Selon M. D’Amours, la logique d’affaires
fondée uniquement sur le profit de l’actionnaire a montré ses limites. En
entrevue mardi le 15 octobre 2019 avec Brigitte Breton, éditorialiste au
Soleil de Québec, il souligne que les dirigeants des 180 plus
grandes entreprises états-uniennes arrivent au même constat.
Économiste de formation, il prône un autre
modèle d’affaires, celui des coopératives avec leur modèle de propriété
collective, leur gouvernance démocratique et leur logique d’affaires qui en
est une de service.
Il rappelle que certains ont sourcillé
lorsqu’il a commencé à utiliser la notion de modèle d’affaires pour parler
des coopératives. Pour lui, celles-ci sont de «véritables entreprises,
soumises à la concurrence et fortes de leur logique de service».
L’homme, qui a été professeur à l’Université
de Sherbrooke et sous-ministre au gouvernement du Québec avant de faire son
entrée chez Desjardins en 1988, est inquiet de la montée du
populisme et des inégalités sociales.
Il croit que le désordre économique met en
péril nos démocraties.
Il déplore la tyrannie des objectifs
trimestriels qui rend difficile, voire impossible, la prise en compte
d’enjeux sociaux et environnementaux majeurs.
«La culture financière du court terme a
envahi l’espace gouvernemental, l’ignorance a pris le pas sur la science,
les inégalités croissantes nourrissent la grogne, la mondialisation n’a pas
répondu aux espoirs qu’elle suscitait, les directions politiques perdent
leurs repères et les démocraties se fragilisent alors qu’on voit poindre des
relents de totalitarisme», écrit-il dans son livre de 189 pages qu’il
considère comme un héritage.
L’ouvrage, publié aux
Presses de l’Université
Laval, a été lancé mercredi le 16 octobre 2019 à l’Université Laval où sa fille Sophie est
rectrice.
Alban D’Amours est aussi diplômé de l’Université Laval.
La préface du
livre est signée par Guy Cormier, président et chef de la direction du
Mouvement Desjardins. |
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L’auteur estime que le coopératisme peut
contribuer à rééquilibrer l’économie mondiale parce que sa logique
d’affaires est plus inclusive. «Elle tient compte du social, des employés,
des dirigeants, des enjeux climatiques et du développement durable».
Philanthrope, M. D’Amours a contribué en 2018 à la création de la
Chaire de leadership en enseignement Alban-D’Amours en sociologie de la coopération, à l’Université Laval.
«Pas
en affaires, pas en économie, mais bien en sociologie. Pour moi, c’était
important».
M. D’Amours souligne également que
performance, rentabilité et productivité vont de pair avec le coopératisme. Un modèle qu’il juge d’ailleurs bien adapté pour l’économie circulaire et
l’économie de partage. «La vraie économie de partage. Pas celle d’Uber comme
le prétend le gouvernement», précise-t-il. Il voit dans l’économie de
partage à la Uber, «une sorte de prolétarisation de la propriété privée».
Il préconise trois axes de performance
globale et durable : la satisfaction des membres, des clients, des
contribuables (du temps qu’il était sous-ministre), la productivité par
l’efficacité et l’innovation, et la mobilisation des ressources humaines par
le développement des compétences, la responsabilisation et la satisfaction
du travail bien fait.
L’âme de Desjardins
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Le président de
Desjardins, Claude Béland salut les délégués.es après son
discours d'adieu, alors qu'il transfère ses pouvoirs au
nouveau président, Alban D'amour, à droite de la photo.
C'était lors de l'assemblée générale annuelle de Desjardins
à Québec en 2000.
Monsieur Béland est décédé le 24 novembre 2019. |
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L’ancien président de Desjardins entend bien
les critiques dont fait l’objet l’organisation lors de la fermeture de
guichets automatiques ou de regroupement de caisses populaires.
Pas question pour lui de sortir sur la place
publique pour critiquer le Mouvement, comme le fait parfois un autre ancien
dirigeant,
Claude Béland. M. D’Amours dit préférer les liens directs avec la
haute direction. «C’est plus efficace et plus constructif.» Il précise qu’il
a participé à tous les congrès et n’a raté qu’une seule assemblée générale
en 40 ans.
