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Les négociations présentement en cours dans le secteur public sont relayées avec une grande partialité par les médias.  Quand on n’interviewe pas un membre du gouvernement, c’est le journaliste qui prend le relai dans la transmission de l’idéologie dominante.  C’est bien plus efficace, car on dirait alors une vérité objective, surtout que, n’y comprenant rien, il énonce les mantras officiels comme si c’étaient des vérités objectives.

Texte par Gaétan BRETON

 
 

Le salaire mis de côté dans des fonds de retraite des fonctionnaires est vampirisé
par des politiciens.nes maladivement populiste
s

 
 

Quand les municipalités ont décidé de voler leurs employés, le système médiatique a utilisé un nouvel argument, le fait de monter les groupes dans la société les uns contre les autres. 

Tous ces bourgeois, bardés de fonds de pension payés par les citoyens ( 12 ), ont eu le front de dire aux gens que les travailleurs de l’État étaient gâtés-pourris d’avoir des régimes de retraite que le reste de la population qui paye ne possède pas. (Rappelons qu’au Québec, près de 50% des contribuables potentiels ne paient pas d’impôts), 

Mais qu’est-ce donc qu’un régime de retraite?

Ce n’est qu’un engagement à payer le salaire pour le travail d’aujourd’hui, dans un fonds qui servira pour la retraite de celui qui fait le travail.  Maintenant, les villes, les gouvernements et les entreprises en ont profité pour ne pas mettre l’argent immédiatement dans les fonds et ainsi accumuler des dettes assez substantielles.  Cela dit, quand, au moment de payer, elles transforment cela en cadeau aux enfants exigeants, elles refusent simplement de payer les salaires qui avaient été convenus alors que le travail lui, a été fait. 

C’est donc carrément de l’extorsion.

Mais quand on possède la police, on peut faire bien des choses. 

Le gouvernement ne respecte jamais ses engagements, il est même surpris quand on lui demande de le faire.  Comme il est juge et partie, la question est simple. 

Maintenant, tous les médias parlent d’une loi spéciale.  Tellement spéciale, que sa promulgation est devenue normale.  Les employés de l’État n’ont qu’à se taire ou à subir les rigueurs de l’employeur qui a la loi et la police de son bord, et même à sa botte.  On se croirait revenus au temps de Duplessis. 

Y a-t-il une échappatoire pour les employés de l’État?  On n’en voit pas, car les médias des patrons ont réussi à monter toute la population contre les fonctionnaires et maintenant on peut les voler et les spolier impunément

Pendant ce temps, on donne (soyons réalistes) 1,3 milliard$ à Bombardier et personne ne dit que ça sort des poches des contribuables.  ( 13 )

 
 

Sommes-nous si cassés que ça ?

 
 

Ça dépend pour qui et comment le gouvernement perçoit son rôle.  En ce moment, le gouvernement se prend pour une firme de courtage.

 

— Nous agissons immédiatement, pour rétablir la confiance des investisseurs et des consommateurs.

— Nous engageons en même temps les premières initiatives pour augmenter la productivité de notre économie, et faire contrepoids à la diminution de la population active. (Ministre des finances, 2014) ( 01 )

 

En français ça veut dire que le gouvernement va payer les gens pour investir.

Ce qui est du plus grand ridicule. 
Le gouvernement, dans l’idéologie actuelle, ne peut plus investir lui-même, comme dans les années soixante ou soixante-dix. 

Alors, il paye les autres pour investir, ce qui est ridicule mais qu’on ne conteste pas, parce que ceux qui contrôlent la parole sont aussi ceux qui bénéficient de ces largesses.

    Ensuite, maintenant que les visionnaires de l’état se sont bien entendus sur le fait que la population vieillissante constituait un poids épouvantable (presqu’aussi lourd que le fardeau fiscal), on se met à déplorer, dans la même phrase où on parle d’augmenter la productivité, c’est-à-dire les machines, la diminution de la population active. 

Mais tant que le chômage des jeunes semble une calamité, le ministre devrait être content de la diminution de la « population active » vieillissante.  Ne devrait-il pas y voir la solution à son problème de chômage des jeunes?

 

De plus, quand nous avons pris le pouvoir, les dépenses n’étaient plus contrôlées, et les revenus étaient affectés par la faiblesse de la croissance économique.

— En 2013, la confiance des entreprises comme des consommateurs n’était pas au rendez-vous.

— L’économie québécoise commençait par ailleurs à ressentir les effets des changements démographiques sur la capacité de travail et la création de richesse. En 2014, la population des 15 à 64 ans, soit celle en âge de travailler, reculera pour la première fois.

