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Dicton populaire vénézuélien: la politique bouge tellement qu’il est ennuyeux d’aller au cinéma
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Un plan anti-corruption du président Maduro |
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Depuis que l’ex-procureure générale
Luisa Ortega a fui la justice de son pays, il n’est de semaine sans qu’on découvre de nouveaux réseaux de corruption sur le point de pousser l’industrie publique du pétrole (PDVSA)
à une faillite généralisée comme point d’orgue de la déstabilisation.
Alors que les cours pétroliers remontent fortement, le président Nicolas Maduro a décidé de stopper une fois pour toutes la saignée quotidienne de
millions de dollars – hypothèque de la filiale CITGO à des fonds vautours, surfacturations ou contrats-fantômes, vols d’infrastructures, bateaux bourrés de pétrole vendus en secret par des tiers.
L’enquête menée par le nouveau procureur général Tarek William Saab frappe fort, jusqu’aux plus hautes
sphères de l’« État dans l’État ».
Le
30 novembre 2017
l’ex-ministre du pétrole et l’ex-président de
PDVSA ont été
arrêtés à Caracas,
imputés pour divers délits de corruption, comme
avant eux une soixantaine de hauts fonctionnaires.
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L’enquête s’étend à d’autres dossiers explosifs comme le CADIVI-CENCOEX (octroi de devises d’État au secteur privé), Odebrecht (méga-contrats avec le géant
brésilien de la construction) ou la compagnie de l’électricité : on peut s’attendre à d’autres surprises dans les semaines qui viennent.
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Eulogio du pin et Nelson Martínez |
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Les deux
principaux ex-chefs de l'industrie pétrolière vénézuélienne,
Eulogio du pin et Nelson Martínez, ont été
appréhendés par le contre-espionnage (DGCIM) à l'aube de ce jeudi 30
novembre 2017 étant liés à un certain nombre de cas de
corruption. L'information a été confirmée ce midi dans une
conférence de presse du Procureur général Tarek Williams Saab,
qui a exposé en détail la relation entre les deux anciens
fonctionnaires et le système mis en place et qui est sous
enquête par le
ministère public depuis août 2017. |
Pendant ce temps, une
droite très divisée, socialement affaiblie depuis l’échec de son
insurrection violente d’il y a quelques mois, a fini par s’asseoir à la
table des négociations avec le gouvernement bolivarien, sous l’œil de
médiateurs internationaux comme l’ex-président espagnol
Rodríguez Zapatero. Le 10 décembre 2017 s'est tenu les élections municipales,
voir le texte ci-dessous et il y aura en 2018, les présidentielles.
L’Amérique Latine, loin d’une « fin de cycle », compte sur un
potentiel électoral important pour poursuivre la
transformation sociale et politique.
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Triomphe
chaviste aux élections municipales du Venezuela | |
Dans 300 mairies les
citoyens et citoyennes ont choisi des candidats chavistes sur les 335
mairies à pourvoir d'élus.es. L’importante victoire du chavisme aux
élections du 10 décembre 2017 confirme – comme lors des votes de juillet
et d’octobre 2017 – l’abîme entre l’image martelée par les médias d’un
gouvernement de « dictature » et une démocratie
venezuélienne qui bat des records en matière d’élections.
Ce scrutin est le 24ème en
18 ans de révolution. Le Conseil
des Experts Electoraux d’Amérique Latine (CEELA) a rappelé par la
voix de son président Nicanor Moscoso que les partis de droite comme de
gauche ont déclaré être satisfaits du déroulement des 9 audits
préalables aux élections : « Ce processus d’audit est inédit et unique
dans la région. Il permet que toutes les étapes du processus, tout ce
qui est programmé et tout ce qui fait partie du processus soit contrôlé
par des techniciens et par les membres des différents partis politiques
délégués devant le
Centre National Électoral »
Plus de 5 mille candidats
s’affrontaient dans ces élections. Le Grand Pôle Patriotique (coalition
chaviste) ayant présenté des candidatures uniques, la grande majorité
des candidats étaient d’opposition.
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Le Conseil des Experts Électoraux Latino-Américains (CEELA),
a observé le déroulement du scrutin. | |
La participation a atteint 47,32%, soit 9.139.564 électeurs et électrices (davantage qu’aux présidentielles chiliennes).
