Brosses à dents, bouteilles de plastique ou chaussures de sport, cette masse de débris regorge de produits désuets provenant des populations de la planète.
C’est difficile à croire puisqu’il n’existe aucune photo aérienne du phénomène. Pourtant, cette poubelle flottante est bel et bien réelle...
Si la découverte du phénomène dans les années 90 est attribuée à l’océanographeCharles Moore, fondateur de l’Algalita marine research Fondation, les scientifiques
s’entendent pour dire que le phénomène existe depuis les années 50. Et ce phénomène ne serait pas réservé exclusivement au
Pacifique. D’autres îles de déchets auraient également été découvertes dans le monde.
Selon les estimations de Charles Moore et de Greenpeace, qui a organisé une expédition après avoir entendu parler du phénomène, l’île de déchets couvrirait une
surface de plus de 600 000 km2, soit la grandeur de la France, d’où la vision apocalyptique d’une île ou d’un continent de déchets que l’on pourrait apercevoir à l’horizon.
Mais certains scientifiques, tels que
Marcus Eriksen, croient plutôt que la plaque de déchets pourrait s’étendre sur une distance de plus de 20 000 000 km2. Selon lui, cette île de déchets serait en réalité
constituée de deux zones interconnectées, s’étendant ainsi jusqu’au
Japon.
Une concentration de débris dangereuse
Les études de Charles Moore révèlent que cette soupe de déchets contiendrait plusieurs millions de tonnes de détritus de toutes sortes, dont 80% serait constitué de matières
plastiques non dégradables. Mais c’est surtout la concentration de débris par km2 qui inquiète les scientifiques. L’île de déchets contiendrait trois millions de morceaux de
plastique par km2.
Dans la zone centrale, généralement nommée «Trash Vortex», il y aurait environ six kilos de plastique pour un seul kilo de plancton. Les déchets sont bien sûr visibles
en
surface,
mais
flottent
également
entre
deux
eaux
jusqu’à
une
profondeur
d’une
trentaine
de
mètres.
Il
est
à
noter
que
les
estimations
du
Programme
des
Nations
Unies
pour
l’Environnement
sont
plus
conservatrices.
Selon
leurs
scientifiques,
on
retrouverait
près
de
20
000
morceaux
de
plastique
par
km2
d’océan
sur
une
profondeur
d’environ
30
mètres,
mais
cela
demeure
tout
de
même
préoccupant.
Si
l’on
surnomme
le
phénomène
«île
de
déchets»,
on
ne
peut
toutefois
pas
marcher
physiquement
dessus.
C’est
que
ces
déchets
flottants,
avec
l’effet
du
sel,
des
ultraviolets,
des
mouvements
de
l’eau,
ont
une
tendance
naturelle
à se
fragmenter
en
des
millions
de
morceaux
parfois
de
taille
microscopique.
Mais
ce
n’est
pas
parce
qu’on
ne
les
voit
pas
qu’ils
n’y
sont
pas.
David
Santillo,
membre
du
groupe
de
recherche
de
Greenpeace
International
basé
à
l’Université
de
Exeter,
en
Angleterre,
explique
d’ailleurs
très
bien
le
phénomène:
«Quand
on
est
proche
du
Trash
Vortex,
on
ne
peut
pas
marcher
dessus.
Ce
ne
sont
que
des
petits
morceaux
de
déchets
réduits
en
miettes.
Toutefois,
la
densité
est
tellement
grande
que
l’on
peut
très
bien
voir
tous
les
fragments
de
déchets
qui
flottent
dans
l’eau.
C’est
extrêmement
choquant
comme
image.»
Sans
surprise,
ce
sont
nos
poubelles
qui
se
rassemblent
dans
le
Pacifique.
Environ
10
millions
de
tonnes
de
plastique
retourneraient
à la
mer
tous
les
ans,
dont
une
partie
s’accumule
à
cet
endroit
sous
l’effet
d’un
énorme
courant
marin.
