un même site virtuel à
partir de la Suisse.
Toutes les commandes de
papier, d'encre et de machines sont
regroupées à partir de ce site, ce qui
permet d'obtenir une meilleur synergie, de
meilleurs prix et, par conséquent, une marge
de profit accrue. La vente de la participation de Québecor
dans Donohue et la fusion des activités en
avril 2000 a été une autre opération
financière d'envergure qui tournait la page
sur une époque importante de l'histoire de
l'empire Québecor. Il s'agissait cependant
d'un délestage plutôt que d'une nouvelle
acquisition. C'est Abitibi-Consolidated qui
est devenu le nouveau propriétaires des
usines de Donohue.
Mais c'est sans contredit l'acquisition de
Vidéotron qui a transformé l'importance de
Québecor au Québec. La transaction, réalisée
à la fin de mars 2000, lia Québecor inc. et
Capital Communication et 31,4% en actions
échangées en Bourse.
Cette offre d'achat était audacieuse, car le
prix payé de 49$ par action de Vidéotron
était de beaucoup supérieur à l'offre de
Rogers.
L'ensemble de l'actif en communication a été
intégré à la nouvelle entité qui comprend
Vidéotron Cable, Sun Media, Tva, les
magazines de Québecor, ainsi que les
éléments d'actif internet Canoe, Netgraphe
et Informission.
Pierre-Karl Péladeau est aujourd'hui à la
tête d'un empire dont les revenus annuels
dépassent les 12 milliards de dollars selon
les chiffres de décembre 2002. Comme le
mentionne la capsule des communiqués de
presse de l'entreprise, celle-ci exerce ses
activités partout en Amérique du Nord, en
Europe, en Amérique du Sud et en Asie. Elle
exploite cinq secteurs d'activité: l'édition
de journaux, de magazines et de livres, la
vente et la distribution de disques, la
télédiffusion, le multimédia et
l'imprimerie. Québecor compte près de 60 000
employés dispersés dans quinze pays.
Du petit atelier d'imprimerie du Journal de
Rosemont sauvé de la faillite en 1950 par
Pierre Péladeau, grâce à un prêt de 1500$ de
sa mère Elmire, le rêve a dépassé les plus
grandes espérances. Il a fallu un
demi-siècle pour que l'entreprise québécoise
s'affirme et dépasse les frontières.
Fils du fondateur, Pierre-Karl Péladeau,
est né 11 ans après le début de l'aventure,
mais il se trouve aujourd'hui à la barre
d'une des plus importantes créations
industrielles de notre époque.
Le rêve de Pierre Péladeau était de faire
oublier la faillite de son père et de
prouver, entre autres à sa mère, qu'il était
un meilleur homme d'affaires. il a gagné son
pari. C'est maintenant au tour d'un de ses
fils d'entrer en scène et d'essayer de
montrer que l'aventure se poursuit.