Le Québec n'est-il pas une province canadienne?
Et le Canada ne
constitue-t-il
pas un des huit
pays du
G8, ce
regroupement des
pays les plus
industrialisés
de la planète?
Cela voudrait-il
dire que, de
Gaspé
au
Témiscamingue,
tout irait donc
pour le mieux
dans le «plusssse
meilleur pays du
monde»?
Allons
voir...
Marie-France Bazzo,
que l'on ne
surprend que
rarement, eut de
la difficulté un
jour à admettre
une statistique
bien québécoise:
«Pour moi, ça
ne se pouvait
pas, c'était
beaucoup trop
élevé! Je leur
ai dit d'aller
vérifier auprès
d'autres
sources, je
pensais que
c'était vraiment
exagéré!»
Et quelle était
cette donnée qui
la fit tant
sourciller? Que
49 % de la
population
active du Québec
éprouve des
difficultés de
lecture. Aussi,
il ne faudra
donc pas être
surpris
d'apprendre en
cette année
2009, au
vingtième
anniversaire de
la
Fondation pour
l'alphabétisation,
que
l'animatrice de
Bazzo.tv ait accepté d'être
la porte-parole
de l'organisme.
Le
tiers-monde?
Nenni
Bazzo surprise?
Et elle ne
serait pas la
seule à réagir
ainsi: une
travailleuse en
alphabétisation
fait aussi vivre
à plus d'un et
d'une la même
expérience. Car,
de raconter
Caroline
Meunier,
responsable des
dossiers
politiques au
Regroupement des
groupes
populaires en
alphabétisation
du Québec (RGPAQ),
«lorsque je
dis que je
travaille en
alphabétisation,
on me lance
souvent: "Ah
oui, vous faites
du développement
international!"
Eh bien non,
dois-je
répondre. Je
travaille auprès
des gens d'ici.
Il s'agit d'un
problème qui se
passe à
l'intérieur de
nos frontières.»
En fait, si des
Québécois et des
Québécoises
tombent de haut
quand on leur
rapporte qu'un
futur sénateur
ne sait ni lire
ni écrire et
qu'il ose
l'afficher sur
la place
publique, c'est
parce que la
majorité d'entre
nous ne peuvent
ou ne veulent
voir ce qui se
passe dans notre
environnement
immédiat. Comme
si une société
avait honte
d'admettre, en
ce XXIe siècle,
que
l'analphabétisme
sévit, ayant
ainsi à
l'échelle
collective un
comportement
identique à
celui d'un
individu qui ne
sait ni lire, ni
écrire, ni
comprendre ce
qui est écrit,
et encore moins
démêler tout
affichage qui
compte des
chiffres. Pour
paraphraser le
dramaturge, on
cache ce qu'on
ne veut voir.
Car, dans cette
société qui est
la nôtre, où
l'école est
obligatoire de
6 à 16
ans, il semble
en effet
impossible
d'envisager que
quelqu'un ait pu
se glisser entre
les mailles du
filet
pédagogique et
ainsi se
retrouver, le
temps du travail
venu, incapable
de comprendre un
mode d'emploi,
que ce soit
celui d'un
lecteur de DVD
ou d'une
machine-outil,
de déchiffrer
une simple
addition ou de
lire un texte
qui contiendrait
une simple idée.
Et pourtant,
partout on le
proclame, nous
vivrions à
l'époque de
l'«économie du
savoir», où la
richesse
collective est
assurée par la
capacité d'une
région, d'un
pays, à fournir
et à produire
des objets ou
des services de
plus en plus
sophistiqués,
tout en ayant
aussi la
capacité de
pouvoir
s'adapter
rapidement au
changement,
quand celui-ci
touche tant les
façons de faire
traditionnelles
que les modes
d'exercice d'une
activité
quotidienne ou
nouvelle.
Capitalisme
et capital
humain
L'analphabétisme
est davantage
qu'une plaie:
c'est un cancer
qui, à long
terme, risque de
miner toute une
économie. Si un
non-intellectuel
peut se vanter
et faire le coq
en disant vivre
sans avoir à
lire, voire à
développer une
idée, il trouve
toutefois la
situation moins
drôle quand son
usine ferme,
quand
l'industrie
dépérit et qu'il
constate alors
quel salaire et
quel poste lui
sont
accessibles.
Et une PME subit
le même sort
quand elle
espère demeurer
concurrentielle
et doit admettre
que, dans sa
région, la
main-d'oeuvre
disponible ne
peut pas
satisfaire aux
exigences
nécessaires à
l'exécution des
nouvelles
tâches.
Si on a pu
croire un moment
que la récession
actuelle allait
donner
l'occasion aux
divers
gouvernements,
le fédéral en
tête, de lancer
de vastes
campagnes de
formation, avec
budget à la clé,
jusqu'ici aucun
geste
spectaculaire
n'a été fait en
ce sens: les
programmes
d'infrastructures
actuellement mis
en place sont
d'abord décrits
en termes de
béton et
d'asphalte, et
non
d'amélioration
du capital
humain et des
compétences de
base.
Et un jour, la
crise des
autres, celle
des banquiers et
des financiers
de haut vol,
cette crise sera
en apparence
réglée: alors on
constatera une
fois de plus que
le capital
humain a encore
été laissé sur
le carreau,
comme une valeur
négligeable.
Pourtant,
investir en vue
d'un avenir
meilleur ne veut
pas seulement
dire oeuvrer
pour faire
augmenter la
seule valeur
monétaire
d'actions
boursières.
Commentaire de JosPublic |