Les
inquiétudes
sont
multiples.
En
effet,
selon
Greenpeace,
il
serait
déjà
trop
tard
pour
renverser
le
phénomène:
«Aujourd’hui
on
ne
peut
plus
rien
faire,
si
ce
n’est
de
ne
pas
faire
plus
de
mal.»
Les
conséquences
sont
importantes
sur
l’écologie
marine.
Ainsi,
cette
immense
poubelle
flottante
se
trouve
à
proximité
de
la
plus
grande
réserve
marine
au
monde.
Selon
Greenpeace,
plus
de
260
espèces
marines
peuvent
confondre
les
débris
avec
de
la
nourriture
et
ingérer
des
morceaux
de
plastique,
affectant
ainsi
toute
la
chaîne
alimentaire,
et
ce,
jusqu’à
l’homme.
Une découverte par hasard…
Si
l'Île aux déchets de l'océan
Pacifique
a
été
découverte
en
1997
par
l’océanographe
américain
Charles
Moore,
elle
existerait
depuis
les
années
50.
C’est
que
la
zone
située
entre
Hawaï
et
Los
Angeles,
dans
l’océan
Pacifique,
est
peu
poissonneuse,
sans
vent
et
n’attire
donc
ni
pêcheurs,
ni
plaisanciers.
|
|
C’est
au
retour
d’une
course
à la
voile
de
Los
Angeles
à
Honolulu
en
1997
que
Charles
Moore
décide
d’emprunter
une
route
habituellement
évitée
par
les
marins,
car
elle
traverse
une
zone
de
hautes
pressions
où
les
courants
s'enroulent
dans
le
sens
des
aiguilles
d'une
montre.
C’est
à ce
moment-là
qu’il
découvrira
la
plus
grande
masse
de
déchets
flottants
de
la
planète,
une
surface
qui
couvrirait
plus
de
600
000
km2,
soit
la
superficie
de
la
France,
et
qui
contiendrait
plusieurs
millions
de
tonnes
de
déchets.
Charles
Moore
a
tellement
été
estomaqué
par
la
quantité
incroyable
de
déchets
de
plastique
qui
flottaient
dans
l’océan,
qu’il
a
décidé
de
mener
des
expéditions
pour
documenter
le
phénomène.
«Il
y
avait
des
bouteilles
de
shampoing,
des
sacs
de
plastique
et
des
filets
de
pêche
à
perte
de
vue.
J’étais
pourtant
au
centre
de
l’océan,
mais
il
n’y
avait
pas
un
endroit
où
je
ne
voyais
pas
de
plastique»,
explique-t-il
sur
son
site
officiel.
Ses
nombreuses
expéditions
lui
ont
permis
de
mesurer
la
concentration
de
débris
de
l’île
de
plastique
du
Pacifique.
Il a
rapporté
une
concentration
de 3
340
000
pièces
par
kilomètre
carré
et
une
masse
moyenne
de
5,1
kg/km².
La
collecte
a
été
effectuée
à
l'aide
d'un
chalut
équipé
d'une
ouverture
rectangulaire
de
90
cm
sur
15
cm
disposé
à la
surface.
Une
récolte
d'échantillon
à 10
mètres
de
profondeur
rapportait
moins
de
la
moitié
de
la
quantité,
essentiellement
du
fil
de
pêche.
Depuis,
Charles
Moore
milite
activement
pour
faire
connaître
le
phénomène.
Il
organise
plusieurs
conférences
et
études
et
il
se
rend
régulièrement
à
l’endroit
du
«Trash
Vortex».
Il a
d’ailleurs
créé
sa
propre
fondation:
Algalita
Marine
Research
Foundation.
Son
dernier
voyage
de
collecte
de
données
remonte
à
février
2008.
Greenpeace
intervient
En
2006,
Greenpeace
a eu
vent
du
phénomène
ahurissant
qu’est
l’île
de
plastique
et
constate
que
la
zone
touchée
se
trouve
juste
à
proximité
de
la
plus
grande
réserve
marine
du
monde.
