Dans la foulée de cette annonce, le Journal de Montréal rapportait vendredi l’information suivante :
Ressources Québec, une
filiale d’Investissement Québec, s’apprête à
verser 100 M$ à la société minière Canadian
Royalties et à sa société mère Jien Canada,
qui possèdent la mine de nickel Nunavik
Nickel, dans le Grand Nord québécois.
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Le communiqué émis par Canadian Royalties le 15 juin 2009 à l’occasion de son assemblée générale précise qu’en plus de siéger au conseil d’administration Dr Philippe Couillard siégera également aux comités de vérification et au comité spécial des finances qui, vu les difficultés que traverse l’entreprise à ce moment, revêtent tous deux une importance très stratégique.
Même si aucune accusation n’a été portée contre Andrew Pepper, son passage chez Norshield n’en faisait pas nécessairement le candidat idéal pour siéger au conseil d’administration et aux comités de vérification et des finances d’une entreprise cotée en bourse. Et l’on peut s’interroger de la même façon sur ce qui pouvait bien prédisposer Philippe Couillard à assumer de telles responsabilités. |
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Le président de l’entreprise à l’époque, Glenn J. Mullan, avait expliqué son choix de la façon suivante au journal Les Affaires : « Comme ministre de la Santé, il a géré le plus important budget du gouvernement. Il est évidemment bien qualifié pour aider un conseil d’administration d’une petite société minière qui essaie de trouver le financement et de mener à terme son projet de construction », dit Glenn J. Mullan, président par intérim de Canadian Royalties, qui souligne les contacts de l’ancien ministre au Moyen-Orient. Ce réseau va s’avérer utile dans la recherche de financement, ajoute-t-il. |
Toujours selon Les Affaires, la minière cherchait alors à exploiter une mine de nickel à proximité de la propriété de Xstrata au Nunavik et comblait son conseil d’administration avec « de grosses pointures ayant en commun d’entretenir de bonnes relations avec les politiques. »
Enfin, toujours dans le même article, Les Affaires évoquait un autre défi pour l’entreprise, « renégocier, avec les détenteurs de ses débentures convertibles, la Caisse de dépôt ( 15 ) et le Fonds FTQ, les termes de l’emprunt qui portent intérêt à 7 % et qui arrivent à échéance en 2015. »
Bien entendu, Philippe Couillard n’a pas accepté ce rôle à titre bénévole. Lorsqu’on invite ce genre de personne à siéger au conseil d’administration pour profiter de ses contacts, il faut la rémunérer assez grassement, en espèces, en actions et/ou en options.
L’entente à cet effet peut même
prévoir en plus des considérations futures
liées à la réalisation de certaines
conditions, comme cela se produit assez
fréquemment. L’affaire serait déjà ultra-délicate si elle s’arrêtait là. Mais il y a plus... beaucoup plus ! |
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Il est d’abord nécessaire de
comprendre la face cachée de l’industrie
minière, son côté casino. En partant,
l’exploration minière est une activité très
aléatoire qu’il faut financer. Le niveau de
risque est très élevé.
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exploitables, vous pouvez gagner des
fortunes, mais vous pouvez tout aussi bien
faire chou blanc ou mettre des années à
faire une découverte intéressante.
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À ce stade, vos investisseurs sont des spéculateurs, et, si vous voulez recueillir les fonds nécessaires, vous ne pouvez pas vous montrer trop scrupuleux sur la légitimité de leurs sources. Canadian Royalties était dans cette situation-là, et c’est ce qui explique son choix d’Andrew T. Pepper pour faire le « marketing »«mise-en-marché» du projet, avec son carnet d’adresses bourré de noms de personnes disposant du capital nécessaire pour faire un placement spéculatif sur l’impulsion du moment. C’est avec ce genre de capital qu’on établit un marché pour un titre minier et qu’on en fixe la valeur de départ. |
Tous ces détails seraient sans importance si Philippe Couillard n’était pas revenu à la politique et n'était pas devenu premier ministre, avec le pouvoir de faire approuver un prêt de 100 millions $ à l’entreprise dont il avait été administrateur et conseiller stratégique.
