Retour sur un massacre à la
tronçonneuse.
Alors que
François
Legault, premier ministre du Québec en exercice,
exhorte
les médecins disponibles à investir les CHSLD afin de pallier le manque flagrant de personnel infirmier, Barrette et ses amis médecins se
moquent carrément des Québécois en faisant passer leurs intérêts de classe avant l’intérêt général.
C’est ce qu’ont dit publiquement
deux représentants de syndicats de médecins ce matin
au micro de Paul Arcand
: la présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec,
Diane Francoeur, et Louis Godin qui est président de la Fédération
des médecins omnipraticiens du Québec.
« |
On ne vous demande pas de laver
les planchers,
mais de nourrir ou soigner des résidents
–
François Legault aux médecins du Québec |
» |
Alors qu’il manque 2 000
infirmières et préposées aux bénéficiaires dans les CHSLD du Québec
au moment d’écrire ces lignes, Mme Francoeur, avec une superbe
associée à son rang, a dit que les médecins ne pouvaient quand même
pas « laver les planchers » des CHSLD.
Le bon docteur Godin a
ensuite
renchéri pour suggérer aux jeunes médecins de se sacrifier, eux,
pour la cause. Ce mépris de la
mafia médicale,
s’il est enrageant, ne date pourtant pas d’hier. L’attitude du
ministre Gaétan Barrette a été, quatre années durant, à la hauteur
de l’outrecuidance affichée par cette caste d’aristocrates à l’égard
des patients, des travailleurs du réseau de la santé et de tout le
peuple québécois qui paie pourtant pour leurs mirobolants salaires.
Abolition du Commissariat à la
santé et au bien-être
Mais revenons un peu
dans le passé, si vous le voulez bien. En mars 2016 pour être plus
précis. C’est l’heure du budget pour le gouvernement Couillard. Dans
un coin caché du volumineux document, on décide d’abolir le
poste de Commissaire à la santé et au
bien-être créé dix ans plus tôt
par… le ministre de la santé d’alors, un certain
Philippe Couillard.
|
|
Le
commissaire Robert Salois
en poste de 2006 à 2016 |
|
Ce chien de garde du ministère
de la santé, composé d’une dizaine de chercheurs, avait pour seul
mandat d’évaluer l’efficacité et la pertinence des programmes mis en oeuvre par le ministre.
Dorénavant, le ministre
Barrette pourra agir sans filet et sans surveillance. Ce qu’il fera
sans vergogne. C’est que le ministre est autoritaire, autocrate,
narcissique, colérique, « loner » et buté. Il accumule les décisions
à l’emporte-pièce, souvent contre l’avis
d’experts.
Sa réforme en santé, la
suppression de 2 000 postes et d’organismes voués à la santé, le surfinancement des médecins, lequel a été fait sur le dos des
infirmières, préposées aux bénéficiaires et des patients, etc. sont
autant d’exemples flagrants d’un corporatisme de classe aussi
méprisant que méprisable.
L’imposition, entre
2014 et 2016, d’un programme sauvage d’austérité dans les services
qui a permis de générer, à l’approche d’élections générales, des
surplus budgétaires de l’ordre de 2,2$ milliards. Lesquels ont
ensuite permis au gouvernement Couillard de
distribuer ses cadeaux aux seuls médecins,
car les usagers et autres citoyens ont eu droit, eux, à des reculs
nets en salaires et en qualité de soin.
Que ce soit une prime de 105$ à la ponctualité
– pour un montant total
de 42$ millions – des
augmentations de salaires
atteignant 5$ milliards, des primes de réunions à la hauteur de 111$ millions, 88 000$ d’augmentations annuelles
pour certains cardiologues, un salaire de 2$ millions chacun
pour les 10 spécialistes les mieux payés, etc.
De quoi avoir honte!
Pendant ce temps, les
infirmières et les préposées aux bénéficiaires n’ont rien eu sauf
du mépris de
la part du gouvernement, des
listes d’attentes qui s’allongent
pour avoir accès à un
médecin de famille, un
réseau de la santé qui doit absorber des coupures de 242$ millions,
des
coupes de près de 24$ millions en santé
publique à Montréal, lesquelles ont
coûté le poste de 70 personnes, etc. En voulez-vous d’autres ?