Il faut donc agir et s’appuyer sur les meilleurs moyens pour relancer l’activité économique et créer des emplois, (Ministre des finances, 2014)

 

     Premièrement, parlons du « big bath accounting » (grand nettoyage comptable) ( 02 ).  Toutes les fois qu’un nouveau gouvernement prend le pouvoir, il trouve, dit-il, plein de factures non déclarées dans les tiroirs et doit ainsi faire un déficit. 


   Le ministre des finances du nouveau gouvernement Trudeau n’a pas perdu de temps et, une petite semaine après son assermentation, est déjà tombé sur la pile de factures cachées. Depuis que je surveille cela, ça n’a jamais manqué.  Ça permet au gouvernement de nettoyer les livres en ayant une bonne excuse et ainsi d’avoir les coudées franches dans les années qui suivent.  Quand un gouvernement prend le pouvoir, les dépenses n’étaient jamais contrôlées, c’est un principe (notons que les nouveaux directeurs généraux font la même chose dans l’entreprise privée).

 

Plusieurs lignes de ce credo sont discutables.  Premièrement, le taux de croissance économique. Qu’est-ce qu’un faible taux de croissance?

 

- Une société où la croissance est de 1% par an, comme cela est le cas dans les pays les plus avancés depuis le début du XIXe siècle, est une société qui se renouvelle profondément et en permanence. (Piketty, 2013, p. 160.)

- Il est essentiel de commencer par rappeler que la croissance du passé, si spectaculaire soit-elle, s’est presque toujours faite à des rythmes annuels relativement lents – généralement pas plus de 1%-1,5% par an. (Piketty, 2013, p. 156)
( 03 )

 

     Qu’est-ce que le gouvernement a à voir avec la confiance des entreprises?  Pour ce qui est de la confiance des consommateurs, rappelons simplement que nos dirigeants fonctionnent avec un coffre d’outils pas très rempli, ce qui les amène souvent en pleine contradiction avec eux-mêmes, contradictions que les journalistes se gardent bien de relever. 

  Par exemple, lors de la crise de l’automne 2008, tous ceux qui avaient une tribune déploraient le taux intolérable d’endettement des ménages canadiens.  Pourtant, dans son budget spécial, le gouvernement prévoyait des sommes importantes, passant évidemment à travers les banques, pour prêter aux ménages canadiens, dans le but de relancer la consommation.

Pendant ce temps, les partis politiques québécois proposaient presque tous (sauf Québec Solidaire), des cadeaux pour relancer la rénovation.  Leur logique est que de telles mesures vont relancer la consommation, relancer l’emploi, relancer les entrées de fonds au gouvernement et la capacité des ménages à rembourser leurs dettes. 

Par contre, ils se plaignaient aussi que les entreprises manquaient de sources de fonds.  Mais, si les ménages n’ont pas confiance, ils ne dépensent pas.  S’ils ne dépensent pas, ils épargnent et cette épargne se retrouve dans les banques qui doivent la prêter aux entreprises.  Donc, normalement on ne peut avoir en même temps un manque de confiance des consommateurs et un manque de fonds pour les entreprises. 

À moins qu’on soit dans un nouveau système et que la diminution de la consommation soit due à une baisse relative continue des rémunérations alors que les prix ne cessent de monter. 

Il faut donc prêter aux ménages pour acheter. 

Alors, ce n’est pas une question de manque de confiance, mais de manque de financement.   

Mais admettre cela pour le gouvernement, serait aussi admettre que tous ces discours libéraux sont passés de mode et que le monde actuel s’y retrouve dans une relation schizophrène, bref nous sommes en hyperréalité comme disait Baudrillard.

La situation réelle a bien évolué.  Le plein emploi n’est plus un but accessible, ni même souhaitable quant à moi.  Il faut penser autrement.  Pour ce qui est des coffres de l’État, il faut axer leur remplissage sur la production de la richesse et non plus sur les gains du travail.  Il est certain que, dans ce système fiscal basé sur les gains du travail, une diminution de la force de travail devient une barrière à l’accroissement des recettes fiscales.  Il ne nous reste qu’à attendre qu’on remette en question la vieille logique et que, forts du fait que la production de richesse n’a jamais été aussi élevée par habitant, on taxe là où la valeur se trouve.

Parmi les vieux indicateurs désuets se trouve celui « des mises en chantiers ».