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La question se pose donc de savoir ce que Philippe Couillard savait exactement de l’entreprise, de ses difficultés et de ses collaborateurs au moment où il en est devenu administrateur et conseiller stratégique aux finances, ou s’il ne servait que de façade pour quelqu’un d’autre. Il n’a occupé ses fonctions que pendant six mois, mais pendant cette période, l’entreprise s’est trouvé un acquéreur, non pas au Moyen-Orient où son président croyait que Couillard pourrait lui ouvrir des portes, mais en Chine. |
La question se pose aussi sur le rôle que Couillard a pu jouer dans la recherche et le choix de "Jilin Jien Nickel" qui allait être l’acquéreur chinois de Canadian Royalties. On comprendra en effet qu’il n’est pas tombé du ciel. Une compagnie minière chinoise ne débarque pas au Québec du jour au lendemain sans qu’on lui ait tenu la main. |
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Les Chinois, comme tous les Asiatiques d’ailleurs, font des affaires avec des relations avec qui ils ont établi des liens de confiance sur plusieurs années, et il n’y a pas grand monde au Québec qui puisse se targuer d’avoir développé des rapports de ce genre avec des dirigeants chinois. En fait, on a trop des doigts d’une main pour les compter.
Pour s’acquitter de son mandat auprès de Canadian Royalties, il fallait donc que Philippe Couillard ait ce genre de contacts, ou qu’il ait accès à des personnes qui l’avaient, en supposant qu’il ait pris l’initiative. L’autre possibilité, c’est que des personnes qui avaient ces contacts et qui le connaissaient l’aient approché en lui offrant de lui donner un coup de main. Qui donc pouvait être en mesure d’agir de la sorte en pleine crise financière mondiale à l’automne 2009 ?
En fait, il n’y a qu’un seul groupe au Québec qui dispose d’un tel réseau de relations et qui pouvait avoir accès à Philippe Couillard, et c’est Power Corporation.
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En effet, Power Corporation est active en Chine depuis la fin des années 1970. Voici ce que l’on retrouvait dans La Presse au moment du décès de Paul Desmarais père : Les relations étroites avec les autorités chinoises tissées de longue haleine par Paul Desmarais sr, puis ses fils André et Paul, jr, ont constitué la clé de voûte de son succès en Chine, croit Karl Moore, professeur de gestion à l’Université McGill. « Les Chinois accordent une grande valeur à cela et surtout au fait de rencontrer le dirigeant lui-même. » |
Pour développer ses affaires en Chine, Power a pris une participation dans CITIC Pacific, une filiale d’une très grosse société de portefeuille chinoise qui détient des participations dans tous les secteurs de l’économie. Et pour promouvoir ses intérêts dans ce pays, Paul Desmarais sénior a mis sur pied le Conseil d’affaires Canada-Chine dont il a d’abord été le président pendant quelques années avant de passer la main à son fils André. |
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Même si d’autres entreprises ont été associées au Conseil au fil des années, Power Corporation conserve la haute main sur son fonctionnement et ses activités. En effet, la présidence du conseil est assumée par Peter Kruyt, vice-président de Power Corporation. Notons en passant que la vice-présidence du conseil de cet organisme échoit à l’ancien ministre fédéral et ancien majordome de la famille Desmarais Martin Cauchon ( 18 ) dont on apprenait récemment qu’il s’était porté acquéreur des journaux régionaux de l’Empire Desmarais au Québec. Le monde est décidément bien petit ! |
On notera aussi en passant que Peter Kruyt et Andrew T. Pepper dont on a parlé plus haut sont tous deux des diplômés de l’Université Concordia, qu’ils sont dans la même tranche d’âge et qu’ils évoluent dans les mêmes cercles. Intéressant pour ce que cela ouvre comme perspectives sur ce qui se cachait derrière la transaction de Canadian Royalties en 2009.
