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Stephen Harper, Espionnage électronique, Prism, Écoute électronique, Stephen Harper, Centre de la sécurité des télécommunications Canada
Lorsque la nouvelle a éclaté voulant que le Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CSTC)
( 02 ) espionnât les Canadiens grâce au WiFi dans les aéroports, les grands médias se sont fourvoyés en minimisant ce geste.
Car non seulement l'émule de la N.S.A. états-unienne au Canada utilisait les aéroports pour collecter de l'information personnelle à propos des Canadiens, mais il compilait aussi des données provenant de compagnies privées spécialistes du renseignement pour pouvoir faire un portrait du comportement de personnes qui pourraient devenir leur cible.
C'était programmé pour suivre les allées et
venues de tout un chacun.
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Voilà qui est plus invasif que simplement écornifler des gens qui regardent des vidéos de jolis petits chats pendant qu'ils attendent leur vol d'avion pour Orlando.
Si vous étudiez attentivement le document original du CSTC, ( 03 ) nommé aussi programme d'espionnage des aéroports, qui est devenu public grâce à l'alerteur Edward Snowden, vous constatez que pour justifier sa démarche le CSTC utilise l'exemple d'un kidnappeur qui s'enfuit et dont la position peut être suivie à tout moment par le programme d'espionnage.
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Non seulement cela est un élargissement du mandat du CSTC (car dans ce cas c'est une compétence policière qui s'applique), mais cela indique aussi que le gouvernement permet l'achat d'équipement d'espionnage et des services à des entreprises privées à travers l'Amérique du Nord pour aider le CSTC à colliger de l'information
sans mandat de perquisition à propos de Canadiens. |
Dans cette présentation sont nommées les compagnies Bell Sympatico, Boingo et Neustar - une compagnie qui a déjà été un sujet d'enquête du magazine Vice Canada en 2014. ( 04 )
Cette démarche gouvernementale est illégale, même pour faire des projets pilotes. On ne répétera jamais assez que toute enquête doit recevoir l'autorisation d'un juge qui décide si oui ou non il y a matière à craindre le comportement d'un Canadien. En démocratie, c'est une protection pour empêcher le pouvoir politique de fouiner dans la vie privée de ses opposants. |
Dans le même document de présentation de l'utilisation du WiFi gratuit dans les aéroports, la référence à "une source spéciale d'information canadienne" ( 05 ) ayant fourni des données au CSTC a nourri les spéculations sur l'identité d'un grand fournisseur de télécommunication au Canada. Ceci a créé un vif intérêt de la part des groupes qui suivent le dossier de la surveillance de la vie privée au Canada. Dès lors, des recherches ont été entreprises pour identifier la firme qui dévoile nos renseignements personnels.
Christopher Parsons, un post-doctorant au "Citizen Lab" de l'Université de Toronto, avec un groupe de chercheurs a fait parvenir des lettres officielles à Bell, Rogers, Telus et autres grands fournisseurs de télécommunications au Canada ( 06 ).
Il s'agissait de leur demander de quantifier le nombre des demandes d'accès aux dossiers de leurs clients pour les années 2012 et 2013 par des organismes qui ont le mandat d'appliquer des lois. |
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Les compagnies ont-elles un protocole de divulgation et combien de temps gardent-elles en dossier les données de leurs clients et ainsi de suite. Sans surprise aucune, les chercheurs ont heurté le mur des compagnies de téléphonie canadienne ( 07 ). Les compagnies qui ont répondu à la requête, en date du 5 mars 2014, refusaient généralement de répondre aux questions de cette nature. Ceci inclut Vidéotron pour le Québec.
Bien que les réponses négatives à ces lettres n'aient pas créé une vague d'indignation du grand public, on apprend au même moment que des agences gouvernementales ont déposé 1.2 million de requêtes en 2011,
( 08 ) pour obtenir des renseignements personnels sur les clients des firmes de télécommunications.
C'est Chantal Bernier, la Commissaire fédéral à la protection de la vie privée du Canada qui a reçu l'information d'une source anonyme, et les chiffres couvrent neuf entreprises de télécommunications canadiennes.