Étant
donné
l’aspect
irréaliste
et
controversé
du
phénomène,
l’organisme
environnemental
organise
l’expédition
Défendons
nos
océans
et
décide
de
se
rendre
directement
sur
les
lieux.
Ainsi,
à
bord
de
l’Esperanza,
les
militants
et
scientifiques
de
Greenpeace
ont
corroboré
les
données
de
Charles
Moore
pour
ce
qui
est
de
la
superficie
de
l’île
de
déchets,
soit
environ
600
000
km2.
Or,
les
photos
prises
par
l’organisme
ne
sont
pas
significatives.
Avec
les
vagues,
le
sel
et
les
chocs,
le
plastique
s'est
fractionné
en
morceaux
de
quelques
millimètres
qui
voguent
entre
la
surface
et
plusieurs
mètres
de
profondeur.
Pas
une
masse
solide
donc,
mais
d'une
zone
où
l'eau
est
saturée
de
débris.
Pourquoi les déchets restent-ils prisonniers?
La
concentration
de
déchets
observée
dans
le
Pacifique,
entre
Los
Angeles
et
Hawaï,
est
causée
par
les
courants
océaniques
particuliers
qui
englobent
la
zone.
Les
spécialistes
appellent
ce
phénomène
«Vortex»,
d’où
le
nom
«Trash
Vortex».
Bien
que
celui
du
Pacifique
fasse
réagir
la
planète,
il
semblerait
qu’il
ne
soit
pas
unique
et
qu’il
en
existe
d’autres
ailleurs
sur
la
planète.
|
|
«Les déchets ne se sont pas accumulés là parce que c’est une zone où on génère plus de déchets.
C’est plutôt en raison d’un système de courant qui ramène l’ensemble des débris à cet endroit-là en particulier.
Ils
y
restent
parce
qu’ils
sont
prisonniers
d’une
espèce
de
tourbillon.
Une
fois
dans
cette
zone,
les
déchets
ne
peuvent
plus
être
emportés
ailleurs
par
les
courants»,
explique
François
Chartier,
de
Greenpeace
France
pour
les
Océans.
On
pourrait
comparer
un
vortex
à un
écoulement
d’eau
lorsque
l’on
vide
une
baignoire.
Ainsi,
dans
les
océans,
c’est
principalement
le
même
phénomène
qui
se
produit.
Les
courants
font
converger
les
déchets
flottants
vers
la
zone
du
Trash
Vortex.
N’ayant
aucun
vent,
le
tourbillon
maintient
les
détritus
en
place
ce
qui
engendre
l’accumulation
de
ceux-ci.
Le
vortex
du
Pacifique
illustre
très
bien
ce
phénomène.
Le
centre
du
Trash
Vortex
est
situé
dans
une
latitude
entre
la
cellule
de
Ferrel
et
la
cellule
de
Hadley.
Il
s'agit
d'une
zone
relativement
calme
de
l'Océan
Pacifique,
vers
laquelle
le
mouvement
de
rotation
du
vortex
amène
les
déchets
flottants.
Cette
plaque
se
serait
formée
pendant
plusieurs
décennies.
Selon
l’océanographe
Charles
Moore,
qui
a
découvert
l’île
de
déchets
du
Pacifique,
il
ne
prendrait
qu’une
seule
année
pour
des
déchets
provenant
de
la
côte
orientale
de
l'Asie
pour
dériver
jusqu'à
la
plaque
du
Pacifique
et
cinq
ans
pour
les
déchets
provenant
de
la
côte
occidentale
de
l'Amérique.
Des
chaussures
à la
mer
Certains
événements
historiques
illustrent
d’ailleurs
les
différents
courants
marins
des
océans
sur
la
planète.
Un
de
ces
événements
restés
célèbres
est
la
perte
d'environ
80
000
chaussures
et
bottes
de
la
marque
Nike
du
navire Hansa
Carrier
en
1990.
