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Sainte-Sophie: la
faune menacée par une «soupe de contaminants»
Louis-Pierre LAFORTUNE impliqué dans ce dossier
9 août 2018 - Extrait La Presse |
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Le policier Sylvain Lacroix,
qui était chef d'équipe au
Service des produits de la
criminalité à l'époque des
faits, est venu décrire à la
Cour comment son équipe avait
suivi des camions de sols
contaminés à partir d'un
chantier de décontamination
lavallois jusqu'à une terre
agricole non exploitée à
Sainte-Sophie, près de
Saint-Jérôme, le 25 mai 2016. |
La
Sûreté du Québec a fait faire sa
propre analyse du sol, en demandant
l'aide des experts du ministère de
l'Environnement. Ceux-ci ont
produit un rapport qui révélait une
contamination alarmante du site par
des produits toxiques.
« |
J'ai accroché sur une phrase,
monsieur le juge : le résultat qu'on avait, c'était que certains animaux
pourraient subir des mutations
Sylvain Lacroix
enquêteur pour la
SQ. |
» |
C'est ce qu'a révélé
l'enquêteur de la Sûreté du Québec qui
témoignait, mardi le 7 août 2018, au palais
de justice de Saint-Jérôme, dans le cadre du
procès des entreprises
Gestion OFA Environnement et
Remblais ATL.
Les deux sociétés sont accusées d'une
infraction à la Loi sur la qualité de
l'environnement pour avoir déposé des sols
contaminés sur une terre agricole de
Sainte-Sophie, dans les Laurentides.
« Pour que je puisse semer du foin »
|
Ci-dessus, le garage
de Jean-Raymond
Bélisle.
Est-ce le garage où
il exerce sa
profession ?
Ou est-ce une façade
pour un autre fond
de commerce ?
Plusieurs questions
intriguent les
policiers | |
Jean-Raymond Bélisle, garagiste de
profession qui possède la terre où les
déversements ont eu lieu, est venu expliquer
au tribunal qu'il avait accepté des
chargements de terre et de roche depuis
1974 pour remblayer son terrain et tenter de
le mettre à niveau.
« C'était pour que ça devienne égal, pour
que je puisse semer du foin, de l'avoine »,
a-t-il dit.
En 2016, Martin Archambault,
dirigeant de Remblais ATL, est venu lui
proposer de lui apporter de la terre.
« Il était venu voir le terrain et il a
dit qu'il y avait de la place pour mettre
plusieurs voyages. Il n'y avait pas
d'argent là-dedans. Moi, je ne payais
pas et lui, il ne payait pas », a
expliqué M. Bélisle. Il jure avoir dit
qu'il ne voulait « pas de terre
contaminée ».
Mais il n'a jamais gardé de
preuve écrite de ce qui était
livré chez lui, n'a jamais
demandé de voir des analyses
de sols avant d'accepter un
chargement.
Des prix imbattables
Les camions que la police avait
suivis jusqu'à Sainte-Sophie le
25 mai 2016 avaient été remplis
sur le site fortement contaminé
d'une ancienne station-service,
à l'angle des boulevards Laval
et de la Concorde, à Laval. |
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Un consultant en environnement qui était
chargé de réhabiliter le site, et dont
l'identité est protégée par une ordonnance
de non-publication, est venu raconter
comment il en était venu à confier ses sols
excavés à Gestion OFA Environnement. Il
a dit avoir été appelé au début du mois de
mai par Louis-Pierre Lafortune,
ancien associé des
Hells Angels qui a déjà été reconnu
coupable de complot en vue de recycler les
produits de la criminalité. En 2016,
M. Lafortune était responsable du
développement des affaires pour Gestion OFA
Environnement.
« M. Lafortune m'a dit : "On travaille
seulement dans les règles de l'art." »
Le témoin a raconté que Louis-Pierre
Lafortune lui proposait de prendre en charge
le transport et la disposition des sols
contaminés pour 28,50 $ la tonne, un prix
imbattable, beaucoup moins cher que ceux
de la concurrence.
