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							Oups! 
							Le Fonds 
							monétaire international FMI 
							s’est 
							trompé sur l’austérité 
							Première erreur  | 
							
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								« | 
								
								 
								Les effets 
								de l'austérité budgétaire 
								sur les économies des pays ont été 
								sous-estimés  | 
								
								» | 
							 
						 
					 
					
					
					
						
							
							Que 
							les politiques d'austérité soient mauvaises pour la 
							croissance et l'emploi, c'est désormais admis par la 
							plupart des économistes. Mais qu'elles le soient 
							encore plus qu'on ne le pensait, c'est ce qu'ont 
							découvert deux d'entre eux, et pas les moindres : 
							 
							
							
							
							Olivier Blanchard, un Français chef économiste au 
							FMI, et Daniel Leigh, économiste dans la même 
							institution. Selon eux, l'utilisation d'un mauvais 
							coefficient de calcul a débouché sur une 
							sous-estimation des effets négatifs de l'austérité 
							appliqué par les 
							gouvernements, particulièrement en Europe.  
							
							
							
							Les deux économistes détaillent leur thèse dans un
							article
							
							( 01 ) 
							publié le 3 janvier 2013 sur le site du 
							Fonds 
							monétaire international FMI, mais dans 
							une rubrique où les textes ne représentent pas la 
							position officielle de l'organisation. 
							 
							
								
									
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										«Nous 
							démontrons que, dans les économies développées, une 
							plus forte consolidation fiscale est allée de 
							concert avec une croissance plus faible que prévu, 
							écrivent-ils. Une explication naturelle est que les 
							multiplicateurs fiscaux étaient nettement plus haut 
							que ce que les prévisions estimaient implicitement.»  | 
									 
								 
							 
							
							
							Le 
							multiplicateur qui divise 
							
							Le 
							«multiplicateur» en question est le coefficient 
							reliant l'évolution des dépenses publiques (ou des 
							impôts) au taux de croissance de l'économie. Lorsque 
							ce coefficient est de 0,5, par exemple, cela 
							signifie qu'un point de dépense publique en moins, 
							ou d'impôt en plus, entraîne une baisse de 0,5 point 
							de l'activité.  
							
								
									
										| 
										 
										
										«Il y a deux façons de le calculer, 
							explique Xavier Timbeau, économiste à l'Observatoire 
										français des conjonctures économiques
										
										
										OFCE. Soit 
							en faisant de l'analyse historique, en regardant les 
							liens passés entre les politiques budgétaires et 
							l'activité; soit en construisant un modèle 
							économique et en étudiant les relations entre ses 
							différents composants.
										Dans les deux cas, ce ne sont 
							pas des modèles neutres : leur construction comporte 
							toujours une part d'a priori, qui correspondent à 
							des idéologies.»  | 
										
										
										 | 
									 
								 
								
							
							Or, selon Blanchard et Leigh, le multiplicateur «de 
							crise» pourrait être jusqu'à trois fois supérieur à 
							celui des périodes «normales», utilisé jusqu'à 
							présent. Les deux économistes l'avaient déjà écrit 
							dans le très officiel rapport annuel du FMI de 2012
							
							( 02 ):   
							
								
									
										| 
										 
							
										«De nombreux documents, dont certains issus du 
							FMI, suggèrent que les multiplicateurs fiscaux 
							utilisés dans les prévisions se situent autour de 
							0,5. Nos résultats indiquent que ces multiplicateurs 
							se sont en fait situés entre 0,9 et 1,7» depuis le 
							début de la crise. En clair, l'impact de l'austérité 
							serait, selon les cas, de deux à trois fois plus 
							important que prévu.  
										 
							«Jusqu'à présent, on a appliqué au temps de crise le 
							multiplicateur des périodes normales, explique 
							Xavier Timbeau.  
										 
										Or, dans une crise, tout le monde 
							panique. Les gens ne se conduisent pas de la même 
							façon et personne ne peut anticiper le futur. Par 
							ailleurs, si l'austérité est beaucoup plus récessive 
							qu'on ne le pensait, cela veut aussi dire qu'une 
							politique de relance serait beaucoup plus efficace 
							qu'on ne l'imagine!  | 
										
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							 «Il y 
							a deux FMI» 
							
								
									
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							L'article de Blanchard et Leigh a fait réagir 
							l'économiste Paul Krugman, Prix Nobel d'économie 
							2008. «Le FMI était moins enthousiaste vis-à-vis de 
							l'austérité que les autres grands acteurs», 
							rappelle-t-il sur son blog
										
										( 03 ). 
							 