Le journal Toronto Star a publié qu'«il n'était pas évident de déterminer la quantité de données dévoilées. Ou de savoir s’il y a eu des mandats de perquisition judiciaire pour les autoriser.» |
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Le «Google Transparency Report»
( 09 ) est une des sources fiables et
facilement déchiffrables qui permet de se
faire une bonne idée des demandes annuelles
de la part des ministères et sociétés d'État
à vocation judiciaire. En 2011, les
autorités canadiennes ont fait 91 requêtes
pour avoir de l'information sur des clients de
Google au Canada. (Ceci implique les
rapports de navigation et toute autre
information que vous avez inscrits dans
votre compte personnel chez Google.).
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La quantité de requêtes est passée à 88 en 2012 et a subi une augmentation en 2013 en passant à 101 demandes. En général, selon Google la firme transmet les données dans 25% des cas.
Cette statistique peut fluctuer énormément. Prenons l'année 2011 ou 48% des requêtes ont été accordées pendant que durant la seconde moitié de 2010, Google a transféré des informations personnelles dans 55% des cas. |
Avec un si petit nombre de requêtes d'accès aux données des utilisateurs de Google, même si elles augmentent d'année en année, il est plus inquiétant de savoir qu'un million de demandes sont déposées aux compagnies de télécommunication incluant la téléphonie, partout au Canada. Ce qui est plus inquiétant c'est que les organismes gouvernementaux qui en font la demande invoquent des raisons qui sont loin d'être explicites.
Les compagnies de télécom sont clairement dans une position inconfortable comme l'affirme au journal Star de Toronto un représentant de Bell disant que "toute demande d'information à propos d'accès légal doit être faite par des agences gouvernementales impliquées". Oh! Merci pour la protection de mes renseignements personnels et de nous éclairer sur ce sujet. Je suis impatient de payer mon prochain compte de téléphone.
Les
non-réponses de ces sociétés commerciales
canadiennes nous remettent en mémoire la coopération
complice de leurs homologues
états-uniennes, Verizon, AT&T et Sprint.
Les firmes collaboraient avec la N.S.A. et ses
pratiques d'espionnage. En plus, ils recevaient de
l'argent comptant pour couvrir leur frais.
( 10 ) |
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Lorsque les médias ont publié l'information, fournie par l'alerteur Edward Snowden, voulant qu'un programme d'espionnage nommé PRISM se servait des entreprises de communication électronique, Yahoo, Facebook et autres feignirent l'ignorance. Par contre plusieurs de ces mêmes compagnies font présentement du lobby auprès du Président et du congrès états-uniens pour obtenir le droit d'être plus transparentes envers leurs clients. ( 11 )
Elles veulent avoir le droit de rendre publiques les requêtes gouvernementales qu'elles reçoivent annuellement. Ed Black, le président du Computer & Communications industry Association, déclare « que ce genre de loi permettrait de démontrer que les compagnies de télécommunications et de médias sociaux n'ont pas exagéré sur la divulgation des renseignements personnels de leurs clients et que lorsque c'était approprié ils ont même refusé des requêtes».
Ceci dit, sachant que plusieurs de ces compagnies étaient payées par la N.S.A. pour participer au programme PRISM, il est difficile de croire à l'intégrité de leurs intentions. ( 12 )
Le magazine est entré en contact avec le Service canadien du renseignement de sécurité pour
savoir s'il avait déjà demandé des informations aux compagnies de télécommunications canadiennes ou de Google. La réponse fut typiquement sèche, refusant d'ajouter tout commentaire et nous dirigeant vers le Rapport annuel 2012-2013 de l'Agence ( 13 ) qui lui, ne
donne aucun indice à savoir si le SCRS a fait des requêtes auprès des compagnies de télécommunications au Canada ou à l'extérieur.
Au moins, le rapport affirme que l'Agence est consciente qu'il y a "une panoplie d'espions qui ciblent les entreprises privées canadiennes. C'est de l'espionnage industriel surtout en haute technologie et dans le secteur des communications."
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Ronald Deibert, fondateur du Citizen Lab et spécialiste canadien de la cybersécurité, confirme ce que beaucoup d'entre nous avons longtemps suspecté:
« les compagnies de téléphonie canadiennes opèrent dans une culture au sein de laquelle, les données numériques que nous leur confions quotidiennement sont régulièrement partagées avec les organismes de l'État canadien. |
Les compagnies ont apparemment oublié que les protections judiciaires sont essentielles pour une démocratie libérale, sauf quand il s'agit de protéger leurs propres arrières de toute responsabilité».
