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Condition émise par
Couillard: Fatima Houda-Pepin doit garder le silence |
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À
propos de la publication de la lettre de la députés
musulmane et Libérale Fatima Houda-Pepin: «C'est
un geste sérieux qui a été posé. Les conséquences
pourraient aussi être sérieuses si d'autres gestes
ne sont pas posés», a dit M. Couillard en point
de presse.
Le chef libéral réclame de la députée de La Pinière
«un engagement explicite et non ambigu à
travailler avec le caucus.» |
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Madame Fatima Houda-Pepin n'a pas eu de contact avec Monsieur Philippe
Couillard, ni avant, ni depuis sa lettre du 14 novembre
2013, dans laquelle elle prend ses distances de la position
du parti sur la laïcité
( 01 ) en général et sur port du
tchador en particulier.
Elle n'a accordé aucune entrevue à la suite des déclarations
faites vendredi le 15 novembre 2013 par son chef, qui la
somme de ne plus faire bande à part et d'indiquer rapidement
qu'elle se rallie au caucus libéral et à ses positions.
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Sur le port du tchador, M. Couillard a cependant
donné raison à sa députée, et désavoué du même
souffle un autre de ses députés, Marc Tanguay,
en disant qu'il exclura toute candidate
éventuelle qui chercherait à se faire élire
affublée d'un tchador
Sur ce point, le ministre responsable des
Institutions démocratiques et parrain de la
charte de la laïcité, Bernard Drainville, a jugé
que le chef du Parti libéral du Québec (PLQ)
semait la confusion.
«Il dit maintenant qu'il est contre le
tchador pour les candidates libérales, mais il
continue d'être pour le tchador dans le cas des
fonctionnaires, des éducatrices et des
enseignantes. Comprenez-vous quelque chose? Moi,
j'ai de la misère à le suivre et je ne dois pas
être le seul», a-t-il dit lors d'un point de
presse.
Il invite le chef libéral Philippe Couillard à «refaire
ses devoirs». «On ne sait plus trop
quelle est la position du parti libéral sur la
charte des valeurs», a-t-il commenté. |
Dans sa lettre
la députée de La Pinière contestait l'ouverture du parti au
tchador, prônait une limite aux libertés fondamentales si
elles venaient en contradiction avec le principe d'égalité
hommes-femmes et jugeait que l'approche actuelle du parti
sur ces questions marquait une rupture avec l'histoire du
PLQ.
M. Couillard a pu prendre connaissance du contenu de la
lettre en même temps que tout le monde, la députée ne
l'ayant pas avisé de sa démarche.
La veille, les libéraux avaient tenu un caucus houleux, au
cours duquel Mme Houda-Pepin aurait défié son chef,
indiquent des témoins. Elle lui aurait reproché de ne pas
prendre en compte suffisamment ses idées.
Depuis, les ponts semblent coupés entre la députée, ses
collègues et son chef.
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L'ex-premier ministre péquiste Jacques Parizeau
a mis son grain de sel dans le débat, en affirmant
que tous les chefs des partis représentés à
l'Assemblée nationale «devraient chercher à
s'entendre sur une formulation», en faisant
référence au projet de charte des valeurs du
gouvernement Marois. «En ce moment, avec des
discussions comme celles-ci, nous définissons la
société dans laquelle nous voulons vivre»,
a-t-il poursuivi. |
« |
Alors il
ne faut pas reculer devant le débat; il ne faut
pas s'étonner du tout que ça craque à
l'intérieur des partis... C'est peut-être un
signe de maturité qu'on accepte de discuter de
questions comme celles-là dans notre société
- Jacques Parizeau
Professeur d'économie et ex-premier ministre du
Québec |
» |
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Le
test de Philippe Couillard
Extrait d'un texte de Josée Legault
Politologue et blogueuse |
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Pour le chef
libéral,
Philippe
Couillard,
la sortie de
sa députée
est un
véritable
test
politique.
Si, à terme,
il
l’expulse,
il dira en
fait que
s’il défend
les libertés
fondamentales
sur toutes
les
tribunes,
cette
liberté ne
s’étendrait
pas à ses
députés sur
des
questions également
fondamentales.
Si, par
contre, il
réussit son
appel à la «réconciliation»
lancé ce
matin à Mme
Houda-Pepin,
il devra lui
donner des
responsabilités
à la hauteur
de ses
connaissances
et de son
expérience
dans ce
dossier. |
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Le 15 novembre 2013, M.
Couillard disait en
effet souhaiter le
retour de Fatima
Houda-Pepin au caucus.
Disant qu’elle avait
posé un «geste de
rupture», il posait
une condition à son
retour : qu’elle
travaille dorénavant
avec le caucus. En
d’autres termes, il lui
demande de s’«exprimer»,
mais à l’intérieur du
caucus…
Il se disait aussi en
accord complet avec les
propos de sa députée sur
le tchador. Et donc, en
désaccord avec ceux de
son député Marc Tanguay…
La sortie de
Mme
Houda-Pepin
a donc forcé
le chef
libéral à
aller plus
loin que la
position de
son parti
sur les
signes
religieux –
soit
d’obliger
seulement la
prestation
et la
réception de
service
publics «à
visage
découvert».
