Sous-financée,
dépendante de donateurs privés dont la
Fondation Bill et Melinda Gates, l’OMS peut-elle encore assurer ses
missions au service de la santé publique ? Une solide
investigation sur les conflits d’intérêts qui entravent son
efficacité.
Pandémies, grippes
virulentes ou maladies consécutives à un accident nucléaire
: l’OMS (Organisation mondiale de la santé) doit intervenir
sur tous les fronts de la planète pour prévenir et guérir.
Mais cette institution de l’ONU,
créée en 1948, dispose-t-elle encore des moyens suffisants
pour assurer ses missions, au-delà de ses succès
incontestables, en matière de vaccination notamment ?
Financée, dans les
années 1970, à 80 % par les contributions de ses États
membres et à 20 % par des entreprises et des donateurs
privés, elle voit aujourd’hui cette proportion s’inverser,
alors que le tout-puissant Bill Gates participe de plus en
plus au financement de l’OMS par le biais de sa fondation.
Le retrait des
États-Unis du financement et de la collaboration pousse
l’organisation à se requestionner et revoir ses liens avec
le secteur privé et devra s’extraire du débat
« Mondialiste versus Nationalistes ».
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Le
29 mai 2020, les États-Unis quittent
l'Organisation mondiale de la Santé
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Selon
Donald Trump, les contribuables américains font un
chèque de 400 à 500 millions de dollars par an à
l’organisation, contre environ 40 millions de dollars «
et même moins » pour la Chine. Même s'il explique le
retrait des états-uniens à cause de la supposée influence de
la Chine sur les décisions de l’organisation et ce malgré le
fait que la Chine n'était que le 18e bailleur de fonds en
2019 ne suffit pas pour entacher la réputation de l’organisme.
Cependant, d’autres
faits plus importants s'accumulent : gestion incompétente
des crises de la
grippe aviaire et
porcine (A H1N1), complaisance troublante envers le
glyphosate – molécule active du Roundup cher à Monsanto –,
que l’OMS a déclaré sans danger en dépit des victimes de
l’herbicide, aveuglement face aux
conséquences de la
pollution liée aux compagnies pétrolières en Afrique,
minoration des bilans humains des catastrophes nucléaires,
de Tchernobyl à Fukushima, et des désastres de l’utilisation
de munitions à
uranium appauvri en Irak
ou dans les Balkans.
L’indépendance de
l’organisation est compromise tout à la fois par l’influence
des lobbies industriels – dont celle des
laboratoires
pharmaceutiques – et par les intérêts de ses États membres.
L’institution de Genève, qui avait sous-estimé la menace
Ébola (plus de onze mille morts), est de surcroît accusée de
gabegie et de négligence vis-à-vis des maladies tropicales,
au profit de marchés plus juteux.
Privée d’autonomie
Entre analyse
d’experts, détracteurs et défenseurs, langue de bois de son
porte-parole Gregory Hartl et reportages sur le terrain,
cette enquête livre une édifiante radiographie de l’OMS.
Sans sombrer dans le réquisitoire, les auteurs dressent le
portrait d’une structure fragilisée, soumise à de multiples
conflits d’intérêts et étrangement liée à l’Agence
internationale de l’énergie atomique (AIEA) – avec laquelle
elle a signé une convention...