Pour en revenir à celle-ci, elle ne s’est pas faite sans heurts. L’offre initiale, trop basse, avait dû être révisée à la hausse pour les actionnaires, mais cette hausse n’avait pas été étendue aux détenteurs de débentures, ce qui constituait une différence de traitement illégitime aux yeux des détenteurs de débentures.
Le fonds Jaguar avait émis un communiqué de presse invitant les administrateurs de Canadian Royalties, dont Philippe Couillard, à s’acquitter de leur responsabilité fiduciaire envers les détenteurs de débentures dans les termes suivants :
The directors of CZZ are Bryan Coates, Phillipe Couillard, Robert Durham, Bernard Guarnera, Glenn Mullan, Andrew Pepper, Arthur Porter and Michael H. Wilson. "We ask these directors to be straight with the Debenture Holders and specifically recognize that the Revised Offer is financially unfair to the Debenture Holders. They are stunningly and mysteriously silent on the treatment of the Debenture Holders" said Mr. Alboini. » |
On notera que parmi ces détenteurs de débentures se trouvaient la Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité de la FTQ qui ont donc été lésés par cette transaction, ce qui crée une autre situation délicate pour Philippe Couillard compte tenu de fait que la Caisse de dépôt relève désormais de son autorité. Mais l’affaire ne s’arrête pas là. |
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En 2012, à l’occasion d’un forum tenu à Beijing, le Conseil d’affaires Canada-Chine, contrôlé par Power Corporation, invitait le PDG de Jilin Jien Nickel, Wu Shu, à être panéliste dans un débat sur le thème des occasions de collaboration entre les entreprises canadiennes et chinoises dans les domaines de l’énergie et des mines. Cette invitation se trouvait à confirmer l’intérêt de l’Empire Desmarais pour et dans cette entreprise. |
Il se trouvait à appliquer le troisième de ses principes de l’investissement stratégique énoncé sur le site de sa filiale Pargesa SA : mise en oeuvre continue d’un travail professionnel d’actionnaire stratégique auprès des participations.
En 2013, des difficultés surgissent. Voici comment le journal Les Affaires rapporte les faits :
La face cachée de Canadian Royalties On savait que les choses ne tournaient pas rond chez Canadian Royalties. Cette minière chinoise, qui vient d’ouvrir la mine Nunavik Nickel, doit plus de 70 millions de dollars à des fournisseurs québécois et inuits, comme l’a révélé Les Affaires en août dernier. Et il y a pire : l’entreprise fait l’objet de poursuites judiciaires qui fusent de toutes parts.
Mais ce qu’a appris Les Affaires, c’est que Canadian Royalties s’est fait bien des ennemis depuis qu’elle existe, tant à l’époque où elle était une petite société minière québécoise, dirigée par l’entrepreneur de Val-d’Or Glenn Mullan, que depuis son acquisition par la chinoise Jilin Jien Nickel à l’automne 2009, à la suite de la crise financière. Ces ennemis, ce sont des actionnaires mécontents et ses partenaires d’affaires qui la poursuivent pour non-respect d’ententes, fausses représentations, omissions et transactions illégales. [...] |
Recours collectif
Canadian Royalties fait aussi l’objet d’un recours collectif déposé le 17 juin 2010 devant un tribunal ontarien relativement à des actes commis en 2007 et 2008, avant la prise de contrôle par la chinoise.
Cette poursuite d’actionnaires mécontents s’élève à 500 M$, plus 20 M$ en dommages punitifs. Les plaignants accusent les dirigeants de CR de fausses représentations et d’omissions dans des prospectus publiés en vue de deux émissions de valeurs mobilières, le 29 juillet 2007 et le 12 mars 2008, qui ont permis à la société d’amasser près de 200 M$.