Des acteurs connus des policiers
L'entreprise Gestion OFA Environnement, dont
l'acronyme signifie «Opportunité, Fiabilité,
Avenir», a été enregistrée en mars 2014 par
Hermel Couture, ferrailleur de Saint-Esprit,
dans Lanaudière. Au siège social, dans
l'arrondissement
Anjou de la ville de Montréal, le
responsable des opérations est le neveu de
M. Couture, Jean-François Boisvert, 38 ans,
condamné pour extorsion en 2009 et toujours en
attente de procès dans une affaire de fausses
factures dans l'industrie de la construction. |
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Remblaiement par des terres contaminées |
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M. Boisvert s'était adjoint jusqu'à
récemment les services d'un consultant très
branché dans l'industrie de la
construction : Louis-Pierre Lafortune,
ancien partenaire d'affaires des Hells
Angels, actuellement en appel d'un verdict
de culpabilité pour complot en vue de
recycler les produits de la criminalité.
En juillet 2018, lorsqu'il a été libéré de
prison dans l'attente de l'audition de son
appel, M. Lafortune a dû s'engager devant la
cour à ne pas entrer en contact avec des
gens ayant des antécédents judiciaires ou
des causes criminelles pendantes, «sauf
dans le cadre de son emploi chez Gestion OFA
Environnement».
Plusieurs sources de l'industrie se disent
impressionnées par la croissance fulgurante
de l'entreprise et sa capacité à casser les
prix de plus de 50 % (OFA conteste
vigoureusement ce chiffre, mais dit
effectivement offrir de meilleurs prix que
la concurrence). Certains concurrents,
placés en difficulté par la perte de
contrats importants, auraient été contactés
pour vendre leur entreprise à OFA, qui
participait à plusieurs chantiers
importants, dont celui du nouveau pont
Champlain.
Personne n'est accusé au criminel dans cette
affaire. En vertu de la Loi sur la qualité
de l'environnement, les deux entreprises
s'exposent chacune à une amende de 30 000 $
si elles sont reconnues coupables.
ICI pour plus de détails
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L'homme d'affaires Louis-Pierre Lafortune accusé d'avoir fraudé l'impôt
12 octobre 2017 |
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Treize ans après les
faits, une enquête conjointe de la Gendarmerie royale du
Canada (GRC) et de Revenu Canada a permis de déposer des
accusations criminelles contre un personnage central de la
commission Charbonneau, l'homme d'affaires Louis-Pierre
Lafortune, qui aurait fraudé l'impôt de plusieurs millions
de dollars lorsqu'il est devenu vice-président de Grues
Guay, la plus importante entreprise de grues au Canada.
Des
accusations de fraude à l'endroit du gouvernement et
d'infractions criminelles en vertu de la Loi sur l'impôt sur
le revenu ont été déposées au palais de justice de Laval
contre Lafortune et son ancien partenaire d'affaires,
Yannick Payette.
Les enquêteurs
de la police et de l'Agence du revenu du Canada
(ARC) ont mis des années à suivre la trace de la fortune
des deux hommes.
Tous deux sont
accusés d'avoir caché des revenus personnels de
3,3 millions$ et des revenus d'entreprises de 14 millions$
générés lors de la vente de cinq entreprises québécoises de
location de grues sous leur contrôle. Les entreprises
avaient été avalées en 2004 par le géant Grues Guay, qui
n'est pas visé par l'enquête. Lafortune était ensuite
devenu vice-président de Grues Guay
jusqu'à son arrestation en 2009 dans le cadre de l'opération
policière Diligence, qui visait à contrer l'infiltration
du crime organisé dans l'industrie de la construction.
Louis-Pierre
Lafortune a été reconnu coupable de complot en vue de
recycler les produits de la criminalité à la suite de
l'enquête Diligence. La juge Johanne St-Gelais l'a
condamné récemment à une peine de 12 mois à purger dans la
collectivité. Dans sa décision, elle note que M.
Lafortune dit avoir eu la vie difficile depuis sa première
arrestation. «À la suite des accusations, son
rythme de vie a considérablement diminué. Les voyages, les
activités mondaines, l'accès à un hélicoptère font partie du
passé», note-t-elle.
