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Selon ce que prévoit le gouvernement Legault, trois massifs forestiers situés dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui faisaient l’objet d’une « protection administrative » interdisant l’abattage industriel d’arbres se verront retirer leur statut de conservation temporaire. L’un d’eux, situé dans le secteur de la rivière Péribonka, a même déjà été ciblé pour un projet d’aire protégée qui recouvrait une partie du territoire, afin de préserver le « corridor visuel » de cette rivière importante. Le Ministère de forêt de la faune et des parcs (MFFP), qui a choisi de reporter à 2023 la mise en oeuvre d’une « stratégie » de protection du caribou forestier, entend ainsi « rendre disponibles pour la récolte 46 000 hectares de forêt », ce qui représente une superficie de 460 kilomètres carrés. On promet toutefois une « consultation publique ». Pourquoi effacer cette mesure de protection temporaire, alors que le caribou forestier est inscrit comme espèce « menacée » depuis l’an 2000, selon la législation fédérale sur les espèces en péril ? « Les données récentes issues du système de suivi démontrent l’absence de localisation de caribous dans ces secteurs », précise le ministère, pour justifier sa décision. « Les massifs se trouvent en dehors des vastes espaces propices, zones d’habitat en restauration et zones de connectivité proposée dans le but d’assurer la pérennité du caribou forestier », ajoute-t-on, par courriel.
Selon la carte fournie au
journal Le Devoir par le MFFP, le caribou forestier est bel et bien présent
dans la région, même si les coupes forestières ont empiété sur son habitat
au fil des ans. Mais les relevés indiqueraient que les cervidés n’ont
pas fréquenté précisément les trois secteurs bénéficiant d’une « protection administrative ». Ils auraient été présents jusqu’à
une distance d’environ 10 kilomètres d’un des trois massifs, et d’environ 20
kilomètres d’un autre massif.
« Le gouvernement aura beau jeu par la suite de dire qu’il n’y a pas de caribous. Évidemment, une fois que la vieille forêt aura été détruite, ils ne reviendront plus, puisqu’ils n’auront plus de nourriture. Le territoire, une fois que la forêt aura été coupée, ne sera plus un habitat propice pour au moins 60 ans », ajoute Henri Jacob. Place aux prédateurs
C’est le scénario à redouter, souligne Martin-Hugues St-Laurent, qui déplore que le gouvernement Legault ait annoncé récemment une stratégie qui se concentre sur le contrôle des prédateurs dans les secteurs de Val-d’Or et de Charlevoix. « Le contrôle des prédateurs est un élément, mais il est impossible de corriger la situation sans mettre en place différentes mesures. Il faut notamment limiter la perturbation du territoire. Le cas de la Gaspésie illustre bien cette situation. Le contrôle des prédateurs est en vigueur depuis plus de 30 ans, mais la population continue de décliner. Pourquoi ? Parce que pendant cette période, nous avons coupé 50 % des forêts matures autour du parc national de la Gaspésie. » Pour le moment, et en l’absence de nouveau bilan disponible, on estime la population de caribous forestiers à 6 000 à 8 500 individus. L’objectif du Plan de rétablissement est d’atteindre au moins 11 000 caribous. Une cible inatteignable en l’état actuel des choses, selon Alain Branchaud. « Confier la protection du caribou au même ministère que celui responsable de promouvoir sa principale cause de déclin, soit la foresterie, est un non-sens, une pure aberration. La clientèle de ce ministère, ce sont les forestières. Et ce sont elles qui dictent les politiques du MFFP, qui n’a pas l’intention de mettre en place des mesures concrètes de protection des caribous forestiers. Ils ne font que gagner du temps. »
Le 11 décembre 2019, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs Pierre Dufour, accuse l'un des principaux spécialistes québécois du caribou forestier, Martin-Hugues St-Laurent, professeur d'écologie animale à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR) de critiquer le gouvernement lors d'une mêlée de presse à l'Assemblée nationale. C'est facile d'être assis dans sa tour d'ivoire à l'université de Rimouski et de dire : "Voici comment ça fonctionne", a lancé le ministre au sujet de M. St-Laurent, qui possède un doctorat en biologie et qui a effectué un stage postdoctoral sur le caribou. M. St-Laurent dirige également une équipe de recherche en gestion de la faune terrestre, laquelle mène plusieurs projets sur le caribou forestier. Le ministre a ajouté: « Si M. St-Laurent est capable de faire repousser une forêt mature comme il dit toujours, “ça prend une forêt mature”, s’il est capable de me repousser une forêt en l’espace d’un an, bien qu’il me la dise la solution, parce que je ne l’ai pas la solution », a-t-il ajouté. Le chercheur s'est fait très critique du gouvernement actuel et des gouvernements passés, ces dernières semaines, au sujet de la protection de la gestion de l'habitat du caribou. Notamment parce que Québec a autorisé cet hiver l'abattage de loups à Val-d'Or et Charlevoix, où les hardes contiennent chacune moins d'une trentaine de bêtes.