Pendant
les
trois
années
qui
ont
suivi,
on a
retrouvé
des
chaussures
Nike
sur
les
côtes
de
la
Colombie-Britannique,
de
Washington,
de
l’Oregon
et
d’Hawaï.
Même
chose
lorsqu’un
cargo
avait
laissé
en
mer
entre
29
000
et
30
000
canards
en
plastique
jaune,
tortues
bleues
et
grenouilles
vertes
de
la
marque
«Friendly
Floatees».
Ces
événements
démontrent
également
que
le
phénomène
de
vortex
est
présent
ailleurs
sur
la
planète.
En
effet,
l’île
de
déchets
du
Pacifique
est
la
manifestation
d’un
phénomène
qui
touche
l’ensemble
des
océans
de
la
planète,
formant
une
des
plus
grandes
menaces
sur
les
écosystèmes
marins.
Selon
David Santillo,
membre
du
groupe
de
recherche
de
Greenpeace
International,
basé
à
l’Université
de
Exeter,
en
Angleterre,
on
retrouverait
des
déchets
flottants
dans
tous
les
océans,
y
compris
dans
les
régions
polaires.
«Lors
de
son
expédition,
Greenpeace
a
voulu
savoir
si
le
problème
était
seulement
dans
le
Pacifique
ou
s’il
en
existait
également
ailleurs
sur
la
planète.
En
2006,
nous
avons
découvert
que
le
phénomène
n’était
pas
unique
au
Pacifique.
En
fait,
il
est
global.»
Pour
sa
part,
François
Chartier
n’est
pas
très
optimiste
pour
l’avenir.
«Si
les
choses
continuent
de
la
même
manière,
je
ne
vois
pourquoi
il
n’y
en
aurait
pas
ailleurs».
Il
donne
d’ailleurs
l’exemple
de
la
mer
des
Sargasses,
à
proximité
des
Bahamas,
où
une
masse
de
déchets
flottants
a
été
repérée.
On
observerait
également
le
même
phénomène
près
du
Japon.
|
L’homme, le principal responsable
Tous
les
scientifiques
s’entendent
pour
dire
que
près
de
80%
des
ordures
qui
forment
l’île
de
déchets
du
Pacifique
proviennent
des
terres
et
des
navires.
L’homme
serait
donc,
par
sa
production
effrénée
de
plastique,
le
principal
responsable
de
cette
pollution
marine.
|
On
nomme
ces
déchets,
que
l’on
retrouve
en
milieu
marin
des
macrodéchets.
Ils
polluent
les
mers,
les
océans
et
les
côtes
du
monde
entier.
Près
de
80%
des
macrodéchets
proviennent
de
la
terre
ferme.
Ainsi,
parmi
les
causes
probables,
on
pointe
du
doigt
principalement
les
défauts
d’entretien
des
décharges,
des
rues,
des
réseaux
pluviaux,
des
plages
et
des
ports.
Des
tonnes
de
déchets
Mais
il y
a
également
20%
de
ces
résidus,
généralement
en
plastique,
qui
proviennent
des
navires
et
des
plateformes
en
mer.
Sébastien
Pelletier,
étudiant
au
doctorat
en
science
géographique
et
ex-plongeur
professionnel
commercial
dénonce
justement
le
comportement
irresponsable
des
équipages
de
navires
en
mer:
«Pour
avoir
passé
quelque
temps
sur
des
plateformes,
j'ai
pu
constater
le
comportement
et
le
peu
de
respect
face
à
l'environnement
marin
dont
font
preuve
les
équipages
en
général.
Toutes
sortes
de
déchets
sont
jetés
en
mer,
allant
du
vulgaire
mégot
de
cigarette
à la
poubelle
pleine
de
plastique,
de
résidus
de
soudure,
et
ce,
même
malgré
une
législation
rigoureuse»,
explique-t-il.
Selon
l’Académie
américaine
des
sciences,
qui
a
publié
un
document
sur
la
question
en
1975,
près
de 6
500
000
tonnes
de
déchets
pénétreraient
annuellement
les
océans.