Le principal
intéressé fait appel du verdict de culpabilité dans ce
dossier. Pour le moment, aucune date n'a été fixée
pour le procès.
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À gauche: Louis-Pierre Lafortune accompagné d'un enquêteur policier |
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Déclaré coupable
par jury
1er
juillet 2016 |
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Le 1er juillet 2016, après 14 mois de procès et 9 jours de délibérations, un jury a reconnu M. Lafortune coupable de complot pour recyclage des produits
de la criminalité. Lui et ses quatre coaccusés, Daniel Lafond, Guy Drouin, Roberto Amato et Jerry Purdy, ont immédiatement été incarcérés.
Ce verdict au procès de l'opération Diligence qui devait faire la lumière sur l'infiltration d'un membre important du crime organisé dans l'industrie
de la maçonnerie au Québec.
Guy Drouin:
Reconnu coupable de gangstérisme, recyclage des produits de la criminalité et complot pour recyclage. La poursuite demandait 42 mois de pénitencier.
La défense demandait le temps fait ou une peine à purger dans la collectivité.
Peine : six mois à purger dans la collectivité.
Daniel Lafond :
Reconnu coupable de gangstérisme, recyclage des produits de la criminalité et complot pour recyclage. La poursuite demandait deux ans moins un
jour de prison. La défense demandait le temps fait.
Peine :
le temps fait, qui comprend une dizaine de mois de détention préventive.
Roberto Amato:
Reconnu coupable de gangstérisme, recyclage des produits de la criminalité et complot pour recyclage. La poursuite demandait six ans de pénitencier.
La défense demandait une peine à purger dans la collectivité.
Peine : 16 mois de prison. Mais en soustrayant la détention préventive, il lui reste six mois à purger.
Jerry Purdy :
Reconnu coupable de recyclage des produits de la criminalité et complot pour recyclage. La poursuite demandait deux ans moins un jour.
La défense demandait le temps fait.
Peine:
Deux ans de probation car il n'avait tiré aucun bénéfice de son crime.
Louis-Pierre Lafortune
a été déclaré coupable sur le chef 1 (complot en vue de recycler des produits de la criminalité). Peine:
douze mois d'emprisonnement dans la communauté. Lafortune de qui on attendait les plaidoiries
sur la peine, a plutôt annoncé son intention de renouveler sa requête en arrêt et abus de procédures, et d'y ajouter des éléments de la décision
de la Cour suprême, appelée
arrêt
« R. c. Jordan ». |
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Roberto
Amato |
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Jerry
Purdy | |
M. Lafond, Drouin, Amato et Purdy ont reçu leur peine ces derniers jours. Dans la fixation de leur peine, la juge St-Gelais a tenu compte de plusieurs facteurs, y compris l'arrêt sur les délais rendu le 8 juillet 2016 par la Cour suprême. Seul M. Amato est encore détenu. M. Lafortune a été libéré après la décision de la Cour d'appel d'accepter d'entendre sa demande de renversement du verdict de culpabilité.
MM. Lafond, Amato et Drouin ont aussi annoncé leur intention d'en appeler de leur verdict de culpabilité. De son côté, la poursuite pourrait également faire appel de verdicts d'acquittement et de peines dans les 30 jours.
Louis-Pierre Lafortune, ex-patron
des
Grues Guay appartient, à une rare catégorie des témoins qui ont des entrées partout. M. Lafortune a pu compter sur deux lobbyistes associés aux
conservateurs (un homme qui ne peut être nommé pour le moment à cause d'un procès) et aux libéraux, feu Serge Marcil
( 01 ), pour faire avancer ses intérêts. |
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AAER la vision du Parti Libéral du Québec de se lancer dans l'environnement?
M. Lafortune a notamment retenu les services d’un lobbyiste non identifié pour faire avancer le projet d’un développeur d’éoliennes, AAER. Celui-ci
s’est assuré de faire une contribution de 3000 $ à l'ex-premier ministre
Jean Charest, en utilisant un prête-nom (un cadre de la compagnie). Les démarches n’ont pas donné de résultats concrets, a dit M. Lafortune. AAER a cependant obtenu 2,5 millions
d’Investissement Québec un an plus tard.