 

Nous utilisons à cette fin les bons leviers.  Dès le 24 avril 2015, le premier ministre a annoncé l’instauration d’un nouveau crédit d’impôt remboursable pour la rénovation résidentielle, le crédit d’impôt LogiRénov ( 04 ).  Environ 220 000 ménages bénéficieront d’un allègement fiscal atteignant un peu plus de 333 millions de dollars pour les années 2014-2015 et 2015-2016.  Ce crédit d’impôt permettra de soutenir 20 000 emplois dans l’industrie. (Ministre des finances, 2014, p. )

 

Nous ne pouvons qu’être en faveur de la rénovation.  Surtout que, lorsqu’elle est financée par l’État, elle ne devrait pas faire augmenter les loyers (sic).  Pour bénéficier d’un crédit d’impôt, il faut avoir de l’impôt à payer à la fin du calcul, ce qui élimine déjà une bonne partie des contribuables (autour de 50%).

Ministre Martin Coiteux,
Président du Conseil du Trésor du Québec

   Nous allons charger des taxes de ventes et de nouveaux tarifs d’Hydro-Québec aux plus pauvres pour financer des crédits d’impôts à des propriétaires, déjà bien au-dessus du niveau d’une bonne partie de ceux qui vont payer.  Mais cela, Martin Coiteux, Ministre responsable de l'Administration gouvernementale et de la Révision permanente des programmes et député de Nelligan, ni les autres ne le disent; il n’y a que quand l’Argent des travailleurs va aux travailleurs que ça les scandalise.

 

— Nous commençons immédiatement la mise en oeuvre de la stratégie maritime, ce grand projet porté par notre gouvernement.

— Nous faisons renaître le Plan Nord ( 05 ) dans ses dimensions économique, sociale et environnementale.

— Nous misons sur les ressources naturelles.

— Nous continuons à investir dans les infrastructures, tout en contrôlant la dette et en respectant la capacité de payer des Québécois.

Cette action s’accompagnera d’une réforme de la fiscalité, que nous entreprendrons pour bâtir une croissance économique solide et durable. Cette réforme reposera sur les travaux d’une commission sur la fiscalité. (Ministre des finances,  2014, p. )

 

Le Plan Nord, transporte des relents de ce projet miracle que tous les gouvernements du Québec ont attendu depuis la Baie James ( 06 ) Mais pour l’instant, si j’ai bien compris, il n’y a rien dans ce projet qui ne soit des milliards du gouvernement (ou d’Hydro-Québec, ce qui est la même chose).

   Ces milliards semblent se déverser dans ces « arpents de neige » sans aucun espoir tangible de retour.  Même si des investisseurs venaient, et qu’une pléthore de travailleurs partaient pour le nord, ce qui est une supposition dangereuse si on se fie aux niveaux de technologie qui prévalent 40 ans après la Baie James, ils constitueraient le seul revenu d’un gouvernement de « nègre blanc » digne, encore une fois, de Maurice Duplessis.   « Nous misons sur les ressources naturelles ». On se croirait dans une convention minière en Afrique (Ghana, Mali, etc.).

 

J’annonce que le taux d’imposition sur le revenu des PME manufacturières sera réduit de 8 % à 6 % à partir du jour suivant celui du discours sur le budget et sera diminué à 4 % le 1er avril 2015, pour s’établir à la moyenne canadienne.  Il s’agit donc d’une baisse générale du taux d’imposition, qui profite à l’ensemble des PME manufacturières.  Environ 7 500 PME en bénéficieront dès cette année.  (Ministre des finances, 2014)

 

Les résultats des travaux de la Commission chargée d’étudier la fiscalité
( 07 ) ne semblent pas faire de doutes pour le ministre des finances alors qu’elle n’a pas encore remis son rapport. 

Remarquons qu’avec les conseillers Godbout et Montmarquette, il n’y a aucune surprise en vue.  Il s’agit simplement de choisir les bons commissaires. 

Avec tous les crédits d’impôts, il est clair que la contribution des entreprises devient de moins en moins significative, surtout en regard de toutes les sommes qui leur sont versées.

Ne reculant toujours pas devant la contradiction, le ministre a concocté une autre mesure :

Luc Godbout

M. Claude Montmarquette
( 08 )

 

La déduction mise en place permettra aux PME des régions d’améliorer leur compétitivité malgré leur situation géographique par rapport à leur marché.  Par exemple, les PME manufacturières des Îles-de-la-Madeleine bénéficieront en particulier d’un allègement fiscal pour compenser en partie le fait qu’elles n’aient pas un accès direct au transport routier. (Ministre des finances, 2014)

 

Quelques lignes plus haut, on nous annonçait une stratégie maritime et maintenant on veut compenser les « entrepreneurs » des Îles-de-la-Madeleine parce qu’ils n’ont pas d’accès routier.  Je ne comprends pas bien.  On dirait que chaque ligne est écrite par une personne différente et que personne ne relit l’ensemble.