Les gouvernements n'ont pas beaucoup de leadership pour décider de conserver de grands placards d'habitat commercial et de freiner les coupes forestières, a notamment déclaré M. St-Laurent dans l'une de ses nombreuses interventions publiques. Le chroniqueur Steve E Fortin évaluait: qu'on savait déjà depuis longtemps que certains députés de la CAQ ne rechignent pas à tourner les coins ronds quand il s’agit de défendre certains dossiers qui leur sont chers; comme les maternelles 4 ans, par exemple. Des scientifiques, des experts, publient des «zétudes» qui plombent l’argumentaire des Geneviève Guilbault ou Éric Caire? Attaquons le messager. Et s’il y a des mandarins, des chiens de garde institutionnels, qui lèvent la main pour en appeler à plus de prudence... Muselons les contre-pouvoirs! Comme plusieurs Québécois, j’ai été complètement dégoûté par l’attaque méprisante du ministre des Forêts, Pierre Dufour, à l’endroit d’un des principaux spécialistes québécois du caribou forestier, Pierre-Hugues St-Laurent. C’est que le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs a décidé de reporter à 2023 une mesure de protection d’une espèce animale emblématique du Québec. Rappel des faits, par le journaliste Alexandre Shields: «Non seulement le gouvernement du Québec n’a toujours pas de plan de protection pour assurer la survie du caribou forestier, mais le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a décidé d’abolir les mesures de protection mises en place sur trois territoires afin de préserver l’habitat de ce cervidé menacé de disparition. Cette décision de Québec d’ouvrir ces territoires à l’industrie forestière, au nom de la « vitalité économique » de la province, est dénoncée par des spécialistes et défenseurs de la protection du caribou.» (9 décembre 2019)
Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, a avoué son impuissance relativement à la sauvegarde des petits cheptels de moins de 50 bêtes. « Oui, il y a une question pécuniaire, a-t-il lancé en mêlée de presse à l’Assemblée nationale. Un moment donné, on met (combien) d’argent ? » « On a aussi tout l’aspect industriel qui nous dit : “Bien là, M. Dufour, si vous faites quelque chose pour le caribou, on va perdre des emplois” », a poursuivi le ministre. Le caribou forestier est menacé sur des territoires convoités par l’industrie forestière. Le gouvernement Legault a récemment aboli des mesures de protection du caribou forestier sur trois territoires au Saguenay-Lac-Saint-Jean afin de les offrir à l’industrie. Québec dit s’appuyer sur des données datant de 2012 pour conclure à l’absence du caribou dans cette région. Le biologiste Martin-Hugues St-Laurent, de l’Université du Québec à Rimouski, a promptement accusé le gouvernement dans une entrevue au « journal Le Devoir » de prendre une décision « prématurée ». Il a recommandé de ne pas couper les vieilles forêts pour assurer la survie du caribou forestier. Par ailleurs, le ministre, qui est à la fois responsable des Forêts et de la Faune, ne croit pas ainsi poursuivre des missions contradictoires. Il est normal, selon lui, de travailler à favoriser l’industrie forestière tout en tentant de préserver la biodiversité. « On est capable d’avoir un côté la foresterie et de l’autre côté, la faune, et les deux gravitent dans le même territoire. Au moins, on a les oreilles et les babines qui sont dans le même terrain de jeu », a-t-il affirmé. « La forêt, c’est une manière d’exploiter économiquement quelque chose qui repousse. Mais c’est sûr que ça peut avoir un effet sur le caribou, on ne se le cachera pas. » M. Dufour doit déposer une politique faunique en 2020. Il a choisi de reporter à 2022-2023 la mise en œuvre d’une stratégie de protection du caribou forestier. Le chroniqueur Steve E Fortin se fâche: Tasser le caribou pour faire place aux «garettes»? En gros, donc, on tasse le caribou pour faire de la place aux «garettes» (le nom que l'on donne par chez nous aux débusqueuses). Et si cela se traduit par une fragilisation encore plus grande de l’espèce et des écosystèmes? So what! Y’a 46 000 hectares de belle forêt à bûcher là! On se croirait en 1952. Faut vraiment être de mauvaise foi pour s’attaquer ainsi à ceux qui sont censés guider les législateurs, les informer, de manière objective, sur les dossiers et les questions qui les concernent. On s’entend que le ministre Dufour ne se place pas dans une situation pour discuter ou tenter de comprendre les tenants et aboutissants des écosystèmes dans les endroits où se trouve le bois. Vraiment pas. Et le ministre ne s’en cache pas: « La forêt, c'est une manière d'exploiter économiquement quelque chose qui repousse. Mais c'est sûr que ça peut avoir un effet sur le caribou, on ne se le cachera pas. Un moment donné, on va se dire les vraies affaires aussi. » Précision, M. le ministre... Ça va avoir un effet sur le caribou. Ce n’est pas une hypothèse, vos propres experts vous le diront.