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AAER de Bromont, qui a
fait faillite en 2010, a
dilapidé pas moins de
2,5 millions de dollars
de nos deniers
publics.
La jeune entreprise, la
première firme
québécoise à produire
des éoliennes,
faisait des dépenses
extravagantes et s’était
permis des ouvertures de
bureaux en Californie et
en Europe. |
Elle n’a réussi à
produire que cinq éoliennes avant de mettre la clef dans la
porte. L’un des actionnaires de l’entreprise est Louis-Pierre
Lafortune, qui a témoigné à la commission Charbonneau. Il est
intervenu à plusieurs reprises dans le dossier alors qu’il y avait
investi 200 000$. Tout cela s’est déroulé quelques mois avant son
arrestation dans le cadre de l’Opération Diligence sur
l’infiltration du crime organisé dans le milieu de la maçonnerie. |
M. Lafortune a pu
mettre à profit ses contacts, en 2008, lorsqu’il a eu des
démêlés avec Revenu Québec. L’ex-ministre libéral
Serge Marcil l’a
aidé à rencontrer les bonnes personnes pour régler son dossier. M.
Lafortune a assisté à un cocktail de financement pour le ministre du
Revenu de l’époque, Jean-Marc Fournier, et son collègue
Claude Béchard, au 1000 de la Commune. L’immeuble était habité
par des membres du crime organisé et des Hells Angels à l’époque.
Une semaine après le cocktail, M. Lafortune recevait un appel du
cabinet du ministre libéral Jean-Marc Fournier. Un attaché politique
voulait connaître l’étendue de ses problèmes afin de mieux préparer
une rencontre à venir avec le ministre.
La rencontre n’a jamais eu lieu, a indiqué Louis-Pierre Lafortune.
Quoi qu’il en soit, son litige avec Revenu Québec a été réglé à sa
satisfaction.
Louis-Pierre Lafortune avait aussi ses entrées au Parti québécois
(PQ). En 2005, il a participé à un cocktail de
financement pour André
Boisclair. Lafortune et son présumé
complice, Norman Marvin "Casper" Ouimet
( 02 ), cherchaient à aider l'entrepreneur Paul Sauvé
( 03 ) à obtenir une subvention de Québec pour la réfection de
l'église St. James.
De 50 à 75 personnes étaient présentes lors de ce cocktail de
financement. Le prix d’entrée était fixé à 1 000 $. |
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Un témoin sur le grill
M. Lafortune est accusé de complot pour
recyclage des produits de la criminalité, dans
l'opération policière "Diligence".
Il aurait tenté de prendre le contrôle d'une
maçonnerie à Montréal avec son présumé complice,
Normand Marvin Ouimet.
L’entrepreneur a été mis sur le grill pendant
six jours à la commission Charbonneau. M.
Lafortune a donné du fil à retordre à la
Commission, en multipliant les explications
invraisemblables ou carrément mensongères.
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Sur les conseils de leurs avocats,
plusieurs futurs témoins de la
commission Charbonneau se présentent
sur les lieux en tant que citoyens.
Il est question ici de se
familiariser avec le lieu,
l'atmosphère, les sons et le
comportement des témoins. Ainsi ils
sont mieux préparés pour affronter le
moment où ils devront témoigner à
leur tour. Ici à l'arrière de la
salle Louis-Pierre Lafortune observe
le déroulement de la Commission. |
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Le
procureur, Paul Crépeau, l’a systématiquement confronté
à l’écoute électronique de l’opération Diligence.
M. Lafortune dorlotait les
officiers de la FTQ-Construction. Il a notamment payé
des constats d’infraction de Jocelyn Dupuis
( 04 ), en faisant passer les dépenses dans la
catégorie « permis à la Ville de Montréal »
dans les livres de Grues Guay.
M. Lafortune ramassait la note quand Jocelyn Dupuis
prenait ses vacances… Même s’il ne l’accompagnait pas.
Il a notamment financé le voyage à Las Vegas de Jocelyn
Dupuis et de sa famille pour qu’il puisse célébrer les
21 ans de sa fille. Mais il
ne se contentait pas des moyens poissons, il s'occupait
aussi des gros comme Henri Massé.