Parmi les personnes poursuivies se trouvent Glenn Mullan, fondateur et président du conseil d’administration de Canadian Royalties, à l’emploi de l’entreprise jusqu’à la fin de septembre 2013 ; Richard R Faucher, président de CR en 2008 ; Bryan Coates, administrateur de CR et actuel chef de la direction financière de la Corporation minière Osisko ; et Raymond Savoie, aussi membre du conseil et ancien ministre délégué aux Mines. La poursuite touche aussi la firme d’ingénierie SNC-Lavalin, de même que les maisons de courtage Raymond James, Desjardins, BMO Nesbitt Burns et Macquarie Private Wealth. Elle allègue que, de juin 2007 à août 2008, le conseil de CR aurait fait croire que la mine s’était assurée d’un accès à l’aéroport Donaldson, ce qui a été contredit dans un communiqué émis le 5 août 2008, dans lequel l’entreprise évoque le refus d’accès. SNC-Lavalin est l’auteur de l’étude de faisabilité et était responsable de l’infrastructure aéroportuaire. Quant aux maisons de courtage, on les accuse de ne pas avoir fait leur devoir de diligence dans ce dossier. Après le 5 août 2008, Canadian Royalties n’a pas pu recueillir les autres fonds nécessaires au développement de la mine. Quelques mois plus tard, Jilin Jien Nickel a finalement avalé l’entreprise pour 192 M$, alors qu’au moins 300 M$ avaient été dépensés pour le projet. Autrement dit, beaucoup de gens ont été lésés dans cette transaction. Grosse affaire ! Et d’autant plus grosse vu la possibilité très réelle que l’entreprise chinoise ait servi de paravent aux intérêts Desmarais. Le « voile corporatif chinois » est très large et très épais. Ne le soulève pas qui veut. On comprend en revanche combien il peut être commode pour conquérir des positions à l’insu de tous. Sur les entrefaites, le PLQ dirigé par Philippe Couillard est réélu le 7 avril 2014. Et quelques mois plus tard, on apprend que c’est en Chine que Philippe Couillard effectuera son premier voyage officiel en tant que premier ministre du Québec, pour y vendre le Plan Nord. |
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Voici ce que
j’écrivais au sujet de ce voyage le 6
novembre 2014 dans un article intitulé
« Les journalistes ne
font pas leur travail » :
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Six mois à peine après son élection, Philippe Couillard s’est donc rendu en Chine, à la tête d’une importante délégation de gens d’affaires, officiellement pour y faire la promotion des intérêts du Québec et du Plan Nord. Comme par « hasard », son prédécesseur Jean Charest faisait partie de cette délégation, de quoi piquer la curiosité de tout observateur attentif de la scène politique québécoise.
Le rôle joué par Jean Charest dans la promotion du Plan Nord lorsqu’il était premier ministre et l’intérêt qu’il représente pour l’Empire Desmarais sont bien connus. Dès juillet 2011, je les avais décrits ici-même sur Vigile dans un texte intitulé « L’appétit vorace de l’Oncle Paul ».
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Il faut aussi savoir que Paul Desmarais père fut le président fondateur du Conseil d’affaires Canada-Chine, qu’André Desmarais en est toujours le président honoraire après l’avoir présidé pendant une dizaine d’années, que le président actuel du Conseil est Peter Kruyt, vice-président de Power Corporation, et que l’ancien ministre fédéral Martin Cauchon, un proche de la famille Desmarais, en est le vice-président.
Ajoutez à cela que le Conseil tenait son assemblée générale et son banquet annuels en Chine au moment de la visite de la délégation québécoise, qu’il y a été beaucoup question du Plan Nord à cause des intérêts de Power Corporation dans la société China Asset Management Co. Ltd et le très gros conglomérat chinois Citic Limited, deux entreprises très actives dans le secteur des mines et richesses naturelles, et vous comprendrez comment Philippe Couillard, après son prédécesseur Jean Charest, se prête à la stratégie de l’Empire Desmarais pour développer ses affaires.