 

J’annonce la mise en place d’un comité permanent de suivi de l’allègement réglementaire, placé sous la présidence du ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises, à l’Allègement règlementaire et au Développement économique régional.
(Ministre des finances, 2014 )

 

  Jean-Denis Girard

Pour aider, nous avons Jean-Denis Girard, un ministre délégué à l’Allègement réglementaire.  Je crois que ça se passe de commentaire.

Le gouvernement et ses sbires journalistiques n’ont pas les moyens de payer leurs dettes et prétendent alors que leurs créanciers sont riches et n’ont pas moralement droit à leur dû.  Déjà, c’est assez fort.  Mais, de l’autre côté, ils assaisonnent les plus riches (les vrais) à coups de milliards sans sourciller.

 Ils font aussi vivre toute une frange de petits « faiseux » qui se pensent bien intelligents, mais que les supposées lois du non moins supposé marché auraient balayés depuis longtemps si les gouvernements ne continuaient pas de les nourrir grassement.

 
 

Même cassés, combien donnons-nous aux entreprises ?

 
 

Le gouvernement a plusieurs façons d’aider les entreprises.  Principalement, il utilise les subventions directes, l’aide fiscale et l’aide indirecte.

Bernard Gauthier ( 09 )

Évidemment nous n’entrons pas dans le domaine des pratiques douteuses d’octroi de contrat qui ont fait le bonheur de la Commission Charbonneau, qui s’est quand même permis de détourner l’attention en interrogeant « Rambo » alors que ce n’était absolument pas dans son mandat de le faire. M. Bernard Gauthier n’étant ni un donneur d’ouvrage (malgré ce que les médias ont rapporté de la commission sur le placement syndical), ni un contractuel du gouvernement, on ne voit pas bien ce qu’il faisait là. 

Mais c’est un des témoignages qui a été le plus médiatisé, évidemment, c’est toujours payant, au Québec, de manger du syndicat (du vrai).  On se croirait revenu au temps des syndicats catholiques.

Mais revenons à nos trois types d’intervention.  La Commission Robillard ( 10 ) a demandé un rapport à la firme Deloitte sur l’aide aux entreprises.  Ce rapport constitue le tome IV du rapport de la commission. Si on prend le premier constat :

 

Aide budgétaire : Principaux constats

  • L’aide budgétaire aux entreprises représentait des coûts pour le gouvernement de plus de 500 millions de dollars en 2013-2014  (soit environ 0,2 % du PIB), comparativement à environ 670 millions de dollars en Ontario (soit environ 0,1 % du PIB);

  • Cette aide budgétaire se traduit principalement par des subventions (75 %) ainsi que des prêts et garanties de prêt (25 %);.

  • Le nombre de programmes d’aide budgétaire élevé (84) et leur petite envergure moyenne (enveloppe budgétaire moyenne de 6,4 millions de dollars) apportent une complexité de gestion pour le gouvernement, mais également rend plus difficile l’accès à ces programmes pour les entreprises;

  • Il existe également un risque de dédoublement entre les différents programmes déployés. Rapport Robillard, Tome IV, p. 8

On voit  que le gouvernement a dépensé directement 500 millions$ en subventions aux entreprises en 2013-2014. 

En proportion du PIB, c’est le double de ce que fait l’Ontario.

Il semblerait que nous n’en ayons pas fini avec Québec Inc.. 

Aide fiscale : Principaux constats

  • En 2013, le Québec était particulièrement généreux en termes d’aide fiscale aux entreprises : l’aide fiscale aux entreprises représentait environ 2,5 milliards de dollars au Québec en 2013-2014, incluant les mesures de soutien à la capitalisation des entreprises;

  • Le Québec a pris des mesures au cours des derniers mois pour réduire le niveau d’aide fiscale accordée aux entreprises, en contrepartie, notamment, d’un allègement de la fiscalité générale des entreprises;

  • Cette réduction ramènera, à terme, l’aide fiscale aux sociétés à un niveau comparable à celui de l’Ontario;  cependant l’aide en proportion du PIB demeurera deux fois plus élevée au Québec qu’en Ontario;

  • Le nombre de mesures fiscales dédiées aux entreprises a aussi diminué de 58 à 48 en 2015 et devrait de nouveau être réduit à 38 mesures en 2017.  Bien que cette diminution soit non négligeable, des risques de chevauchement avec d’autres programmes budgétaires demeurent possibles.
    Rapport Robillard, Tome IV, p. 8

 

Deloitte pouvant difficilement être accusé de gauchisme, on doit les croire quand ils disent que le gouvernement du Québec est particulièrement généreux avec les entreprises.  Nous avons 2,5 milliards$ à cette rubrique.  Enfin, par le biais de toutes sortes d’agences, les entreprises reçoivent des aides de toutes sortes. 