HENRI
MASSÉ: président de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec.
(1998-2007) Président du conseil d'administration du
Fonds de solidarité des travailleurs du Québec
(1998-2007).
( 10 )
Son fils
Nicolas Massé est directeur chez Marton Construction,
une compagnie appartenant à Tony Accurso, un
entrepreneur de construction dont les entreprises ont
été financées à près de 250 M $ par le Fonds de
solidarité de la FTQ. |
|
Henri Massé, Louis Bolduc (FSFTQ), Richard Marion, PDG de la SOLIM et
J. Lavallée au mariage de la fille de
Tony Accurso
| |
Richard
Massé, le frère de Henri, est responsable de
l'inspection à la Commission de l'industrie de la
construction du Québec responsable de la surveillance du
respect des règles, décrets et conventions collectives
par les entrepreneurs.
En 2004,
la compagnie Grues Guay avait acheté son concurrent
Fortier Transfert dans lequel le Fonds avait investi 1,3
M $ en 2001.
En 2005,
Henri Massé, son fils Nicolas, et Jean Lavallée,
président de la FTQ-Construction, ont participé à un
voyage de pêche sur la rivière George financé par la
compagnie Grues Guay au prix de 8 800 $ par tête.
Ici ils s'en défendent bien... Sauf que l'éthique
syndicale traditionnelle veut que tu n'acceptes pas de
gratuité et tu ne frayes pas avec les boss.
Garder une saine distance permet de meilleures
négociations pour les travailleurs et travailleuses -
JosPublic |
Soulagé
L’élection de Richard Goyette
( 05 ) l’a quelque peu soulagé. Le successeur de
Jocelyn Dupuis avait un train de vie plus modeste.
« Il coûte pas mal moins cher, lui »,
dit-il dans une conversation d’écoute électronique.
Les bons contacts de Louis-Pierre Lafortune ne
s’arrêtaient pas à la FTQ-Construction. Il lui est
arrivé à quelques reprises de conseiller des
entrepreneurs qui désiraient obtenir du financement
du Fonds de solidarité sur la marche à suivre. Il a
toujours agi à titre bénévole, sans toucher de
contrepartie, assure-t-il. |
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Le Fonds de
solidarité était un partenaire important
lorsque Fortier Transfert a racheté Grues Guay. Denis
Vincent, le courtier de l’ombre lié à Jean Lavallée
( 06 ), a joué un rôle d’intermédiaire dans cette
transaction de 12 millions de dollars qui a permis à M.
Lafortune de prendre du gallon dans l’industrie de la
construction.
M. Vincent a touché une commission de 500 000 $ pour son
rôle « d’entremetteur ». M. Lafortune a pris ses
distances du pilote d’hélicoptère, avec lequel il avait peu
d’affinités. « Je n’aimais pas sa façon de négocier »,
a-t-il dit.
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La
proximité Lafortune-Dupuis confirmée par la SQ |
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Les écoutes électroniques effectuées par
la Sûreté du Québec dans le cadre de
l'opération Diligence ont aussi permis
d'établir la proximité qui existait
entre
Jocelyn Dupuis et
Louis-Pierre
Lafortune. Elles font notamment
ressortir l'intérêt que ce dernier avait
pour la lutte d'influence entre les
clans Lavallée et Dupuis en 2008-2009,
sur fond de querelle électorale. |
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M. Dupuis va notamment parler à M.
Lafortune le 12 novembre 2008, soit le
jour même du scrutin à la
FTQ-Construction, pour l'informer de la
victoire de ses candidats.
Il y est alors aussi question d'une
chose que les deux hommes doivent faire
« rapidement ». Un rapport de
filature policière du 13 novembre
indique que M. Dupuis s'est rendu chez
Grues Guay dès le lendemain.
Ce même jour, la SQ a capté une
conversation téléphonique entre M.
Lafortune et Normand Dubois, dans
laquelle le vice-président de Grues Guay
se félicite de la victoire électorale du
clan Dupuis sur Jean Lavallée.