Plus loin,
parce que le
tchador se
porte en
fait à
«visage
découvert»…
Bref, avec
sa lettre
d’une
extrême
clarté et
habilité
politique –
puisqu’elle
ne s’y
prononçait
pas en
faveur de la
charte du
gouvernement
-, Mme
Houda-Pepin
a fait
bouger son
parti et
place son
chef face à
ses propres
contradictions.
Ce faisant,
elle a
réussi à
établir un
certain
rapport de
forces face
à la
direction
d’un parti
auquel, par
ailleurs,
elle
s’identifie
profondément
depuis
longtemps. |
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Ce rapport de forces,
elle l’a également parce
qu’elle est à l’origine
depuis des années d’une
pensée étayée contre la
montée des intégrismes
religieux. C’est
d’ailleurs sur cette
question spécifique que
planche le PLQ dans la
préparation de son
propre projet de
loi. Or, là où le bât
blesse, c’est quant au
rôle de Mme Houda-Pepin
dans ce processus....
ici pour accéder à
l'ensemble du texte de
Josée Legault
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François Legault de la
Coalition Avenir Québec se ridiculise |
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Entrevue radiophonique
exclusive de Fatima Houda-Pepin |
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Fatima
Houda-Pepin décide de briser le silence et prend ses
distances avec la position de son parti sur la laïcité de
l'État. Elle a été blessée et choquée par la sortie de son
collègue Marc Tanguay qui soutient qu'une femme qui
porterait le tchador serait acceptée parmi les candidates du
PLQ aux prochaines élections. La lettre de la députée de La
Pinière a déjà suscité beaucoup de réactions, dont celle du
chef libéral, Philippe Couillard, qui veut lui donner la
chance de s'expliquer. Entrevue sur Ici Radio-Canada
Première. Animation : Marie France Bazzo.
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Bris de silence et ouverture aux
dialogues : Entrevue avec Fatima Houda-Pepin |
Une «propagande haineuse», un véritable
«cancer», se dissémine dans notre société
depuis 25 ans, «sous couvert de religion»,
l'islam «réductionniste», a accusé
hier la députée libérale de La Pinière,
Fatima Houda-Pepin, dans un entretien au
Devoir où elle a remis en question la
représentativité de certains des
porte-parole de cette communauté. Seule élue
québécoise musulmane, elle insiste pour dire
qu'elle ne veut d'aucune façon préjuger de
la culpabilité des 17 présumés terroristes
torontois, arrêtés vendredi.
Elle souscrit évidemment aux appels au calme
et à la prudence.
Mais elle considère que Québécois et
Canadiens, «quelle que soit l'issue des
procès», doivent prendre conscience d'un
fait: «Tant et aussi longtemps qu'on
laissera des gens, ici, faire des
endoctrinements et lancer des messages de
haine à l'encontre des autres parce qu'ils
sont d'une autre religion, d'une autre
culture, d'une autre idéologie ou d'une
autre pratique religieuse, nous allons avoir
des problèmes.»
Mme Houda-Pepin, qui n'a jamais été tendre à
l'endroit des sections radicales de
l'islamisme, avait présenté l'an dernier une
motion à l'Assemblée nationale (finalement
adoptée à l'unanimité) en opposition au
projet de tribunaux islamiques en Ontario.
Elle s'inquiète des propos auxquels les
citoyens musulmans sont exposés «dans des
lieux de culte» ou «dans des cercles
de réflexion ou d'échange spirituels».
Là, dit-elle, se tiennent «des discours
haineux extrêmement violents à l'endroit de
tous les "mécréants"; entendez par
"mécréants" tous ceux qui ne sont pas
musulmans, d'une part, et, d'autre part, les
musulmans qui ne pensent pas comme eux.
Selon la députée, «la violence commence
là: lorsqu'on propage un discours de haine à
l'encontre de l'autre, à cause de sa
différence». D'après elle, «il faut
arrêter de se fermer les yeux sur cette
réalité parce que nous sommes tous perdants
si on continue de fermer les yeux sur ce
phénomène».
Comme les skinheads
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Elle s'étonne du fait que l'on
soit si vigilant envers les «discours
haineux» que propagent les «skinheads»,
par exemple, mais dès que des
propos de la même eau sont
formulés dans un discours «religieux»,
on laisse faire. «Je présume
et je suppose qu'il est permis
d'interdire!», dit-elle en
contre-pied au fameux slogan de
mai 1968, «il est interdit
d'interdire». Elle fait
remarquer que le code pénal
canadien contient «tout ce
qu'il faut» pour mettre fin
à cette «propagation haineuse
sous couvert de religion». «C'est
aux autorités compétentes d'agir
en conséquence»,
insiste-t-elle. |
Surtout que toute cette haine est un produit
d'importation qui cause un problème de
représentativité. Ses propagateurs font
partie, dit-elle, d'un «petit segment
minoritaire» chez les musulmans d'ici,
«une mouvance alimentée aux conflits
importés d'ailleurs, aux sensibilités venant
d'ailleurs; elle s'est organisée autour d'un
certain leadership importé d'ailleurs»,
affirme-t-elle. Elle pense par exemple «à
des gens qui viennent ici comme imams, ils
sont formés à l'étranger, payés par
l'étranger, pour promouvoir au Québec et au
Canada un islam de l'étranger qui n'a aucun
rapport avec la réalité et les contextes
proprement québécois et proprement canadiens».