C'est un chiffre considérable d’autant que le scrutin était organisé en
pleine guerre économique, avec chantage aux prix des produits de base de la part du secteur privé et blocus financier occidental, et que les secteurs radicaux de
l’opposition avaient appelé à le boycotter. |
Ce scrutin a aussi valeur de symbole régional: au même moment, au Honduras,
la population voit son droit au suffrage présidentiel réprimé dans le
sang, sous la pression des États-Unis et d’une oligarchie économique et militaire, sans que les médias occidentaux s’en émeuvent outre mesure.
On pourrait donner une
importance moindre à l’élection municipale qu’à celle des députés à la
Constituante en juillet 2017 ou à celle des gouverneurs en octobre 2017.
En réalité elle renforce la politique de dialogue et de sortie de crise
« par le haut » prônée par le gouvernement bolivarien.
L’intensité de la
déstabilisation meurtrière entre avril et juillet 2017, dont le montage
inversé avait servi aux médias à faire croire à une répression du
« régime », n’a fait que galvaniser le rejet de la violence par la
majorité des vénézuéliens.
Les sondages confirment
leur préférence pour un dialogue politique auquel plusieurs partis de
droite ont finalement accepté de respecter. Le président Maduro a
annoncé une réunion nationale le 16 décembre 2017 avec les 335 maires
élus et les 23 gouverneurs pour mettre en place « un seul plan de
services publics ». Le président
Evo Morales l’a félicité:
« chaque élection au Venezuela met en échec les plans d’interventions de
l’Empire ». Prochain rendez-vous dans quelques mois, en 2018, pour
les présidentielles.
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Avec 66,17 % des
suffrages la nouvelle mairesse de Caracas, Erika Farias a été
propulsée par l’électorat des grands quartiers populaires et
dépasse même le score de son prédécesseur chaviste Jorge
Rodriguez.
Son programme vise
à mettre en place dans la capitale un « grand réseau de
pouvoir communal ».
La droite conserve
les mairies du Caracas « chic » :
Chacao,
Baruta,
El Hatillo, ou celle de
San Cristobal, à la frontière
colombienne (un centre de contrebande notoire). |
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Maduro nomme un
incorruptible à la tête de la Justice Vénézuélienne | |
C’est le
Président Nicolas Maduro lui-même qui a pris la tête
du combat que mène le gouvernement bolivarien contre la
corruption et est dirigé depuis l'État lui-même.
À
plusieurs occasions, il
exigea de la
Ministre de la Justice, Luisa Ortega Diaz de
sanctionner les délits de corruption affectant la stabilité
de la nation. |
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Mais Ortega Diaz et son
époux German Gerrer ont construit une pyramide d’impunité et
faisaient chanter (pour procéder à des extorsions) ceux qui auraient dû
être condamnés pour ces mêmes délits, confiants dans le vieil adage qui
absout le « voleur volé »; se voyant découverts, ils ont fui le
pays pour se joindre à la campagne internationale contre le Venezuela.
Contrairement à Ortega
Diaz, le Procureur Général qui lui a succédé – Tarek William Saab
– personnifie l’État vénézuélien et a pris l’offensive contre la
corruption, aboutissant à la détention du déjà cité Orlando Chacin,
qui était aussi le vice-président du service Exploration et Production
de PDVSA.
Des chefs d’accusation tels que « association de malfaiteurs,
obstruction à la liberté de commerce et collusion de fonctionnaires
avec des entreprises », ainsi que de « détournement de fonds et
dommages causés à l’industrie pétrolière » lui ont été imputés.
Cela
permet de constater deux choses : premièrement que la lutte
menée contre la corruption inclut les cadres supérieurs les
plus proches du gouvernement, deuxièmement, que la
corruption constitue l’instrument utilisé par les intérêts
des transnationales pour
saboter l’économie nationale
et détruire l’infrastructure de la plus importante
entreprise du Venezuela.
La
réaction de médias tels que Reuters a été très suspecte, car
au lieu de saluer ces détentions, l’agence tente de
ternir cet important coup porté à la corruption
en dénonçant un prétendu affrontement qui n’existe pas entre
le Tribunal Suprême de Justice et le Ministère Public.
En plein
XXIème (21e) siècle, tandis que les médias privés
d’information contrôlent toujours davantage l’opinion
publique, au beau milieu d’une guerre multidimensionnelle
qui produit des matrices d’opinions bénéficiant à l’élite
occidentale, les enquêtes des principales agences
internationales et d’ONGs qui publient et établissent des
classements (rankings) de corruption dans différents pays, se basent sur des
« enquêtes d’opinion » et non sur des chiffres réels,
comme par exemple le nombre de plaintes publiques ou
officielles déposées, de chefs d’accusation et
d’arrestations, ce qui aurait un caractère plus scientifique
mais pourrait évidemment montrer au grand jour la réalité
des chiffres, mettant les États-Unis et leurs alliés de la
région sur la sellette.