« |
Johnny Lavallée y'a pu sa job, y'est pu
vice-président de la FTQ, y'est pu
vice-président du Fonds de solidarité
— Louis-Pierre Lafortune |
» |
« Tous les postes importants dans
l'industrie de la construction pour
faire du lobbying, c'est toute la gang à
Jocelyn », ajoute M. Lafortune. Les
deux hommes conviennent que
Tony « Accurso
a manqué son coup ».
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Lors de la vente de sa compagnie, Louis-Pierre
Lafortune affirme avoir versé une
commission d’un million de dollars au
pilote d’hélicoptère proche des Hells
Angels,
Denis Vincent, afin que la
transaction se déroule sans encombre.
Vincent était un proche
du crime organisé et très ami avec Jean Lavallée, l’ex-président de la FTQ-Construction. |
«C’était beaucoup d’argent, oui, mais si c’était pour que ça continue d’aller bien, […] ça valait le coup […. Cette entente s’est faite pour garder
de bonnes relations jusqu’à la vente», a expliqué le témoin à la juge Charbonneau et au commissaire Renaud Lachance, tous deux surpris.
En 2004, la compagnie de location de grues, Grues Guay, avait acheté l’un de ses concurrents, Fortier Transfert. Il se servait de l'entreprise pour faire majorer de 10% les factures de Grues Moderne, un de ses supposés fournisseurs. On peut cependant douter que cette entreprise n'ait jamais disposé des grues et autres équipements roulants soi-disant vendus ou loués. Elle fermera ses portes après un an ou deux et pourra reprendre ses activités d'accommodation sous une nouvelle raison sociale. Afin d’éviter toute vérification de la part du gouvernement, une entreprise coquille a généralement une durée de vie très courte
- extrait du rapport final de la Commission Charbonneau - Novembre 2015 |
Vincent, le middleman
Il a ajouté que Denis Vincent avait insisté lui-même pour avoir cette commission: «Il était au cœur de la négociation. En gros c’était le middleman
qui était au milieu de tout ça depuis le début.»
Le Fonds de solidarité de la FTQ, qui était actionnaire de Fortier Transfert, s’est retiré de l’entreprise juste avant son acquisition par Grues Guay. Il
n'était pas au courant du million versé au pilote, selon le témoignage de Louis-Pierre Lafortune.
Dans une écoute électronique captée en 2008, entre le président sortant de la FTQ, Michel Arsenault, et son conseiller, Gilles Audette, les deux hommes
s'inquiètent d'ailleurs du versement de cette commission.
«Le prix de vente aurait été ajusté pour que Denis Vincent touche une commission, explique Audette à Arsenault […]. C'est encore toute le
schème à Johnny [Jean Lavallée]», ajoute-t-il.
Un ex-dirigeant d'entreprise soupçonné d'avoir trempé dans une affaire de blanchiment d'argent et d'avoir contribué à l'infiltration du milieu de la construction par le crime organisé a été arrêté le 4 novembre 2009. Louis-Pierre Lafortune, un ex-vice-président de la plus importante compagnie de grues au pays, est arrivé des États-Unis sous escorte policière, à l'aéroport Montréal-Trudeau. |
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M. Lafortune intéressait les policiers depuis plusieurs mois ( 07 ) déjà. Le 31 mars 2009, l'une des 12 succursales de l'entreprise Grues Guay, celle d'Anjou, avait fait l'objet d'une perquisition ( 08 ) de la Sûreté du Québec.
Une entreprise montréalaise d'achat et de location de machineries que dirigeait Louis-Pierre Lafortune avait aussi été visitée par la même occasion, de même que sa résidence, à Terrebonne, où deux véhicules avaient été saisis.
Avec un parc de 450 grues, Grues Guay est la compagnie de grues la plus importante au pays, la 3e en Amérique du Nord et la 15e au monde.
10 autres personnes arrêtées
La Sûreté du Québec a procédé à l'arrestation de 10 personnes liées au secteur de la maçonnerie, dans le domaine de la construction.