Un an après son élection, ce gouvernement montre assez bien comment il entend exercer le pouvoir: ramener le plus possible de décisions entre ses mains. Ce qui signifie éliminer le plus possible les avis extérieurs et les institutions qui font office de contre-pouvoirs. «On l’a vu très clairement ces dernières semaines dans des dossiers comme l’énergie ou la gestion du Fonds vert. Le gouvernement concentre les décisions au Conseil des ministres et veut se passer le plus possible des avis susceptibles de lui indiquer qu’il pourrait faire fausse route.» Cette façon de faire a beaucoup déplu aux Québécois dans le passé. Si j’étais dans l’opposition, j’en prendrais bonne note.
DES EXCUSES: Le
14 décembre 2019, deux jours après s'être attaqué à un spécialiste
québécois du caribou forestier, le ministre des Forêts, de la Faune
et des Parcs, Pierre Dufour, a présenté ses excuses à la communauté
scientifique.
M. Dufour a aussi tenu à affirmer l'importance de la science. La contribution du travail de la communauté scientifique est plus que nécessaire. Elle est même incontournable. [...] Cette expertise et les nombreux travaux enrichissent le travail du rétablissement du caribou forestier, a-t-il ajouté. Les excuses de M. Dufour ont été acceptées par Martin-Hugues St-Laurent. Excuses acceptées M. Dufour. Au plaisir de continuer à travailler avec vous et votre équipe, a commenté M. St-Laurent. Vives réactions
« Ça fait des années qu’on a un plan de rétablissement du caribou et c’est ce même personnage qu’on ne peut plus nommer qui est responsable de ça », a déclaré à La Presse Henri Jacob, joint mercredi, le 11 décembre 2019. « Ce qu’on dit depuis des années, c’est que le gouvernement n’a pas l’intention de sauver le caribou, il fait tout son possible pour retarder les décisions, réitère-t-il.
« Ce n’est pas notre perspective », rétorque le directeur des communications du MFFP, Christian Therrien, qui reproche à l’Action boréale d’avoir personnalisé le débat. « Il ne faut pas confondre les choses ; nous n’en avons pas contre les propos qui peuvent être faits contre le Ministère, contre l’action du Ministère », a-t-il déclaré à La Presse. Henri Jacob, qui milite pour la défense de la forêt boréale depuis 1972, dit ne jamais avoir vécu une telle situation en près de 50 ans d’engagement. « Je trouve ça un peu spécial », a-t-il confié. Le ministère coupe les ponts La sortie de l’Action boréale lui a aussi valu de se faire montrer la porte des « groupes opérationnels régionaux mis en place dans le cadre de l’élaboration de la stratégie pour les caribous forestiers et montagnards », déclarait mardi, le 10 décembre 2019, dans un communiqué le MFFP. La sortie de l’Action boréale était « pratiquement une tentative d’intimidation », y écrit le Ministère, affirmant qu’elle porte atteinte à sa relation avec l’organisation. « Ça veut dire que quand on dit quelque chose qui semble ne pas plaire, on se fait dire “on ne vous parle plus” », en conclut Henri Jacob. « Le Ministère va se retrouver uniquement qu’avec des gens de l’industrie et des municipalités ; il va rester un autochtone qui va parler pour les caribous », déplore-t-il, ironisant qu’il sera ainsi « plus facile d’avoir des consensus ». Christian Therrien reconnaît que l’expulsion de l’Action boréale signifie qu’il n’y a plus d’organisation de défense de l’environnement à la table de discussions, mais assure que leurs critiques continueront d’être entendues. À écouter le ministre Pierre Dufour, c'est le caribou qui est de trop dans la forêt! C'est facile d'être assis dans sa tour d'ivoire à Québec et de dire... «Les scientifiques, kossa donne!» Quand la CAQ se donne des airs de ce qu’il y avait de plus nauséabond du régime Harper...
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