Cela
montre clairement que le modèle étatsunien de
« lutte contre la corruption »
tant vanté n’est qu’un
combat acharné contre l’État-nation pour éliminer les
contrôles et faire du pillage et de la spoliation des
ressources des pays d’Amérique Latine un acte légitime, par
des discours prétendant justifier la nécessité de réduire la
figure étatique et de tout abandonner aux mains des
monopoles privés.
Pour le Venezuela en revanche, la lutte contre la corruption
est un combat vital pour garantir la solidité de l’État,
protéger et réorganiser les entreprises importantes pour le
pays (comme la compagnie pétrolière publique PDVSA) ainsi
que le système de gestion des devises dans un contexte
économique où elles sont moins abondantes que les années
antérieures. Toutes ces actions dépassent la simple
question de l’économique et ont pour objectif la sécurité et
la défense nationales. |
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Tarek William Saab |
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Luisa
Ortega Diaz |
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German Gerrer |
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Orlando
Chacin | |
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Qui
est donc cette enquêteur mandaté par l'ONU? | |
Alfred-Maurice de Zayas a étudié l’Histoire et le Droit à Harvard, où il a obtenu
son diplôme en droit des sociétés, travaillant dans le cabinet d’avocats new-yorkais Simpson Thacher et Bartlett. Il est membre retraité des barreaux de New York et de Floride. Il
a obtenu un doctorat en histoire à l’Université de Göttingen en Allemagne. M. de Zayas a été professeur de droit à de nombreuses universités, dont l’Université de
Colombie-Britannique au Canada, l’Institut des hautes études de l’Université de Genève, l’École de droit DePaul University (Chicago), l’Institut des droits de l’homme de l’Université
nationale irlandaise (Galway) et l’Université de Trèves (Allemagne). Actuellement, il enseigne le droit international à l’École de Diplomatie de Genève.
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En 2009, de Zayas a été membre de l’atelier de l’ONU qui a rédigé un rapport sur le droit humain à la
paix, qui a ensuite été discuté et développé par le Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme. Membre de plusieurs organisations
internationales des droits humains comme
Amnesty International ou l’
AEDIDH
, il est également signataire de la Déclaration de Bilbao et de la Déclaration de Saint-Jacques de Compostelle sur le droit humain à la paix.
Il a été consultant auprès du Haut-Commissariat aux droits de l’homme sur la question des mercenaires.
De Zayas est un expert en droits civils et politiques et a publié neuf livres sur une variété de questions juridiques et historiques, y compris
« Jurisprudence du Comité des droits de l’homme des Nations Unies » (avec Jakob th Möller, NP Engel 2009), et a été co-auteur et coéditeur de nombreux
autres livres, dont «International Human Rights Monitoring Mechanisms» (avec Gudmundur Alfredsson et Bertrand Ramcharan)
Ses articles scientifiques dans l’Encyclopédie Max Planck du droit international public, Oxford Encyclopedia of
Human Rights et Macmillan Encyclopedia of Genocide, englobent l’interdiction de l’agression, la juridiction universelle, le droit à la patrie, les transferts
massifs de population, les droits des minorités, le rapatriement, les aspects juridiques de la guerre civile espagnole, la détention indéfinie, Guantanamo et
le droit à la paix.
Il parle couramment six langues et a publié un livre de traductions de Rilke avec des commentaires (« Larenopfer »
, Red Hen Press 2008) et achève la traduction de « Das Lied des Lebens » d’Hermann Hesse. De 2002 à 2006 il a été secrétaire général
et de 2006 à 2010,
président de PEN International, Centre Suisse romand. Il a été membre de plusieurs conseils consultatifs, notamment de la Société internationale des
droits de l’homme (Francfort-sur-le-Main), du Zentrum gegen Vertreibungen (Berlin), de l’Association internationale des droits de l’homme des minorités
américaines et du Conseil scientifique de l’Académie internationale de droit constitutionnel (Tunis). Il a reçu plusieurs prix, dont récemment le
«Prix des éducateurs canadiens 2011» pour l’éducation sur le génocide.
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Source: Textes par Thierry
Deronne, Caracas le 30 novembre 20217 et le 11 décembre 2017;
De Zayas: No hay crisis humanitaria en Venezuela - en espagnol sur Ultimas Noticias |
Choix de photos, collection de textes, mise en page, références et titrage par :
JosPublic
Mise à jour le 11 décembre 2017 |
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