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En tout, la police provinciale avait en main 14 mandats d'arrestation, dans le cadre d'une opération baptisée Diligence, menée dans la grande région de Montréal. Six autres personnes avaient déjà été appréhendées. Les personnes arrêtées auraient tenu le rôle de facilitateur ou encore auraient été complices ou à la solde du Hells Angels Norman Marvin Ouimet. Celui qui est considéré comme la tête dirigeante du réseau est déjà recherché dans le cadre de l'opération SharQc ( 09 ) contre le crime organisé. |
La SQ a commencé son enquête au printemps 2007 après la plainte d'un entrepreneur en maçonnerie, qui affirmait que les Hells Angels tentaient d'infiltrer son entreprise.
La police a ainsi dénoué la toile tissée par les Hells dans le milieu de la construction dans le but, entre autres, de blanchir de l'argent.
Les Hells avaient développé trois méthodes d'infiltration de l'économie légale:
-
repérer une entreprise en difficulté et proposer une aide financière, pour y injecter de l'argent sale. À titre d'exemple, la police a expliqué que Normand Marvin Ouimet facturait de faux services de consultations. Le travail au noir et l'embauche d'effectifs des Hells faisaient aussi partie du plan;
-
acheter des terrains avec de l'argent comptant pour ensuite y construire des complexes immobiliers;
-
des facilitateurs, comme le groupe Ste-Marie, permettaient que de l'argent comptant transite par l'entreprise pour ensuite se retrouver dans des paradis fiscaux.
Parmi les facilitateurs, la police compte des représentants syndicaux, des comptables, des gestionnaires de portefeuille et des agents immobiliers.
Un représentant syndical de la FTQ-Construction, Guy Dufour, aurait notamment servi a obtenir frauduleusement des cartes de compétences de la CCQ pour des employés.
Un agent d'immeubles, Roberto Amato, aurait permis à Ouimet d'acquérir des terrains avec l'argent du crime. Des comptables ont aussi été arrêtés, dont Jean Siminaro, qui a été radié temporairement (?) en août de l'Ordre des comptables en management.
La SQ a précisé que les arrestations n'étaient pas liées à l'opération Marteau, qui s'intéresse aux liens possibles entre les milieux de la construction et de la politique municipale.
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Ci-dessous: des textes en lien direct avec le sujet:
Notes & Références encyclopédiques: |
01
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À propos de Serge Marcil - Sur Wikipédia |
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02
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Normand «Casper» Ouimet accusé de 22 meurtres - Sur La Presse 2 novembre 2010
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03
|
Sauvé dans les griffes de Rizzuto fils - Sur Radio-Canada, 25 octobre 2013 |
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04
|
À propos de Jocelyn Dupuis, ex-directeur de la FTQ-Construction - Sur MétéoPolitique.com |
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05
|
À propos de Richard Goyette, directeur de la FTQ-Construction ne reviendra pas - Sur Radio-Canada, le 31 mai 2010 |
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06
|
Qui est Denis Vincent? - Sur Le Nouvelliste, le
28 novembre 2013 et
Jean Lavallée - Sur MétéoPolitique |
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07
|
M. Lafortune intéressait les policiers depuis plusieurs mois - Sur Radio-Canada, le 1er avril 2009 |
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08
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L'une des 12 succursales de l'entreprise Grues Guay, celle d'Anjou, avait fait l'objet d'une perquisition - Sur Radio-Canada, 31 mars 2009 |
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09
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À propos de l'opération SharQc - Sur Radio-Canada, 15 avril 2009 |
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10
|
À propos d'Henri Massé, ex-président de la Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec FTQ - Sur La Mémoire du Québec, site opéré par Jean Cournoyer |
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jusqu'à son arrestation en 2009 dans
le cadre de... |
Opération Diligence de la Sûreté du Québec (SQ)
- Sur Mémoire du Québec
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C'est ce qu'a révélé l'enquêteur de
la SQ dans le cadre du procès...
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Les enquêteurs antifraude de la SQ débarquent sur le pont Champlain.
L’unité antifraude de la Sûreté du Québec a mené plusieurs
perquisitions cet après-midi et a notamment visité une entreprise
qui travaille sur le chantier de l’actuel pont Champlain. - Journal
de Montréal, le 28 septembre 2016 |
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C'est ce qu'à révélé l'enquêteur de
la SQ dans le cadre du procès.
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