Jusqu'à
une
époque
récente,
ces
débris
de
nature
organique
subissaient
une
biodégradation.
Mais
les
activités
humaines
génèrent
désormais
des
débris
en
matières
moins
facilement
biodégradables,
comme
le
plastique
ou
les
débris
de
bateaux.
Les
macrodéchets
sont
donc
constitués
de
tout
ce
qui
peut
flotter,
qui
n’est
pas
biodégradable
et
en
plastique,
allant
de
la
brosse
à
dents
jusqu’aux
filets
de
pêche
fantôme,
mais
aussi
de
millions
de
morceaux
microscopiques
de
plastiques.
Comme
ils
ne
se
biodégradent
pas,
ils
peuvent
circuler
extrêmement
longtemps
dans
les
milieux
marins.
Les
emballages,
et
surtout
ceux
en
plastique,
constituent
pour
presque
la
totalité
des
macrodéchets.
L’éternité
du
plastique
Les
plastiques
sont
issus
de
la
pétrochimie.
Le
pétrole
est
transformé
pour
acquérir
des
propriétés
intéressantes
particulièrement
l’industrie
alimentaire,
mais
également
pour
toute
production
de
produits
ménagers
ou
produits
d’industries.
On
explique
sa
popularité
principalement
pour
son
inaltérabilité,
sa
solidité,
sa
légèreté
et
son
imputrescibilité.
C’est
également
pour
toutes
ces
raisons
que
l’industrie
des
matières
plastiques
a
subi
une
croissance
phénoménale
au
cours
des
dernières
décennies.
Mais,
l’envers
de
la
médaille
mérite
réflexion.
Ces
plastiques
sont
rendus
inassimilables
par
la
nature
sans
l’intervention
de
l’homme.
Seul
le
soleil
peut
couper
les
chaînes
de
macromolécules
et
alors
réduire
le
plastique
en
petites
particules
invisibles
à
l’œil
nu
au
bout
d’une
vingtaine
d’années.
Si
l’île
de
déchets
n’est
pas
une
masse
solide
pour
pouvoir
y
poser
pied,
c’est
bien
entendu
parce
que
l’effet
combiné
des
vagues,
du
sel
et
des
chocs
ont
réduit
en
pièces
et
en
particules
les
déchets
qui
s’y
retrouvent.
Mais
comme
ils
ne
sont
pas
biodégradables
en
soi,
les
déchets
restent
quand
même
bien
en
place
et
l’eau
est
saturée
de
débris
L’impact du plastique sur la faune marine
Les
conséquences
de
l’île
de
déchets
du
Pacifique
sont
dramatiques.
Poissons,
tortues,
oiseaux,
nul
n’est
épargné.
Et
chaque
année,
la
soupe
de
déchets
continue
d’envahir
et
d’étouffer
le
territoire
de
la
faune
marine
faisant
ainsi
de
plus
en
plus
de
victimes.
Mais
l’ironie
suprême,
c’est
que
cette
masse
de
déchets
flottants
se
trouve
à
seulement
quelques
kilomètres
de
la
plus
grande
réserve
marine
au
monde.
|
|
«Si
les
images
de
cette
vaste
soupe
de
plastique
sont
choquantes,
ce
n’est
pas
cette
pollution
visuelle
qui
pose
problème,
mais
l’impact
sur
la
faune
marine
qui
est
dramatique»,
s’inquiète
Greenpeace
dans
un
rapport.
Les
dommages
En
effet,
lors
de
son
expédition
«Défendons
nos
océans»,
des
militants
ainsi
que
des
scientifiques
de
Greenpeace
ont
pu
constater
les
dommages
incontestables
sur
la
faune
marine
de
la
pollution
dans
l’océan
Pacifique.
«Lors
des
précédentes
étapes
de
l'expédition,
nous
avons
eu
l'occasion
de
voir
de
nombreuses
côtes
couvertes
de
déchets
en
tous
genres.