Bien entendu, André Desmarais était de la partie.
Pendant son séjour en Chine, Philippe Couillard a rencontré les dirigeants de Jilin Jien, comme nous l’apprenait le journal Les Affaires le 30 octobre 2014:
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Rencontre du Dr Philippe Couillard avec le maire de Shanghai Yank Xiong, 27 octobre 2014 |
Profitant de son passage à Pékin dans le cadre de sa mission commerciale en Chine, le premier ministre du Québec Philippe Couillard rencontrera la haute direction de la minière chinoise Jilin Jien Nickel. On pourrait alors en savoir davantage sur ce qu’il adviendra de la mine Nunavik Nickel, de Canadian Royalties, située dans le territoire nordique du Québec. Un projet qui devait créer 400 emplois sur quinze ans, mais qui a été stoppé l’an dernier faute de liquidités et après d’importants ratés techniques. « Nous rencontrons (les gens de Jilin Jien Nickel) à leur demande », a indiqué le premier ministre, interrogé par Les Affaires en marge d’une cérémonie de signatures d’ententes commerciales à Pékin. « Nous leur parlerons du Plan Nord, mais nous voudrons aussi connaître leurs intentions : combien d’emplois et combien de temps durera la mine », a-t-il ajouté. Jilin Jien Nickel a acheté la mine de Canadian Royalties en 2010 pour moins de 200M$, une aubaine, à la suite de la crise financière qui a asphyxié le promoteur québécois. Elle était sur le point de démarrer, mais le projet qui devait livrer du cuivre et 16 0000 tonnes de concentré de nickel, a connu des problèmes techniques. L’extraction du nickel n’était pas optimale et un quai bâti par SNC-Lavalin, s’est effondré (SNC est d’ailleurs poursuivie pour 40M$ dans ce dossier).
(Le président John Caldbick vient d’ailleurs de déposer une poursuite de 1,6M$ pour congédiement illégal). Les rumeurs voulaient que la durée de vie de la mine soit réduite à trois ans. Depuis, la mine a réussi à faire des expéditions, d’abord de cuivre, pour payer une partie de ses sous-traitants. En février 2014, les propriétaires ont annoncé l’injection de 200M$ additionnels dans la mine – s’ils obtenaient le financement - et en septembre, une première expédition de 23 000 tonnes de nickel a été réalisée, via le passage du Nord-Ouest. Philippe Couillard dit maintenant espérer voir « une phase deux » du projet. Il doit connaître assez bien le dossier, puisqu’il a lui-même siégé sur le conseil d’administration de la mine, quelques mois avant qu’elle ne devienne officiellement chinoise, en 2009. La « phase deux », on vient de l’apprendre, sera financée par un prêt de 100 millions $ de Ressources Québec. C’est du moins ce qu’on nous dit. |
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Mais peut-on croire ce qu’on nous dit ? À qui est-on en train de sauver la mise ? À Philippe Couillard ? À l’Empire Desmarais ? Pourquoi Philippe Couillard s’intéresse-t-il autant à ce dossier ? À-t-il encore quelque chose à y gagner ? À y perdre ? Et pourquoi vole-t-il au secours d’une entreprise dans laquelle l’Empire Desmarais a des intérêts ? Pour payer des dettes ? Pour toucher une commission dans un paradis fiscal de ses connaissances et qu’il a reconnu avoir déjà utilisé ? Où est l’opposition dans ce dossier ? Où sont les médias ? Cette séquence d’événements n’est pourtant pas banale, et toutes ces questions méritent réponse, surtout de la part d’un gouvernement aussi marqué qu’il ne l’est par les exactions du gouvernement Charest. Le scandale du CUSM, ça vous dit quelque chose ? |
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Le débat venait de s'engager lorsque François Legault a fait entrer un premier «éléphant dans la pièce»: le «deal» de Philippe Couillard avec Arthur Porter, ex-directeur du CUSM, accusé de fraude.