Malgré ce servile partage des données sans mandats judiciaires entre les entreprises de télécommunication canadiennes et les organismes gouvernementaux, les Canadiens ne semblent pas être excessivement préoccupés par cette nouvelle norme coulissante, qui érode la vie privée, et qui se produit sous notre nez. Nous avons vu les récentes tentatives par le gouvernement conservateur pour normaliser la surveillance en ligne grâce à l'excuse de la cyberintimidation ( 14 ) dans un projet de loi qui protégerait aussi les fournisseurs internet de poursuites pour avoir partagé des données sans mandat.
Stephen Harper, Espionnage
électronique, Prism, Écoute
électronique, Stephen Harper,
Centre de la sécurité des
télécommunications Canada |
« |
Le
gouvernement doit avoir un mandat pour faire une
perquisition au domicile et dans l'ordinateur
d'une personne qui se ramassera devant la
Commission Charbonneau, mais cueille déjà vos
données de personne honnête sans que des
soupçons sérieux planent sur vous et sans avoir
l'autorisation d'un juge.
Je
vous invite donc à signer
Ici une pétition qui met de l'avant la
protection de notre vie privé -
JosPublic |
» |
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Le projet de loi C-13, n'a pas été adopté par la Chambre des communes d'Ottawa. Mais de toute évidence, le climat politique canadien est poussé vers une réalité où la surveillance est normalisée. Il est donc maintenant question de savoir si oui ou non ce train peut être inversé.
Avec une élection fédérale qui se poindra bientôt à notre horizon, il faut souhaiter que ce dossier de surveillance de la vie privée puisse devenir un enjeu majeur.
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Il faudrait que les chefs de partis, Thomas Mulcair, Justin Trudeau ou qui que ce soit pour les conservateurs n'aient d'autre choix que d'en discuter publiquement.
Cela dit, sans plus d'indignation et de protestations des utilisateurs d'internet, la substantielle collaboration entre les compagnies de télécommunication et le gouvernement se poursuivra, en grande partie non contrôlée.
Source:
Vice Canada pour
Shane Smith |
Choix de photos,
Mise en page,
références, titrage et traduction de l'anglais
par : JosPublic
Publication :
26 mai 2014 |
Notes & Références encyclopédiques: |
01
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02
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À propos de la mission du Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CSTC) - Sur le site du CSTC |
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03
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Présentation originale du document - Document en anglais "Top Secret". IP Profiling Analytics & Mission Impacts Tradecraft Developer CSEC – Network Analysis Centre May 10, 2012 - Document provenant de l'alerteur Edward Snowden |
PDF 27 pages
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04
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How Does CSEC Work with the World’s Most Connected Telecom Company? - Sur Vice Canada, By Patrick McGuire and George Arthur Apr 1 2014 |
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05
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CSEC, Canada’s NSA, Is Using Free Airport WiFi to Spy on Canadians by par Patrick McGuire - On Vice Canada, Jan 31 2014 |
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06
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Towards Transparency in Canadian Telecommunications - On Technology, Thoughts, and Trinkets by
Christopher Parsons, 22 jan 2014 |
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07
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The murky state of canadian Telecommunications surveillance - On technology, Thoughts, and Trinkets by Christopher Parsons, 6 mar 2014 |
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08
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Government agencies seek telecom user date at "jaw-dropping" rates. They are asking telecoms and social media compagnies to turn over Canadians' user date with nearly 1.2 million requests in 2011 alone - On Toronto Star by Alex Boutilier, 29 avril 2014 |
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09
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Rapport de Google sur la transparence des informations. Statistique, protocole et autres Informations utiles à tous les utilisateurs lorsque une agence gouvernementale cherche a obtenir de l'information sur votre utilisation du moteur de recherche - Sur le site Google |
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10
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AT&T, Verizon, Sprint Are Paid Cash By NSA For Your Private Communications – Sur Forbes par Robert Lenzner, 9/23/2014 |
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11
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Yahoo, Facebook Lobbying on NSA Pays Off in Legislation - On Bloomberg, By Chris Strohm Oct 29, 2013 |
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12
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NSA paid millions to cover Prism compliance costs for tech companies – On The Guardian by Ewen MacAskill, 23 august 2013 |
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13
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2012-2013 – Rapport annuel au Parlement – Loi sur la protection des renseignements personnels - Sur le site du Service canadien du renseignement de sécurité du Canada |
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14
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The Conservatives Are Using Cyberbullying to Normalize Online Surveillance - On Vice Canada By Patrick McGuire Nov 25 2013 |
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