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Rembourser la dette de l'État: une urgence basée sur deux erreurs de calcul!
Les opinions des économistes: Blanchard, Krugman, Leigh, Reinhart, Rogoff et Timbeau

Blanchard

Krugman

Leigh

Timbeau

Reinhart

Rogoff

Ci-dessous vous verrez comment deux erreurs de calcul trouvées dans des textes d'économistes de haute voltige ont détruit la vie de milliers de citoyens et citoyennes du monde qui ont vu leur retraite ou leur emploi mis à mal par des politiques d'austérité appliquées de façon dogmatique. Partout dans le monde sous l'influence des économistes et du Fonds monétaire international principalement. Des politiciens et politiciennes populistes ont été dédouanés, trop fiers d'embarquer dans le Titanic de la dette des États. Trop fiers d'avoir l'occasion de culpabiliser la classe moyenne pour les erreurs commises par les riches financiers.

Depuis 1968, ces élus.es traînent toute la société vers l'iceberg d'une grande dépression qui par sa mondialité et brutalité fera ressembler celle des années 1930 à un pique-nique de début d'été.

Aujourd'hui les économistes font amende honorable mais ne sont pas écoutés. Le pouvoir de destruction a enivré les despotes petits et grands qui ne veulent surtout pas se voir contredire ou ridiculiser d'avoir agi à partir de raisonnements étriqués fondés sur des calculs biaisés.

À défaut de bonnes nouvelles, voici les arguments des grands économistes.


Présentation de
JosPublic
 
 
 
 

Oups!
Le Fonds monétaire international FMI
s’est trompé sur l’austérité
Première erreur

 
«

Les effets de l'austérité budgétaire sur les économies des pays ont été sous-estimés

»

Que les politiques d'austérité soient mauvaises pour la croissance et l'emploi, c'est désormais admis par la plupart des économistes. Mais qu'elles le soient encore plus qu'on ne le pensait, c'est ce qu'ont découvert deux d'entre eux, et pas les moindres :

Daniel Leigh

Olivier Blanchard, un Français chef économiste au FMI, et Daniel Leigh, économiste dans la même institution. Selon eux, l'utilisation d'un mauvais coefficient de calcul a débouché sur une sous-estimation des effets négatifs de l'austérité appliqué par les gouvernements, particulièrement en Europe. 

Les deux économistes détaillent leur thèse dans un article ( 01 ) publié le 3 janvier 2013 sur le site du Fonds monétaire international FMI, mais dans une rubrique où les textes ne représentent pas la position officielle de l'organisation.

«Nous démontrons que, dans les économies développées, une plus forte consolidation fiscale est allée de concert avec une croissance plus faible que prévu, écrivent-ils. Une explication naturelle est que les multiplicateurs fiscaux étaient nettement plus haut que ce que les prévisions estimaient implicitement.»

Le multiplicateur qui divise

Le «multiplicateur» en question est le coefficient reliant l'évolution des dépenses publiques (ou des impôts) au taux de croissance de l'économie. Lorsque ce coefficient est de 0,5, par exemple, cela signifie qu'un point de dépense publique en moins, ou d'impôt en plus, entraîne une baisse de 0,5 point de l'activité. 

«Il y a deux façons de le calculer, explique Xavier Timbeau, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques OFCE. Soit en faisant de l'analyse historique, en regardant les liens passés entre les politiques budgétaires et l'activité; soit en construisant un modèle économique et en étudiant les relations entre ses différents composants. Dans les deux cas, ce ne sont pas des modèles neutres : leur construction comporte toujours une part d'a priori, qui correspondent à des idéologies.»

Or, selon Blanchard et Leigh, le multiplicateur «de crise» pourrait être jusqu'à trois fois supérieur à celui des périodes «normales», utilisé jusqu'à présent. Les deux économistes l'avaient déjà écrit dans le très officiel rapport annuel du FMI de 2012 ( 02 )

«De nombreux documents, dont certains issus du FMI, suggèrent que les multiplicateurs fiscaux utilisés dans les prévisions se situent autour de 0,5. Nos résultats indiquent que ces multiplicateurs se sont en fait situés entre 0,9 et 1,7» depuis le début de la crise. En clair, l'impact de l'austérité serait, selon les cas, de deux à trois fois plus important que prévu. 

«Jusqu'à présent, on a appliqué au temps de crise le multiplicateur des périodes normales, explique Xavier Timbeau.