Tout cela dans l’indifférence
quasi générale. Du moins jusqu’à aujourd’hui…
Une catastrophe prévue, réelle
et dénoncée
Pourtant, ce ne sont pas
les lanceurs d’alertes qui ont manqué durant cette triste période
pendant laquelle Barrette a été ministre. L’avocat
Jean-Pierre
Ménard, qui lutte depuis trois décennies pour protéger les droits
des patients québécois,
disait en 2016
que la réforme Barrette faisait reculer les soins à un niveau
inégalé :
« On est à la limite de la
maltraitance dans certains CHSLD à l’égard des besoins de base»,
pourfend Me Jean-Pierre Ménard, qui qualifie la réforme Barrette
«d’échec total ».
Un manque à gagner de un
milliard de dollars par année qui amène son lot de problèmes
d’hygiène, de nourriture, d’activités, de soins adéquats, etc. Un
recul net que cet avocat explique par le manque de financement et de
soutien aux soins. Un nivellement par le bas qui entraîne, en CHSLD,
un allongement des listes d’attentes et une dégradation des soins
par un manque de personnel qualifié, suffisant en nombre et bien
rémunéré.
Pourtant, le Québec
possède déjà
un des systèmes de santé les plus performants
au Canada. Mais ça, c’était avant
le saccage de la réforme Barrette qui
a modifié en profondeur les
structures… « tout
en affectant les droits des usagers, l’imputabilité médicale, la
transparence générale et l’indépendance face au ministère, »
ajoutait Me Ménard.
Il y a également
Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS
(institut de recherches et d’informations socioéconomiques du Québec)
qui a produit, en juin 2016, un
document
éclairant
d’une quinzaine de pages sur la rémunération galopante des
médecins et la baisse comparative de leur niveau de productivité.
Il
termine sa réflexion chiffrée et documentée par une recommandation
au gouvernement qui permettrait, d’ici 2020-2021 (ça c’est
présentement), d’épargner autour de 2$ milliards en rémunérations
excédentaires pour les médecins.
Essayez maintenant d’imaginer
ce qu’on aurait pu faire avec tout cet argent aujourd’hui… |
|
En 2012, suite à une
demande de la première ministre péquiste Pauline Marois, les
médecins
en bloc
refusèrent
d’étaler leurs augmentations de salaires sur une période plus longue
afin d’aider le réseau à souffler un peu. Avec Barrette aux
commandes entre 2014 et 2018, ils ont eu ce qu’ils demandaient et
davantage. Sans même avoir à le demander.
Il y a la
CSN
(Confédération des syndicats nationaux) qui a fait une constatation
assez lugubre de la réforme Barrette en écrivant,
ici, que les
plus vulnérables et les plus pauvres sont les catégories de citoyens
qui souffrent le plus de l’austérité libérale.
Des réformes qui
ont réduit les soins à domicile,
augmenté les hospitalisations et opéré une privatisation galopante
des services offerts aux personnes âgées. Me Ménard ajoute, dans ce
texte, que le nombre de places en CHSLD a diminué de 8% alors que la
population québécoise est vieillissante, et que les places en CHSLD
privé sont passées de 15 000 en 2006 à plus de 120 000 en 2011.
Sans oublier l’ancien
ministre libéral
Claude Castonguay, le père de l’assurance-maladie,
qui est allé d’une
charge à fond de train contre la réforme Barrette. Que ce soit pour la rémunération excessive des
médecins ou les nominations de médecins aux postes de direction des
centres hospitaliers, Castonguay ne mâche pas ses mots pour décrire
l’incompétence et le mépris du ministre :
« |
Nous avons eu l’occasion
d’apprécier cette courte vue du docteur Barrette dans le cas de la
procréation assistée, alors que des milliers de couples québécois
seront abandonnés à eux-mêmes avec plus ou moins de moyens pour
concrétiser leurs rêves de fonder une famille. Il en a rajouté sur
la récente décision du Conseil du statut de la femme quant à son
ouverture au recours à une mère porteuse dans la mesure où elle ne
reçoit pas une rémunération.