 

Aide indirecte (aux organismes) : Principaux constats

  • L’aide indirecte aux organismes s’établissait à plus de 430 millions de dollars en 2013-2014;

  • Les PME sont considérées comme des vecteurs de croissance et sont ainsi les principaux bénéficiaires de l’aide rendue par les organismes de développement économique;

  • Cependant, bien que cette aide soit appréciée des entreprises et bénéfique pour leur développement, la multitude d’organismes d’aide rend la compréhension des missions et des rôles de chacun difficile, en plus du risque de dédoublement des activités;

  • Ce nombre élevé d’organismes se sépare une assiette de financement fixe, impliquant un financement moyen par organisme assez faible.

Rapport Robillard, Tome IV, p. 8

 

Un autre demi-milliard qui y passe.  Si nous additionnons ces trois catégories, nous en sommes à 3,43 milliards $ pour une année.  C’est étonnant que personne ne commente jamais ces chiffres et qu’on ne demande jamais des nouvelles des rendements que ces sommes ont produits. 

Nous y reviendrons plus loin.

 
 

Les employés.es de l'État sont-ils grassement payés ?

 
 

Les demandes des salariés de la fonction publique ne sont pas si importantes mais arrivent dans un contexte où nous sommes en train de revenir aux « bonnes » années de l’Union Nationale.

 

En 2013, le salaire des employés de l’administration québécoise montre un retard de 11,7 % par rapport à celui des autres salariés québécois dans l’ensemble des emplois repères.  Au total, 57 emplois repères sur 77, représentant 78 % de l’effectif, affichent ce statut.  Toutes les catégories d’emplois, à l’exception de celle des employés de service, accusent un retard de l’administration québécoise.  Les retards varient de 10,8 % chez les professionnels à 28,2 % chez les ouvriers.  Pour leur part, les employés de service sont à parité́ dans les deux secteurs.
(
Institut de la statistique du Québec, 2013, p.10.)
( 11 )

 

On entend toujours parler, à tort et à travers, de la puissance des syndicats dans le secteur public.  Il semble que ce soit de l’histoire ancienne et révolue.

 

Dans l’ensemble des emplois repères, le salaire de l’administration québécoise est en retard de 3,8 % sur celui des autres salariés québécois non syndiqués.  Ce statut est noté dans 36 des 74 emplois repères, représentant 37 % de l’effectif.  Un retard salarial est constaté dans quatre des cinq catégories d’emplois, avec des écarts allant de - 5,5 % à - 12,8 %.    (Institut de la statistique du Québec, 2013, p. 11)

 

J’en entends déjà me dire : oui mais ils ont des avantages sociaux mur-à-mur.  Les murs se sont drôlement rapprochés depuis quelque temps.

 

Les débours relatifs à l’ensemble des avantages sociaux et des heures chômées payées dans l’administration québécoise (40,7% du salaire) sont moins élevés que ceux observés chez l’ensemble des autres salariés québécois (43,2 %).  Ce constat est également valable par rapport aux employés syndiqués de ce dernier secteur et du secteur privé ainsi que vis-à-vis du regroupement « autre public » et de ses composantes (administrations municipale et fédérale au Québec, universités et « entreprises publiques »).  Les coûts varient de 41,2 % à 59,0 % du salaire dans ces ventilations.
(Institut de la statistique du Québec, 2013, p. 12)

 

Si nous faisons la comparaison par grandes catégories, on voit que la même conclusion s’impose.

Tableau 1

Catégories

Maximums

Minimums

Adm. Qué

$

Marché

$

Écart

%

Adm. Qué

$

Marché

$

Écart

%

Professionnels

75 032

83 357

-16,1

53 625

62 090

-15,8

Techniciens

50 426

57 773

-14,6

34 921

43 167

-8,0

Employés de bureau

38 656

45 854

-18,7

33 585

36 277

-8,0

Source : Institut de la statistique du Québec, 2013, p. 44

 

Depuis des années, les augmentations du secteur public sont inférieures à celles du secteur privé. Évidemment, les employés du secteur public veulent un rattrapage.  Le ministre n’offre rien les deux premières années puis 1% les 3 suivantes.  C’est dire que le pouvoir d’achat des employés de l’État va encore diminuer sérieusement pendant les 5 prochaines années. 