Mais
en
pleine
mer,
le
problème
est
de
plus
grande
ampleur,
et
de
nombreux
animaux
marins
comme
les
tortues
ou
les
albatros
s'empêtrent
dans
les
débris
plastiques
ou
s'étouffent
avec»,
expliquait
Adam
Walters,
scientifique
de
Greenpeace,
alors
qu’il
était
à
bord
de
l'Esperanza.
«Le
danger
que
ces
débris
représentent
pour
la
vie
marine
est
connu
depuis
des
années,
mais
l'ampleur
du
problème
a
été
sous-estimée.
Étant
donné
l'augmentation
rapide
de
la
consommation
de
plastique
à
travers
le
monde,
les
déchets
plastiques
sont
devenus
omniprésents
dans
les
océans»,
avait-il
averti.
Les
déchets
Les
déchets
que
l’on
retrouve
dans
les
océans
posent
des
problèmes
environnementaux
à
cause
de
leur
hétérogénéité,
de
leur
solidité,
de
leur
composition,
de
leur
taille,
de
leur
visibilité
et
de
leur
durabilité.
«Les
gros
morceaux
de
déchets,
comme
les
bouteilles
de
plastique
ou
les
filets
de
pêche,
ont
des
effets
directs
sur
les
animaux.
Ils
peuvent
les
couper
ou
les
étrangler.
Des
photos
ont
démontré
que
des
oiseaux,
particulièrement
les
albatros,
des
tortues
et
même
des
baleines,
peuvent
être
affectés
à
très
long
terme
par
ces
débris»,
explique
David
Santillo,
membre
du
groupe
de
recherche
de
Greenpeace
International,
basé
à
l’Université
de
Exeter,
en
Angleterre.
Mais
ces
déchets
flottants,
avec
l’effet
du
sel,
des
ultraviolets,
des
mouvements
de
l’eau,
ont
une
tendance
naturelle,
après
quelques
années,
à se
fragmenter
en
des
millions
de
morceaux
parfois
de
taille
microscopique.
Ces
détritus
risquent
donc
d’être
ingérés
par
les
oiseaux
marins,
des
tortues
de
mer,
des
mammifères
marins,
des
poissons,
des
crustacés
et
des
invertébrés
affectant
ensuite
toute
la
chaîne
alimentaire,
jusqu’à
l’homme.
«Ce
qui
rend
la
matière
plastique
si
avantageuse
pour
nous
consommateurs
représente
pour
l'environnement
marin
un
problème
de
taille.
Les
déchets
plastiques
ne
se
dégradent
pas
et
sont
souvent
pris
pour
de
la
nourriture
par
les
espèces
animales,
causant
chaque
année
leur
mort
par
centaines
de
milliers»,
ajoute
Sébastien
Pelletier,
étudiant
au
doctorat
en
science
géographique
de
l’Université
Laval
et
ex-plongeur
professionnel
commercial.
En
effet,
l’impact
des
détritus
une
fois
ingérés
est
multiple
chez
les
animaux
marins:
blocage
du
processus
de
la
digestion,
ulcérations,
dommage
à la
paroi
stomacale,
blessures,
entrave
aux
mouvements
et
affaiblissement,
qui
entraînent
souvent
la
mort.
Des animaux empoisonnés par le plastique
Plusieurs
témoignages
illustrent
la
détresse
des
animaux,
qui
ingèrent
régulièrement
du
plastique.
Ainsi,
la
photographe
naturaliste
Susan
Middleton
raconte
s’être
intéressée
à un
jeune
albatros
lors
d’une
de
ses
missions
sur
une
île
d’Hawaï.
En
dépit
de
toute
l’aide
alimentaire
que
sa
mère
lui
apportait,
le
jeune
albatros
ne
cessait
de
dépérir
et a
fini
par
mourir.
|
|
Perplexe,
Susan
Middleton
rapporta
le
corps
du
jeune
albatros
à un
biologiste
qui
pratiqua
une
autopsie
démontrant
que
l´estomac
de
l´animal
était
plein
de
plastique.