										 
										Si lui-même dit qu'il s'est trompé, cela signifie 
							que tous les autres[...] se sont encore plus 
							trompés. Et il a le mérite de vouloir repenser sa 
							position à la lumière des faits. La véritable 
							mauvaise nouvelle, c'est que bien peu d'autres 
							acteurs font la même chose.  | 
									 
								 
							 
							
								
									
										
					
						
							
								| 
								« | 
								
								 
								Les 
								dirigeants européens, qui ont créé des 
								souffrances dignes de la crise de 1929 dans les 
								pays endettés sans restaurer la confiance 
								financière, persistent à dire que la solution 
								viendra d'encore plus de souffrance  | 
								
								» | 
							 
						 
					 
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										| 
										 
							
							Ne pas déduire, cependant, que le FMI remet en cause 
							l’austérité dans son principe. Comment le pourrait 
							cette institution qui a participé, notamment, à 
							l'élaboration du très sévère programme grec ? C’est 
							plutôt l’intensité des politiques d’austérité que 
							remet en cause le Fonds, puisque leurs effets se 
							révèlent plus importants que prévus. Cela rejoint 
							d’ailleurs la position officielle du FMI : sa 
							directrice générale, Christine Lagarde, réitère
										
										( 04 ) régulièrement 
							ses appels à des trajectoires plus «douces» de 
							diminution de l’endettement et du déficit 
							budgétaire.  | 
										
										
										 | 
									 
								 
							 
							
							«Il y 
							a deux FMI, la tête et le corps, estime cependant 
							Xavier Timbeau. En Grèce, c’est lui le plus ferme 
							sur l’austérité, encore plus que la Commission et 
							que la BCE. Quoi que disent Blanchard ou Lagarde, 
							sur le terrain, le Fonds applique le plan décidé 
							entre le pays et ses créanciers. Il faudra du temps 
							pour que le changement infuse dans l'institution et 
							en Europe. Il y a aussi le risque qu'il reste 
							confiné dans les hautes sphères du FMI, sans 
							percoler vers le terrain.» 
							
							
							L’Europe semble d’ailleurs s’engager dans cette 
							direction. Fin 2012, la Grèce a ainsi obtenu
							
							( 05 ) un délai supplémentaire de la part de ses 
							créanciers. Et si le gouvernement français 
							s’accroche obstinément à son objectif de 3% de 
							déficit budgétaire pour 2013, auquel il est le seul 
							à croire, c’est en dépit
							
							( 06 ) 
							des conseils du FMI et de Bruxelles, qui prônent 
							désormais un «ajustement plus doux» pour le Vieux 
							Continent.
							Après l'essorage. 
							
						 
					 
					
						
							
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							Un bréviaire de 
							l'austérité remis en cause 
							Deuxième erreur  | 
							
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						Rédigée 
						par deux économistes américains, une étude qui relie 
						dette et faible croissance serait fondée sur de mauvais 
						calculs. Féroce débat chez les spécialistes. 
					
						
						En 
							matière d’austérité, il y a la pratique et la 
							théorie. La première est l’affaire des gouvernements 
							européens qui s’y adonnent - sans autre résultat, 
							pour l’instant, qu'une récession continentale ; la 
							seconde, celle des économistes qui la justifient par 
							leurs travaux.  
						
						Deux 
						d’entre eux, les états-uniens Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, sont aujourd’hui 
							en situation délicate. Selon une étude critique, 
							leur argumentation serait entachée d'erreurs. 
						
							
								
									| 
									
									 | 
									
								 
								Lorsque Reinhart et Rogoff publient, en 2010, un 
								article
								intitulé «La croissance en temps de dette» 
								
								( 07 )celui-ci 
							est largement relayé par les médias et certains 
							politiques. 
								
								Se fondant sur des données historiques 
							internationales, «Reinhart & Rogoff» établissent une relation 
							entre niveau de dette et croissance du PIB. 
									  | 
								 
							 
						 
					 
					
					Selon leur 
					principale conclusion, un taux d’endettement supérieur à 90% 
					du PIB entraînerait une baisse significative du taux moyen 
					de croissance, quel que soit le niveau de développement du 
					pays. 
					