Cette générosité sans bornes devrait coûter 1,2 milliard $ sur la période, arraché de force à ces prudents gestionnaires de l’État qui gouvernent en bons pères de famille.  Le front commun demande, pour sa part, 13,5% sur 3 ans, ce qui coûterait 10,8 milliards $ au Québec durant cette période.  Le ministre prétend que c’est « un luxe que le Québec n’a pas les moyens de s’offrir. »  Cependant, durant ces trois années, on donnera vraisemblablement 10,5 milliards $ aux entreprises sans même que la société n’en discute.

Après ça, comment penser que ces gens-là discutent sérieusement.

Le meilleur exemple se rapporte aux « nouvelles offres » du gouvernement.  Le 1% de la cinquième année serait ramené à la deuxième année. 

Les médias n’arrêtent pas de marteler qu’il y a eu de nouvelles offres et que les syndicats les ont
rejetées du revers de la main.  Bravo pour la désinformation et l’intoxication organisées.

Pour ridiculiser l'ex-ministre, Yves Bolduc ( 14 ) qui avait dit « Le manque de livres dans une bibliothèque n'avait jamais tué personne»

Avec le concours inconditionnel d’un système médiatique de grands patrons, pas besoin de parler sérieusement.  Il serait temps que les syndicats comprennent qu’ils doivent utiliser l’argent des travailleurs non pas en constructions prétentieuses, mais en organisant la contre offensive idéologique.  Si les travailleurs votent à droite, très maladroitement, c’est en grande partie la faute des syndicats qui ne font rien.  Ils donnent quelques sous à Léopold Lauzon, pour faire des recherches très ponctuelles, et pensent que ça suffit.  On est loin du compte et on a les résultats que l’on voit. 

Cette conclusion nous mène à une vision de l’État comme un enjeu sans cesse débattu et non pas comme une « vérité révélée » fixée d’une manière immuable.  Cela dit, comme l’État n’est qu’un consensus (l’État n’existe que parce que nous sommes d’accord qu’il existe), comme Dieu, il est donc entièrement fait de discours et c’est pourquoi ceux qui le contrôlent ne tiennent pas forcément des discours qui sont en accord avec leurs actions. 

Dans cet ordre d’idées, l’État est devenu la providence des entreprises alors que le discours le présente comme le soutien des pauvres, des bons à rien, des paresseux et autres BS, qui passent leur vie en Floride en faisant déposer leur chèque par leur beau-frère qui travaille, lui, et donc se les gèle au Québec.  Mais je devrais dire leurs chèques, car un seul ne les mènerait pas loin, vu les montants accordés.

 
 

L’État: providence de l'entreprise

 
 

Dans une économie libérale l’entreprise privée est sensée créer et répartir la valeur à travers les mécanismes comme les salaires, par exemple.  Cette répartition est d’autant plus nécessaire, théoriquement, que ce sont les travailleurs qui achèteront les biens produits; du moins c’était la trouvaille d’Henry Ford. 

Dans ce système l’État sert à palier les déficiences dans la répartition de la richesse et surtout à s’occuper des œuvres qui dépassent les limites d’une entreprise ou d’un secteur, comme la construction des infrastructures, par exemple. 

Ces infrastructures serviront aux entreprises à remplir leur mandat de créer et répartir la richesse. 

Les moyens pour avoir une population en santé, c’est-à-dire productive et instruite, c’est-à-dire capable de fonctionner dans des processus de production à haute valeur ajoutée, font partie de ces infrastructures. 

Normalement, pour fins de répartition de la richesse et pour fins de construction d’infrastructures et de soutien des services publics, le gouvernement doit recevoir de l’argent des entreprises et non pas leur en donner.  Donc, sa justification pour saupoudrer tous ces milliards sur les entreprises réside uniquement dans la réduction du chômage. 

 

Tableau 2

 

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Taux de chômage

8,5

8,2

8,1

7,3

7,2

8,6

8,0

7,9

7,7

7,6

7,7

Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active, adapté par l’Institut de la statistique du Québec.

 

Si on regarde bien, il semblerait que les plus ou moins trente milliards donnés aux entreprises depuis 10 ans n’ont pas fourni de résultats.  Mais peut-on croire que c’était fait de bonne foi?  Pour ma part, j’en doute. 

Si nous résumons la situation, en 2013-2014, les entreprises ont reçu, d’après Deloitte, la coquette somme de 3,5 milliards $ alors que, selon les comptes publics, elles ont payé 5,6 milliards $ en impôts.

Au net, ce n’est pas grand’ chose.