Il répétait, tels les autres
perroquets de la volière, que le corps de la femme ne doit pas être
considéré comme une marchandise. La remarque est incongrue
lorsqu’elle vient d’un interlocuteur qui n’a jamais lésiné pour s’en
mettre plein les poches dans ses fonctions précédentes et qui compte
naïvement sur l’altruisme des mères porteuses. Si on paye la
gardienne d’enfants, il ne devrait pas y avoir problème à payer
celles qui les gardent en leur sein.
|
» |
Il y a, enfin, le site
SantéInc. qui pose un regard sans complaisance sur la centralisation
administrative de la réforme Barrette à l’heure du
bilan santé
du gouvernement Couillard. La centralisation du réseau entre les
mains du ministre de la santé fait, entre autres, l’objet d’une
critique acerbe quant à la méthode « one man show » du ministre
Barrette :
« Centralisation » est un mot
qui revient souvent lors des discussions avec les différents acteurs
du réseau. Pour diriger les nouveaux établissements, Gaétan Barrette
a choisi et nommé 34 présidents-directeurs généraux, avec des
revenus et des responsabilités qui ont augmenté.
|
Chantal Marchand
présidente de l'AGESSS |
|
« Les cadres
affirment qu’on les considère maintenant comme des exécutants des
PDG, qui prennent leurs directives auprès du ministre, » disait la
présidente-directrice générale de l’Association des gestionnaires
des établissements de santé et de services sociaux de Montréal, Chantal Marchand, lors du déclenchement des élections
provinciales de 2018. |
Mais qu’importent les
faits, Barrette détient la vérité et l’annonce à qui veut bien
l’entendre. Il est le grand responsable du bordel ambiant, de
l’attitude méprisante des médecins (spécialistes) qui ont demandé,
jusqu’à 2 500$ par jour
pour aller donner un coup de mains dans les CHSLD, du personnel
insuffisant, épuisé, méprisé et surchargé ainsi que du manque
flagrant de ressources dans un réseau qui fait pourtant notre fierté
collective.
Et ça, Barrette, c’est de ta
faute. J’aurais préféré que tu fasses acte de contrition, que tu
témoignes d’un peu d’empathie pour les travailleurs sacrifiés et les
patients, et que tu adoptes un profil bas pour tout ce bordel que
ton absence d’humanité a largement contribué à alimenter.
Mais c’est
mal te connaître, je sais, « faque » ta yeule Barrette. Ta yeule.
Notes & Références encyclopédiques:
|
Pourtant on savait depuis 2006 que les CHSLD,
notamment, étaient à risque d'implosion...
|
Selon un document préparé par l’Institut
national de santé publique (INSPQ), des
mesures rigoureuses afin de prévenir
l’introduction du virus dans les Centres
d’Hébergement de Soins de longue durée CHSLD
auraient dû être mises en place dès que le
coronavirus et sa maladie la COVID-19 a été
détectée au Québec. - Sur TVA Nouvelle, le
15 avril 2020 |
Retour au texte
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Alors que François Legault, premier ministre du
Québec en exercice, exhorte les médecins..
.
|
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C'est ce qu'ont dit publiquement deux
représentants de syndicats de médecins ce
matin...
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Plus de médecins pour prêter
main-forte dans les CHSLD?
Source : Radio 98.5fm Montréal, le
15 avril 2020 |
Transfert de personnel médical | Dre Diane
Francoeur de la FMSQ & Dr Louis Godin de la
FMOQ
«C'est protectionniste (...) Les facultés
de médecine ont sorti les étudiants dès le
début parce qu'on ne veut pas les exposer,
parce qu'on ne veut pas être responsable
s'il y en aurait un qui serait peut-être
malade. Ils sont jeunes, ils sont pas mal
moins à risque que nos docteurs de 70 ans
qu'on envoie au front.» Diane Francoeur, présidente
de la Fédération des médecins spécialistes
du Québec
«Pourquoi ne pas les accepter pour
qu'ils viennent nous aider? (...) Ils sont
tout près de pouvoir commencer à travailler
officiellement. Pourquoi ne pas s'en servir
aujourd'hui? Il faut lever ces barrières-là.
On est dans une situation où on doit adapter
les règles. On a besoin de bras, point.»
Dr Louis Godin, président de la
Fédération des médecins omnipraticiens du
Québec |
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|
Ce
mépris de la mafia médicale, s'il est enrageant,
ne date pourtant pas d'hier...
|
Sur FaceBook, la médecin a imploré ses collègues
de ne pas exiger le cachet complet de la
rémunération promise aux médecins spécialistes
appelés en renfort dans les CHSLD. Cette
initiative a mené à une plainte en déontologie.