					
						
							
							
							«Sérieuses erreurs» 
							 
							L’article est reçu comme un encouragement à épurer 
							au plus vite la dette publique. Selon l’économiste 
							Paul Krugman, son influence fut «immense» : «Très rapidement, chacun "sut" que de 
							terribles choses arrivent lorsque la dette dépasse 
							90% du PIB». Certes, une critique récurrente voit 
							dans la faible croissance une cause du haut niveau 
							d’endettement, et non une conséquence. Mais les 
							conclusions de Reinhart et Rogoff n’en restent pas 
							moins un solide point d’appui pour les partisans de 
							l’austérité. 
							
								
									
										| 
							 
							Jusqu’au 15 avril 
							2013 et la publication par un 
							étudiant en économie, 
							Thomas Herndon, et ses deux 
							professeurs, Michael Ash et Robert Pollin, d’un 
							article 
							intitulé : «Une forte dette publique freine-t-elle 
							substantiellement la croissance ?».
							
							( 08 ) La publication 
							se présente comme une réfutation du travail de Reinhart et Rogoff. Elle y relève des erreurs dans 
							le traitement des données, la pondération atypique 
							de certaines d'entre elles, ou encore l’énigmatique 
							exclusion de chiffres ne cadrant pas avec leur 
							thèse : autant d’anomalies conduisant à de 
							«sérieuses erreurs». 
							
							Controverse 
							
							En réalité, selon les propres calculs du trio 
							d’économistes, «la croissance moyenne lorsque la 
							dette dépasse 90% du PIB n’est pas nettement 
							différente que lorsqu’elle est moins élevée».  Depuis, le débat fait rage entre économistes. 
							«Je 
							n’aurais jamais rêvé qu’une part si importante de 
							leurs résultats ne reflète rien d’autre que de 
							mauvais calculs, écrit encore Paul Krugman sur son blog. 
							
							( 09 ) Si c’est vrai, c’est plus qu’embarrassant pour 
							"Reinhart & Rogoff". Mais les vrais coupables sont tous ceux qui 
							se sont emparés de ce résultat controversé, ne 
							sachant rien des recherches, parce qu’il disait ce 
							qu’ils voulaient entendre.» 
							 
							Leur 
							défense 
							
							Reinhart et 
							Rogoff n’ont pas tardé à réagir à 
							l’article accusant leur travaux. Dans une réponse 
							publiée par le Financial Times,
							
							( 10 ) 
							ils nient avoir volontairement écarté certaines 
							données. Les économistes reconnaissent toutefois une 
							erreur dans l’utilisation du tableur Excel, 
							produisant des «changements notables dans le taux de 
							croissance moyen de pays endettés à plus de 90%». 
							Dans une autre réponse, ils assurent relever une 
							«corrélation», et non une causalité, entre dette et 
							faible croissance».  
										 | 
										
										
										 | 
									 
								 
							 
							
							Sur le 
							fond, cependant, Reinart et Rogoff tiennent bon. 
							Selon eux, leurs contradicteurs «trouvent eux-mêmes 
							de plus faibles croissances lorsque la dette est 
							supérieure à 90%».  
							 
							A voir.  
							 
							Certes, selon le trio Herndon-Ash-Pollin, 
							la croissance moyenne est de 4,2% dans les pays 
							endettés à moins de 30%, et de 2,2% seulement dans 
							les pays endettés à plus de 90%. Mais même ce 
							dernier chiffre est largement supérieur au -0,1% 
							trouvé par Reinhart et Rogoff. En d’autres termes, 
							les effets de l’endettement sont bien moindres 
							qu’imaginés, ce qui fait de sa réduction un objectif 
							beaucoup moins pressant.  
							
							L'épisode est un nouveau coup dur aux théories 
							soutenant l'austérité à tout crin. Pas sûr cependant 
							qu'il suffise à y faire renoncer les gouvernements 
							déjà engagés sur cette route cahoteuse. 
							 
					 
					
					
					
						
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							Sources: 
							
							Libération 
							pour Edouard de Rothschild, 
							New York Time 
							pour Arthur Ochs Sulzberger Jr.  | 
							
							 Choix de photos, 
							fusion de textes, mise en page, 
							références et titrage 
							par :
							 JosPublic 
																																										Publication : 
							27 octobre 2013  | 
						 
					 
					 
					
					
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