Des conseils aux dirigeants de Desjardins :
se laisser guider par les éléments immuables de son modèle d’affaires,
réinventer la proximité, revitaliser sa gouvernance démocratique en misant
sur le numérique et accroître sa productivité.
«Les arbitrages doivent protéger la primauté
de l’intérêt des membres dans un contexte de rentabilité suffisante et
rassurante. Notamment, la modification des modes d’accès aux services
devrait être accompagnée de modes compatibles avec sa logique d’affaires,
même s’il faut assumer temporairement des coûts additionnels nécessaires à
la mutation et à son acceptabilité par les membres.»
Selon M. D’Amours, «l’âme de Desjardins»
a
évolué depuis les 120 dernières années, mais les membres, les dirigeants et
les employés ont toujours soif d’humanisme.
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Fruit d’années de réflexions et
d’ancrages expérientiels, cet ouvrage évoque comment le coopératisme peut
participer à l’avènement d’un nouvel ordre économique mondial. Le coopératisme,
fort de son modèle de propriété collective et de sa logique d’affaires qui en
est une de service, participe au pluralisme des modèles de propriété.
Ce pluralisme, selon l’auteur, est
le seul capable de rendre efficace les mécanismes de poids et contrepoids si
nécessaires à l’atteinte d’un équilibre reflétant plus de démocratie, de
justice, de cohésion sociale, de valeurs humaines, ainsi qu’une conscience des
exigences d’un développement durable dans la conduite des affaires.
En plus de situer sa réflexion selon son
parcours professionnel, l’auteur développe ses arguments à travers des
références académiques et historiques du mouvement coopératif québécois.
Ce livre fait appel au pouvoir de
l’exemple et de la pensée, si largement utilisé par le modèle capitaliste, pour
convaincre les décideurs publics d’accorder plus de place au coopératisme. |
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Notes & Références encyclopédiques: |
C'est d'ailleurs le titre du livre qu'il a lancé...
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Le coopératisme, un
antidote aux dérives du capitalisme. Réflexions ancrées dans mon
parcours chez Desjardins
Auteur :
Alban D’Amours
Discipline: Économie
Parution: 30 septembre
2019 - 210 pages
Presses de l’Université Laval - Préface de Guy Cormier |
Voici un plaidoyer vivant et
inspirant pour une économie plus humaine. Préface de Guy Cormier.
Description
Quelle est la logique
d’affaire d’une coopérative ? Comment évolue-t-elle pour répondre aux défis
de la concurrence et durer ? Les menaces sont nombreuses et ébranlent la
confiance de certains à l’égard du futur du coopératisme, d’autant plus que
le modèle coopératif est trop souvent mis à mal par des régulateurs
internationaux ayant une seule référence en tête : le modèle capitaliste.
Comment convaincre les consommateurs et les agents de l’offre que le modèle
coopératif a, plus que jamais, une place à prendre et à renforcer pour
contribuer à l’avènement d’un nouvel ordre économique ?
Adoptant une approche à la fois historique, personnelle et prospective et
s’appuyant sur un parcours de plus de 40 ans au sein du monde coopératif,
dont deux mandats à la présidence du Mouvement des caisses Desjardins, Alban
D’Amours propose ici une analyse des éléments distinctifs du modèle
d’affaires coopératif.
Son témoignage vise à démontrer que ce modèle peut contribuer à l’avènement
d’un nouvel ordre économique s’il entretient une forte capacité de changer
et de s’adapter aux besoins des membres et aux nouvelles réalités. Il lie
son avenir à la mise en lumière de son identité et des véritables facteurs
de différenciation du modèle d’affaires capitaliste tant dans l’économie de
marché que dans l’économie de partage.
Enfin, l’auteur décrit le type de pouvoir de la pensée dont ce modèle a
besoin pour jouer son rôle d’influenceur auprès des législateurs afin
d’avoir sa place dans les nombreux modèles de propriété. Un plaidoyer
vivant et inspirant pour une économie plus humaine.
Alban D'Amours un philanthrope au service du coopératisme |
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Jeremy
Rifkin propose...