Or, dans une crise, tout le monde panique. Les gens ne se conduisent pas de la même façon et personne ne peut anticiper le futur. Par ailleurs, si l'austérité est beaucoup plus récessive qu'on ne le pensait, cela veut aussi dire qu'une politique de relance serait beaucoup plus efficace qu'on ne l'imagine!

 «Il y a deux FMI»

L'article de Blanchard et Leigh a fait réagir l'économiste Paul Krugman, Prix Nobel d'économie 2008. «Le FMI était moins enthousiaste vis-à-vis de l'austérité que les autres grands acteurs», rappelle-t-il sur son blog ( 03 ).

Si lui-même dit qu'il s'est trompé, cela signifie que tous les autres[...] se sont encore plus trompés. Et il a le mérite de vouloir repenser sa position à la lumière des faits. La véritable mauvaise nouvelle, c'est que bien peu d'autres acteurs font la même chose.

«

Les dirigeants européens, qui ont créé des souffrances dignes de la crise de 1929 dans les pays endettés sans restaurer la confiance financière, persistent à dire que la solution viendra d'encore plus de souffrance

»

Ne pas déduire, cependant, que le FMI remet en cause l’austérité dans son principe. Comment le pourrait cette institution qui a participé, notamment, à l'élaboration du très sévère programme grec ? C’est plutôt l’intensité des politiques d’austérité que remet en cause le Fonds, puisque leurs effets se révèlent plus importants que prévus. Cela rejoint d’ailleurs la position officielle du FMI : sa directrice générale, Christine Lagarde, réitère ( 04 ) régulièrement ses appels à des trajectoires plus «douces» de diminution de l’endettement et du déficit budgétaire.

«Il y a deux FMI, la tête et le corps, estime cependant Xavier Timbeau. En Grèce, c’est lui le plus ferme sur l’austérité, encore plus que la Commission et que la BCE. Quoi que disent Blanchard ou Lagarde, sur le terrain, le Fonds applique le plan décidé entre le pays et ses créanciers. Il faudra du temps pour que le changement infuse dans l'institution et en Europe. Il y a aussi le risque qu'il reste confiné dans les hautes sphères du FMI, sans percoler vers le terrain.»

L’Europe semble d’ailleurs s’engager dans cette direction. Fin 2012, la Grèce a ainsi obtenu ( 05 ) un délai supplémentaire de la part de ses créanciers. Et si le gouvernement français s’accroche obstinément à son objectif de 3% de déficit budgétaire pour 2013, auquel il est le seul à croire, c’est en dépit ( 06 ) des conseils du FMI et de Bruxelles, qui prônent désormais un «ajustement plus doux» pour le Vieux Continent. Après l'essorage.

 

Un bréviaire de l'austérité remis en cause
Deuxième erreur

 

Rédigée par deux économistes américains, une étude qui relie dette et faible croissance serait fondée sur de mauvais calculs. Féroce débat chez les spécialistes.

En matière d’austérité, il y a la pratique et la théorie. La première est l’affaire des gouvernements européens qui s’y adonnent - sans autre résultat, pour l’instant, qu'une récession continentale ; la seconde, celle des économistes qui la justifient par leurs travaux.

Deux d’entre eux, les états-uniens Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, sont aujourd’hui en situation délicate. Selon une étude critique, leur argumentation serait entachée d'erreurs.

Lorsque Reinhart et Rogoff publient, en 2010, un article intitulé «La croissance en temps de dette»
( 07 )celui-ci est largement relayé par les médias et certains politiques.

Se fondant sur des données historiques internationales, «Reinhart & Rogoff» établissent une relation entre niveau de dette et croissance du PIB.

Selon leur principale conclusion, un taux d’endettement supérieur à 90% du PIB entraînerait une baisse significative du taux moyen de croissance, quel que soit le niveau de développement du pays.

«Sérieuses erreurs»

L’article est reçu comme un encouragement à épurer au plus vite la dette publique. Selon l’économiste Paul Krugman, son influence fut «immense» : «Très rapidement, chacun "sut" que de terribles choses arrivent lorsque la dette dépasse 90% du PIB». Certes, une critique récurrente voit dans la faible croissance une cause du haut niveau d’endettement, et non une conséquence. Mais les conclusions de Reinhart et Rogoff n’en restent pas moins un solide point d’appui pour les partisans de l’austérité.