- Sur Journal de Montréal, le 17 avril 2020 |
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Dans
un coin caché du volumineux document, on décide
d'abolir le poste de Commissaire à la santé et
au bien être...
|
«On a de la misère à
comprendre ce qui nous arrive. On ne comprend
pas la décision», dit le commissaire, qui se
perd en conjectures.
Le
gouvernement de la Coalition Avenir Québec
rétablit le poste de commissaire à la santé et
au bien-être - 6 mars 2019 |
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Il
accumule les décisions à l'emporte-pièce,
souvent à l'encontre...
|
Il revendique
le droit d'imposer sa vision. L'émission de
télévision Enquête a découvert trois
situations où le ministre est allé à
l'encontre des recommandations de ses
experts, entraînant des dépenses et des
problèmes qui auraient pu être évités.
publié le 2 mars 2018. |
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Il y
a, évidemment, l'histoire des patates en
poudre...
|
Mieux nourrir les aînés en CHSLD.
Au nouveau budget, des dépenses
additionnelles en santé vont permettre de
mieux nourrir les aînés en CHSLD, affirme
Gaétan Barrette, qui promet la fin des
patates en poudre pour les personnes âgées.
Source: Journal de Québec, publié le 26
octobre 2016 |
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horrible traitement des patients qui n'ont droit
qu'à un bain par semaine dans les CHSLD...
|
Gaétan Barrette refuse de légiférer pour
garantir bains et douches aux aînés, comme au
détenu des prisons. Source:
Journal de Montréal, publié le 11 avril 2017
|
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Lesquels ont ensuite permis au gouvernement
Couillard de distribuer ses cadeaux aux seuls
médecins... |
|
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des
listes d'attentes qui s'allongent pour avoir
accès à un médecin de famille...
|
De
longs délais que Québec camoufle un accès à un
médecin de famille beaucoup moins rapide que
l’indiquent les statistiques de la Santé.
Journal de Montréal, le 27 août 2018 |
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Pendant ce temps, les infirmières et les
préposées aux bénéficiaires n'ont rien eu sauf
du mépris...
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Pour réaliser ses objectifs de transférer
l'ensemble des activités de l'État vers les
compagnies privées, l'homme n'hésite pas à
utiliser une langue de bois concoctée par ses
agents de propagande. Devant ce mépris à
l'intelligence de la population Steve-E. Fortin,
blogueur, journaliste pigiste et enseignant lui
répond avec fougue, documentation à l'appui et
beaucoup de pertinence. |
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la
santé qui doit absorber des coupures de 242$
millions...
|
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disait en 2016 que la réforme Barrette faisait
reculer les soins à un niveau inégalé.,,
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Pourtant, le Québec possède déjà un système de
santé les plus performants au Canada...
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Mais
ça, c'était avant le saccage de la réforme
Barrette...
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La
population « doit se réveiller », car elle se
fait passer sous le nez une réforme du réseau de
la santé et des services sociaux qui la privera
de droits primordiaux. Source : Le Devoir, le 29
octobre 2014 |
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Institut de recherches et d'informations
socioéconomique du Québec qui produit, une
document éclairant....
|
Dans cette note socioéconomique, nous abordons
la rémunération des médecins québécois. Plus une
semaine ne passe sans qu’on ne fasse référence
aux revenus de cette catégorie de professionnels
de la santé. Et pour cause, les augmentations
qu’elle a obtenues depuis une décennie
constituent une charge imposante et croissante
pour les finances publiques du Québec. Cette
note vise à faire le point sur cette
rémunération et proposer certaines avenues à
explorer pour corriger les excès actuels. |
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suite à une demande de la première ministre
péquiste...
|
Par contre il est hors de question pour eux de
renégocier leurs contrats ou d’échelonner sur
plusieurs années leurs augmentations salariales,
ont fait savoir les présidents des fédérations
de médecins mercredi le 21 novembre 2012.
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Des
réformes qui ont réduit les soins à domicile...
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l'attitude méprisante des médecins
(spécialistes) qui ont demandé...
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Source:
Le
blogue de
Christian Bolduc |
Choix de photos, collection de textes, mise en page, références et titrage par :
JosPublic
Mise à jour le
02 mai 2020 |
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