 Figure 1

Selon les prévisions budgétaires du gouvernement pour l’année qui vient (Figure 1), les impôts des sociétés seront réduits quasiment de moitié à 3,4 milliards $.  Si on continue à les arroser à la même vitesse, et il n’y a pas de raison ni de signe que les choses changent, nous donnerons aux entreprises, en 2014-2015 plus que nous en recevrons. 

N’est-ce pas génial?

Les entreprises québécoises vivent largement des aides gouvernementales alors que ce sont elles qui sont sensées le financer.  C’est, bien sûr, le monde à l’envers comme l’est l’hyperréalité en général : un discours qui vogue libéré de ses référents et ainsi de son sens fondamental.

Comme ces largesses gouvernementales ne créent pas l’effet souhaité (elles ne le peuvent pas), on se tourne vers le sempiternel grand projet qui va régler tous les problèmes.   Ce sera le Plan Nord.

 

Dans un premier temps, en plus de la création de la Société du Plan Nord, le budget 2014-2015 prévoit des investissements importants, soit:

  • 1 milliard de dollars pour la création de Capital Mines hydrocarbures;

  • 100 millions de dollars pour la formation des populations autochtones;

  • 20 millions de dollars pour le lancement d'une étude relative à un nouveau lien ferroviaire qui améliorera l'accès à la fosse du Labrador;

  • 3,2 millions de dollars pour soutenir la mise en oeuvre de la Stratégie touristique québécoise au nord du 49e parallèle;

Le gouvernement présentera par ailleurs, au cours des prochains mois, le détail de sa vision, de ses orientations ainsi que de la structure de gouvernance visant la relance du Plan Nord.

 

Jusqu’à présent, même en leur donnant les richesses, sans véritables impôts à payer et sans infrastructures à bâtir, il semble que peu d’entreprises soient vraiment intéressées.  Que faire alors?  La solution du gouvernement consiste à augmenter les cadeaux aux entreprises jusqu’à ce que ça devienne intéressant.  Mais ça n’arrivera pas.  Les conditions de folie qui ont entouré le projet de la Baie James ne reviendront plus, en tout cas pas de la même façon.

 
 

Pour conclure: quelques propositions:

 
 
  • méfions-nous du discours officiel sur l’État et l’état de l’État, il sert les intérêts uniquement de ceux qui le tiennent et de ceux qui les paient pour le tenir.
     

  • L’État n’est jamais vraiment à court d’argent dans une société qui produit de la richesse comme la nôtre.
     

  • l’État dépense des fortunes auprès des entreprises, sans jamais exiger de résultats alors qu’il prétend ne pas en avoir pour ses missions essentielles.
     

  • l’État a soutenu pendant des années la croissance du système de santé et du système d’éducation. Il abandonne désormais les deux.
     

  • Serait-ce parce que les entreprises n’ont plus autant besoin de la force de travail pour produire?

Cela dit, qui va les acheter leurs « bébelles » si les gens n’ont plus d’argent?

oui, je sais, on va leur en prêter, et ainsi ils paieront plusieurs fois le prix pour les biens achetés.  Mais est-ce que ce système à une limite?

Certains se souviennent du temps où on ne payait pas nos fonctionnaires, ils se payaient alors « sur la bête », comme on dit en France.  C’est-à-dire qu’ils prélevaient directement les sommes que l’État ne leur versait pas mais qu’il tolérait qu’ils extorquent aux citoyens.  C’était l’époque d’une fonction publique remplie par patronage, sous-qualifiée qui faisait fonctionner le petit système de privilèges, mais qui ne pouvait d’aucune façon faire fonctionner un état moderne.

Quand le ministre Coiteux nous dit que nous ne pouvons nous payer le luxe de payer les travailleurs de l’État, croit-il que nous pouvons nous payer le luxe de revenir à cette époque pré-révolution tranquille?

Conclusion des conclusions : il nous faut des moyens de lutter contre l’intoxication ambiante et retrouver (à supposer que nous l’ayons jamais eu) le sens des institutions dans lesquelles nous croyons vivre.

Source: Gaétan Breton: Comptable de formation, il est titulaire de nombreux diplômes dont un Baccalauréat en Administration des Affaires de l'École des hautes études commerciales de Montréal et un doctorat en comptabilité de la City University de Londres. Il est également diplômé de l'UQÀM (Baccalauréat en études littéraires) et de l'Université de Sherbrooke (Maîtrise en études françaises). Auteurs de plusieurs livres - Ici

Choix de photos, mise en page, certaines références et titrage par : JosPublic
Publication : 16 novembre 2015

Ci-dessous: des textes en lien direct avec le sujet:

Notes & Références encyclopédiques:

01

 

Toutes les références imputées au Ministre des finances, sont tirées des documents budgétaires de l’année citée.