En
fait,
sa
mère
confondait
le
plastique
pour
de
la
nourriture.
Parmi
les
soixante
cadavres
d´albatros
examinés
ultérieurement
sur
l´île,
cinquante-cinq
avaient
l´estomac
rempli
de
déchets
plastiques.
Tortue
Ce
sort
tragique
n’est
pas
réservé
qu’aux
albatros.
Le
contenu
d’un
estomac
d’une
tortue
trouvée
morte
en
Floride
a
également
alarmé
les
scientifiques.
Après
autopsie,
on a
retrouvé
à
l’intérieur
de
son
estomac
des
morceaux
de
caoutchouc
et
de
plastique,
des
boulettes
de
plastique,
des
épingles
à
nourrice,
des
morceaux
d’éponge
synthétique,
des
morceaux
de
filets
en
plastique,
des
bouteilles
en
plastique,
de
nombreuses
lanières
en
plastique,
des
morceaux
de
sachets
en
plastique
et
une
corde
en
polypropylène.
Tous
ces
débris
lui
ont
causé
intoxications,
empoisonnements
et
occlusions
intestinales.
Une
étude
de
Greenpeace
estime
que
80%
des
tortues
marines
du
globe
ont
déjà
mangé
du
plastique.
«Les
matières
plastiques
agissent
comme
des
éponges
en
absorbant
les
polluants
les
plus
dommageables,
appelés
polluants
organiques
persistants:
dioxine,
furannes,
polychlorobiphényles
(PCB),
pour
ne
nommer
que
ceux-là.
Ces
derniers
sont
ensuite
ingérés
par
les
espèces
animales,
causant
des
mutations
génétiques,
intoxication
et
débalancement
hormonal,
car
leur
système
endocrinien
les
prend
pour
de
l'estradiol,
mettant
en
péril
la
reproduction
des
espèces»,
explique
Sébastien
Pelletier.
Le
plus
grave
problème,
selon
Greenpeace,
c’est
que
cette
situation
affecte
toute
la
chaîne
alimentaire
créant,
par
le
fait
même,
un
danger
certain
pour
la
santé
humaine.
Il
n’existerait
aucune
étude
à ce
jour
sur
les
effets
de
ce
fléau
sur
les
aliments
que
nous
consommons.
|
Un nettoyage impossible?
L’île
de
déchets
est
impossible
à
nettoyer.
C’est
le
constat
qu’ont
fait
plusieurs
scientifiques
qui
ont
travaillé
sur
la
question.
Sachant
cela,
c’est
maintenant
l’expansion
du
phénomène
qui
inquiète
des
organismes
comme
la
Fondation
de
Charles
Moore
ainsi
que
Greenpeace.
|
Plusieurs
petits
et
grands
gestes
peuvent
donc
être
posés
afin
d’arrêter
la
croissance
des
déchets
flottants
dans
les
océans.
L’ampleur
du
nettoyage
Selon
Greenpeace,
une
opération
de
nettoyage
serait
possible
«techniquement»,
mais
s’avérerait
complexe,
donc
très
coûteuse.
«Pour
la
plaque
elle-même,
selon
l’avis
des
scientifiques,
il
est
absolument
impossible
de
la
nettoyer.
Impossible
dans
le
sens
que
ça
serait
beaucoup
trop
coûteux,
car
techniquement,
ça
pourrait
être
possible»,
explique
François
Chartier
de
Greenpeace
France
pour
les
Océans.
Le
scientifique
David
Santillo,
membre
du
groupe
de
recherche
de
Greenpeace
International,
basé
à
l’Université
de
Exeter,
en
Angleterre,
va
dans
le
même
sens
que
M.
Chartier.
«Ce
serait
très
difficile
à
nettoyer
puisque
la
zone
de
déchets
flottants
est
extrêmement
grande.