Jusqu’au 15 avril 2013 et la publication par un étudiant en économie, Thomas Herndon, et ses deux professeurs, Michael Ash et Robert Pollin, d’un article intitulé : «Une forte dette publique freine-t-elle substantiellement la croissance ?». ( 08 ) La publication se présente comme une réfutation du travail de Reinhart et Rogoff. Elle y relève des erreurs dans le traitement des données, la pondération atypique de certaines d'entre elles, ou encore l’énigmatique exclusion de chiffres ne cadrant pas avec leur thèse : autant d’anomalies conduisant à de «sérieuses erreurs».

Controverse

En réalité, selon les propres calculs du trio d’économistes, «la croissance moyenne lorsque la dette dépasse 90% du PIB n’est pas nettement différente que lorsqu’elle est moins élevée».  Depuis, le débat fait rage entre économistes.  «Je n’aurais jamais rêvé qu’une part si importante de leurs résultats ne reflète rien d’autre que de mauvais calculs, écrit encore Paul Krugman sur son blog. ( 09 ) Si c’est vrai, c’est plus qu’embarrassant pour "Reinhart & Rogoff". Mais les vrais coupables sont tous ceux qui se sont emparés de ce résultat controversé, ne sachant rien des recherches, parce qu’il disait ce qu’ils voulaient entendre.»

Leur défense

Reinhart et Rogoff n’ont pas tardé à réagir à l’article accusant leur travaux. Dans une réponse publiée par le Financial Times, ( 10 ) ils nient avoir volontairement écarté certaines données. Les économistes reconnaissent toutefois une erreur dans l’utilisation du tableur Excel, produisant des «changements notables dans le taux de croissance moyen de pays endettés à plus de 90%». Dans une autre réponse, ils assurent relever une «corrélation», et non une causalité, entre dette et faible croissance»

Sur le fond, cependant, Reinart et Rogoff tiennent bon. Selon eux, leurs contradicteurs «trouvent eux-mêmes de plus faibles croissances lorsque la dette est supérieure à 90%».

A voir.

Certes, selon le trio Herndon-Ash-Pollin, la croissance moyenne est de 4,2% dans les pays endettés à moins de 30%, et de 2,2% seulement dans les pays endettés à plus de 90%. Mais même ce dernier chiffre est largement supérieur au -0,1% trouvé par Reinhart et Rogoff. En d’autres termes, les effets de l’endettement sont bien moindres qu’imaginés, ce qui fait de sa réduction un objectif beaucoup moins pressant. 

L'épisode est un nouveau coup dur aux théories soutenant l'austérité à tout crin. Pas sûr cependant qu'il suffise à y faire renoncer les gouvernements déjà engagés sur cette route cahoteuse.

 

Sources: Libération pour Edouard de Rothschild, New York Time pour Arthur Ochs Sulzberger Jr.

Choix de photos, fusion de textes, mise en page, références et titrage par : JosPublic
Publication : 27 octobre 2013

 

Ci-dessous: des textes en lien direct avec le sujet:

 

Notes & Références encyclopédiques:

01

 
 

IMF Working paper: Growth Forecast Errors and
Fiscal Multipliers
par Olivier Blanchard and Daniel Leigh Janvier 2013WP/13/1 - En anglais

PDF 43 pages

 
 

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02

 

Rapport annuel du FMI, publié en octobre 2012 (page 41) - Sur International Monatary Fund "Fonds monétaire international". Texte en anglais

 

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03

Krugman, the big fail - Sur le New York Time, le 7 janvier 2013

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04

Lagarde met en garde contre l'austérité - Libération, le 16 août 2011

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05

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06

 
 
 
 

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07

 
 

NBER working paper series. Growth in a time of debt by Carmen M Reinhart and Kenneth S Rogoff no. 15639. National Bureau of Economic Research January 2010 - En anglais

PDF 26 pages

 
 

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08

 
 
 

«Une forte dette publique freine-t-elle substantiellement la croissance ?». Does High Public Debt Consistently Stifle Economic Growth? A Critique of Reinhart and Rogo Thomas Herndon Michael Ash Robert Pollin April 15, 2013

PDF 26 pages

 
 
 

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09

Paul Krugman sur son blog: Holy Coding Error, Batman, le 16 avril 2013

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10

 

Reinhart recrunch the numbers - Sur Financial Times, 17 avril 2013, texte en anglais.

 

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