 

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02

 

Qu'est-ce que le « big bath accounting »«grand bain comptable ou nettoyage de comptes»:  Un des défis majeurs dans ce cas est de reconnaître la présence du phénomène.  Sans le nommer directement, Pourcieau (1993) teste le niveau de gestion des résultats dans les cas de changement non routinier de direction, un événement qui, typiquement, crée un terrain favorable pour le nettoyage des comptes.  Elle observe que le nouveau dirigeant adopte des politiques destinées à réduire les résultats du premier exercice, afin de mieux les augmenter dans les exercices suivants.  Ceci est cohérent avec l'hypothèse du nettoyage de compte. (Hervé Stolowy, groupe HEC-France et Gaétan Breton, Université du Québec à Montréal Canada, 28 janvier 2003).

 

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03

 

Le Capital au XXIe siècle par Thomas Piketty
Directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et professeur à l'École d'économie de Paris

Date de parution 05/09/2013

Les Livres du nouveau monde

976 pages - 

Sur - Éditions du Seuil

 

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04

À propos du programme du gouvernement du Québec: Crédit d'impôt LogiRénov

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05

À propos du Plan Nord - Sur MétéoPolitique

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06

Histoire du projet de la Baie-James - Sur Wikipédia

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07

Commission d’examen sur la fiscalité québécoise - Site internet de la Commission

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08

 

Claude Montmarquette est un pur produit de l’école économique de Chicago, où Milton Friedman y a sévi pendant plusieurs années.  En résumé c'est un spécialiste du définancement de l'État ayant comme objectif de transférer toutes les opérations vers le secteur privé de l'économie.  Ce dernier, qui a profondément inspiré cet autre signataire du Manifeste des lucides, a toujours préconisé que la réduction du rôle de l’État dans une économie de marché était le seul moyen d’atteindre la réelle liberté politique et économique.  C’était la présence de Friedman à une conférence en Islande en 1984 qui a entraîné ce pays dans une vague de réformes, de privatisations, de baisses d’impôts, de déréglementations et de hausses de tarifs ayant résulté non pas en un paradis économique libertarien, mais plutôt à la faillite.  Toujours très près du CIRANO et de l’Institut économique de Montréal (IEDM), ce think-tank dirigé par Hélène Desmarais, l’épouse du président du conseil de la Power Corporation, il a remis un rapport au gouvernement, il y a quelques années, proposant précisément ce types de remèdes douteux pour le Québec. Objectivité? Indépendance? - Sur Le Dernier Québécois.

 

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09

 

Biographie de Bernard Gauthier: «Rambo» sans tabou - Le Soleil, le 1er octobre 2014

 

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10

 

Commission de révision permanente des programmes ou Commission Robillard du nom de sa présidente Lucienne Robillard - Privatisation du rôle de l'État du Québec: le Québec sur le Ro-Billard - Sur MétéoPolitique

 

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11

Institut de la statistique du Québec, 2013, Rémunération des salariés : État et évolution comparés. Gouvernement du Québec, Institut de la statistique du Québec, Québec.

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12

 

 

Employés.es de l'État: des régimes de retraites trop généreux?

L'actuaire Denis Leclerc, résident de Québec trouve que depuis quelque temps, les régimes de retraite, notamment ceux du monde municipal et du secteur public, reviennent plus souvent dans l’actualité.  On montre du doigt leur générosité et

la faible quote-part que doivent financer les employés.  Mais est-ce vraiment le cas pour les régimes de retraite des 550 000 salariés de l’État québécois, autres que ceux des policiers provinciaux, des juges de la Cour du Québec ainsi que des élus eux-mêmes ?  Les maires Labeaume et Coderre oublient de donner l'exemple.

 

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13

 

Bombardier, altitude immorale - Par Patrick Lagacé - Sur La Presse, le 17 décembre 2014

 

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14

 

Yves BOLDUC
Hommes d'affaires dans la restauration, médecin, député et ministre du Parti Libéral du Québec.

Nouvelle analyse: le Dr Yves Bolduc a menti à tout'l'monde

Demande de démission et plainte à l'Ordre des médecins du Québec seraient appropriées. Depuis le début de l'affaire Bolduc, JosPublic a suivi toute l'argumentation des uns et des autres. À son avis la vision du chroniqueur financier, François Pouliot du journal Les Affaires, est la plus claire. Sauf, que ni Pouliot ni JosPublic n'avait vu ou relu ce que le Dr Bolduc avait déclaré le 4 octobre 2012.

 

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