Il y
a
une
possibilité
de
ramener
les
déchets
sur
les
plages
d’Hawaï,
par
exemple,
et
d’ensuite
nettoyer
la
plage
en
une
journée.
Mais
le
lendemain,
il
est
clair
qu’il
y
aura
tout
autant
de
déchets
à
ramasser.
Ça
ne
finirait
plus…
C’est
donc
très
difficile
de
voir
comment
on
pourrait
enlever
tous
ces
déchets
de
l’océan».
Un
autre
problème
important,
selon
François
Chartier,
c’est
de
savoir
qui
assumerait
les
charges
de
l’opération
de
nettoyage.
En
effet,
l’île
de
déchets
se
trouve
en
dehors
des
limites
maritimes
de
tout
État
responsable.
Par
conséquent,
aucun
État
ne
désire
payer
les
coûts
faramineux
qu’impliquerait
le
nettoiement
d’une
surface
d’eau
aussi
grande
que
la
France
et
saturée
de
déchets
presque
invisibles
à
l’œil
nu.
«Celui
qui
accepte
d’en
assumer
les
charges
en
assumerait
également
la
paternité.
Évidemment,
pour
les
scientifiques
qui
travaillent
sur
le
dossier,
ce
n’est
donc
pas
envisageable»,
ajoute
M.
Chartier.
Greenpeace
a
dénoncé
à
plusieurs
reprises
l’inaction
des
gouvernements
concernant
les
phénomènes
de
vortex
dans
les
océans:
«Cette
découverte
illustre
une
nouvelle
fois
la
pollution
des
océans
qui,
faute
d’autorité
compétente,
est
trop
souvent
négligée».
Des gestes essentiels pour arrêter l’expansion du phénomène
|
S’il
est
très
difficile
de
lutter
contre
cette
tendance
naturelle
à la
concentration
de
déchets
en
un
lieu,
il
existe
toutefois
des
moyens
de
lutte
efficace
pour,
du
moins,
ralentir
le
phénomène.
Au
niveau
international
par
exemple,
les
Nations-Unies
imposent
depuis
1960
des
directives
et
des
programmes
visant
à
lutter
contre
les
pollutions
chroniques
et
accidentelles
des
eaux
marines.
|
De
leur
côté,
plusieurs
organismes
environnementaux
ont
publié
des
documents
afin
d’informer
les
populations
sur
ce
qu’ils
peuvent
faire
concrètement.
«À
long
terme,
la
seule
solution
possible
est
de
diminuer
notre
utilisation
de
plastique
et
de
les
disposer
de
façon
responsable.
C’est
une
catastrophe
écologique
qui
nous
pousse
à
apprendre
de
nos
erreurs.
Il
faut
maintenant
agir»,
juge
David
Santillo.
Recommandations
Voici
une
liste
de
recommandations
publiée
par
Greenpeace:
-
Ramassez les déchets que vous voyez par terre et les jeter de manière appropriée.
-
Réduisez votre consommation, réutilisez et recyclez vos produits.
-
Soyez un consommateur responsable, et faites votre possible pour éviter les produits dont l’emballage est excessif, en particulier lorsqu’il s’agit de produits jetables.
-
Faites pression pour des équipements de recyclage meilleurs et plus nombreux dans votre quartier.
-
Participez aux initiatives locales de nettoyage de cours d’eau, rivières et plages, ou organisez-en une vous-même. Ces opérations ne sont pas une solution miracle, mais elles sont très efficaces pour attirer l’attention sur le problème plus grave de nos océans.
-
Si vous habitez en région côtière ou au bord d’un cours d’eau se jetant dans l’océan, vos égouts amènent probablement les déchets directement en mer. Soyez conscient de ceci, ainsi que de toute autre source potentielle de pollution marine dans votre région. Battez-vous pour leur disparition.
-
Soyez très conscient de votre empreinte écologique. Prenez des décisions allant dans le sens du changement, et dites non au paradigme actuel du tout jetable.