Ce «segment» travaille depuis
longtemps au Canada, depuis quelque «25
ans», soutient-elle.
Et ceux qui le
composent sont bien alimentés à tout point
de vue (financement, mobilisation,
structure) et cherchent à s'imposer par tous
les moyens aux communautés musulmanes.
«D'une
certaine manière, ils essaient de définir la
communauté au Canada et au Québec»,
dit-elle. |
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Le 22 avril 2013, la
chef surintendant
Jennifer Strachan a
tenu une conférence
de presse pour
annoncer
l'arrestation de
deux individus
accusés d'avoir
planifié une attaque
terroriste contre un
train voyageur de
Via |
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Mais il y a un problème: «N'importe qui
peut se déclarer imam», déplore Mme
Houda-Pepin. «Ce n'est pas comme le
sacerdoce, où vous avez une structure, une
Église organisée, où les titres valent
quelque chose, où les gens ont passé à
travers une formation académique, une
formation personnelle, qui les a amenés à
une reconnaissance d'un statut précis.»
Même si vous faites n'importe quel métier,
soutient-elle, «vous pouvez presque
entrer dans une mosquée, dire que vous
voulez être un imam et vous êtes un imam!
Pourvu que vous ayez l'argent qui coule
derrière vous, parce que c'est ce qui est
nécessaire. Et alors, vous pouvez prendre la
communauté en otage».
En contrepartie, «l'immense majorité»
de cette communauté, dit-elle, ne se
reconnaît pas dans ces imams souvent invités
par les médias pour parler au nom des
musulmans. «Il n'y a pas de leadership
unifié, il n'y a pas d'interlocuteurs qui
vont refléter l'opinion, le point de vue ou
le sentiment de la très vaste majorité»,
déplore-t-elle.
«Ceux qui s'intègrent,
ceux qui vivent en harmonie avec leur milieu
ne sont pas organisés, n'ont pas de voix
reconnue pour refléter leurs sentiments et
leurs réactions.» Et cette situation est
«profondément dramatique», souligne
Mme Houda-Pepin, parce que de nombreux
membres de cette majorité «non organisée»
se sentent floués: «Quand on les rencontre,
ils vous disent: "Moi, j'ai quitté mon pays,
j'ai quitté ma famille pour fuir
l'extrémisme, la violence, le fanatisme,
pour combattre ces éléments-là, et ici, on
m'associe à ceux qui représentent cela!"»,
raconte la députée.
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L'imam de
l'association des
étudiants musulmans
de l'Université
Laval,
Hamza Chaoui tient
des propos assez
extrémistes |
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Un «cancer»
Ainsi, s'il faut bien sûr faire «tous les
efforts nécessaires pour encourager
l'intégration des communautés musulmanes au
Québec, au Canada», il faut aussi, selon
elle, «avec la même énergie et avec la
même force, dénoncer les éléments
extrémistes qui sont en train de disséminer
une vision de l'islam qui est totalement en
rupture avec ce qu'on devrait vivre dans le
monde moderne. C'est un vrai cancer qui est
en train de se répandre dans la communauté».
À preuve, ces burqas qui se multiplient chez
nous et qui, notamment, étaient
omniprésentes autour du palais de justice: «C'est
une violence faite aux femmes de les forcer
à porter ça, une ségrégation. On leur
apprend à haïr l'autre, on leur apprend à ne
pas donner la main à l'autre. On leur
apprend à prendre leurs distances par
rapport à l'autre.»
Lutter contre l'extrémisme ici, c'est du
reste aider d'autres pays musulmans qui
tentent de s'en sortir, affirme-t-elle. Il
faut en somme agir localement et penser
globalement car il y a aujourd'hui un
extrémisme sans frontières qui est un
sous-produit de la mondialisation.
«L'ayatollah
Khomeiny, lorsqu'il est rentré en Iran en
1979, il est parti d'où? De la banlieue de
Paris, rappelle la députée. Est-ce que vous
vous rendez compte que plusieurs mouvances
qui se déploient à l'heure actuelle dans le
monde ont leurs pieds à terre dans les pays
démocratiques pour frapper ces autres pays
qui cherchent justement à leur barrer la
voie chez eux? L'internationalisation est
déjà là. Donc, personne ne peut mener ce
combat-là seul.»
Le discours de Mme Houda-Pepin débouche sur
un plaidoyer pour l'aide internationale à
ces pays aux prises avec l'islamisme, par
exemple le Maroc. «Si on est capable de
dépenser des milliards de dollars pour
envoyer des soldats en Irak prétendument
pour implanter la démocratie, est-ce qu'on
ne pourrait pas prendre le quart de cet
argent-là et aider des pays qui veulent
aller vers la démocratie et les soutenir
dans leur destin?»
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