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Le New Deal Vert
Mondial Pourquoi la civilisation fossile va s'effondrer d'ici
2028 - Le plan économique pour sauver la vie sur Terre
Jeremy Rifkin
Date de parution :
16/10/2019
ISBN : 979-10-209-0762-2
304 pages pages
14.5x22 cm |
Après avoir théorisé la Troisième
Révolution industrielle, Jeremy
Rifkin développe son grand projet
de New Deal vert mondial.
Il s’agit d’un véritable plan de
transformation de la société pour
faire face au changement climatique
en construisant un monde
post-énergies fossiles.
Jeremy Rifkin, qui travaille main
dans la main avec les gouvernements
pour promouvoir cette nouvelle donne
verte – aux États-Unis, en Europe ou
en Chine – propose un véritable mode
d’emploi. Un manuel de
transition globale qui permettrait
de produire 100 % de l’électricité à
partir de sources propres et
renouvelables ; d’améliorer et
d’augmenter l’efficacité du réseau
énergétique, du réseau des
transports ou du secteur du bâtiment
; d’investir dans la recherche et le
développement de technologies vertes
ou de proposer de nouveaux emplois
nés de cette nouvelle économie.
Le temps nous est compté et le
consensus scientifique ne peut plus
être remis en question : le
dérèglement climatique dû à l’homme
et issu de la combustion de matières
fossiles va mener l’humanité à la
sixième grande extinction de la vie
sur Terre.
Mais partout les solutions existent
et sont à notre portée. Aujourd’hui,
les intérêts des dirigeants
politiques, économiques et
financiers convergent avec ceux des
citoyens : c’est ce que démontre le
célèbre prospectiviste. Voici
un ouvrage particulièrement
documenté qui redonne de l’espoir et
plus que jamais l’envie d’agir pour
la planète.
ATTENTION: Il faut
noter que le contenu de ce
livre est loin de faire
l'unanimité
parmi les progressistes de la
gauche politique et
d'une faction importante des
libertariens de droite qui
n'y voient qu'un projet pour
nous mener vers un
gouvernement mondial
dictatorial dirigé par le 1%
des plus riches personnes de
la planète. | |
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Thomas Piketty propose...
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Capital et idéologie
de Thomas Piketty.
Toutes les sociétés humaines ont
besoin de justifier leurs inégalités : il faut leur trouver des raisons, faute
de quoi c’est l’ensemble de l’édifice politique et social qui menace de
s’effondrer. Les idéologies du passé, si on les étudie de près, ne sont à cet
égard pas toujours plus folles que celles du présent. |
C’est en montrant la
multiplicité des trajectoires et des bifurcations possibles que l’on peut
interroger les fondements de nos propres institutions et envisager les
conditions de leur transformation.
À partir de données comparatives d’une ampleur et d’une profondeur inédites, ce
livre retrace dans une perspective tout à la fois économique, sociale,
intellectuelle et politique l’histoire et le devenir des régimes inégalitaires,
depuis les sociétés trifonctionnelles et esclavagistes anciennes jusqu’aux
sociétés postcoloniales et hypercapitalistes modernes, en passant par les
sociétés propriétaristes, coloniales, communistes et sociales-démocrates. À
l’encontre du récit hyperinégalitaire qui s’est imposé depuis les années
1980-1990, il montre que c’est le combat pour l’égalité et l’éducation, et non
pas la sacralisation de la propriété, qui a permis le développement économique
et le progrès humain.
En s’appuyant sur les leçons de l’histoire globale, il est possible de rompre
avec le fatalisme qui nourrit les dérives identitaires actuelles et d’imaginer
un socialisme participatif pour le XXIe siècle : un nouvel horizon égalitaire à
visée universelle, une nouvelle idéologie de l’égalité, de la propriété sociale,
de l’éducation et du partage des savoirs et des pouvoirs.
Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et
professeur à l’École d’économie de Paris, Thomas Piketty est l’auteur du
Capital auXXIe siècle (2013), traduit en 40 langues et vendu à plus de 2,5
millions d’exemplaires, dont le présent livre est le prolongement.
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