Si le débat s'était prolongé, d'autres éléphants seraient sans doute entrés. Il y en a plusieurs autour de M. Couillard. On ne parle pas ici d'illégalités mais d'attitudes aux frontières de la moralité et de l'acceptabilité sociale pour qui aspire à devenir premier ministre. M. Couillard avait caché qu'il s'était négocié un emploi avant de quitter la politique. Il a travaillé auprès d'un gouvernement de dictature en Arabie Saoudite. A été imprudent en s'associant au Dr Arthur Porter. Personne ne le savait alors compromis dans une histoire de pots-de-vin, mais d'autres signaux auraient pu éveiller des soupçons. Par exemple, cet intérêt de M. Porter pour les mines de diamant au Sierra Leone, où il avait ses entrées auprès du régime corrompu. M. Couillard était proche de M. Porter. Le côtoyait à des conseils d'administration et dans des réceptions. Il a profité de son réseau pour être nommé au comité surveillance du SCRS en 2010. Cela ne rend pas M. Couillard coupable par association des gestes de son ex-associé. Ni des poursuites contre Glenn J. Mullan, ex-président de la mine Canadian Royalties, qui avait recruté MM. Couillard et Porter à son C.A. en 2009. Mais la répétition de scénarios mettant en cause la moralité des partenaires et mandants de M. Couillard est préoccupante. |
On ne parle pas ici d'un accident de parcours, d'une coïncidence ou d'une distraction. Ça ressemble à une tendance, lourde.
Le malaise ne vient pas seulement des faits mais de la mollesse des explications de M. Couillard, parfois de leur absence.
Il vient de son inclinaison à ne pas voir les enjeux éthiques de certains de ses choix ou à les banaliser. À n'y voir qu'une opération de salissage par des adversaires.
M. Couillard réduit les enjeux éthiques à leur seule dimension policière ou légale. Comme si la légalité pouvait tout justifier et suffire pour juger des comportements publics.
M. Couillard plaide aussi l'ignorance et la candeur pour masquer un manque de flair à repérer les partenaires douteux. Une sorte de «je ne savais pas», dont on a vu à Montréal où cela pouvait mener lorsqu'on s'approche de l'aveuglement volontaire. Cette légèreté étonne d'un homme autrement si structuré et systématique.
M.
Couillard
a-t-il
fait
des
choix
socialement
inacceptables?
Dans les mêmes circonstances, qu'auraient fait ceux qui lui reprochent d'avoir mis son argent à l'abri de l'impôt? Qu'en penserait un tribunal de personnes raisonnables et indépendantes? |
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La
personne
visée
irait-elle
défendre
ses
choix
sur
la
place
publique
et
les
proposer
en
exemple
de
bon
comportement?
En
éthique,
ces
questions
sont
des
tests
de
«réciprocité,
d'impartialité
et
d'exemplarité».
Il n'y a pas de normes infaillibles, mais ces tests peuvent aider à réfléchir et à «allumer des voyants rouges ou jaunes», explique le professeur André Lacroix, de l'Université de Sherbrooke.
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J'en
vois
clignoter
plusieurs
sur
le
tableau
de
bord
de
M. Couillard. Les attentes élevées sont légitimes, mais le politicien parfait n'existe pas. Ça se saurait. Tous auront de petits squelettes dans leur placard. Parfois de plus gros. Les failles d'un parcours de politicien peuvent parfois le rendre sympathique et plus humain. Et parfois pas. |
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2003: Ungava Mineral Exploration une filiale de la société ontarienne Nearctic Nickel Mines a cédé 70 % de la propriété où se trouve la mine à Canadian Royalties. Or, selon Ungava, le Ministère n’a jamais inscrit sa participation restante de 30 % dans le projet, l’attribuant plutôt à Canadian Royalties; 2008: Ungava Mineral Exploration refuse d'apporter une contribution d'au moins 40 millions$ à Canadian Royalties. La cause se transporte devant les tribunaux; ( 06 ) |
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28 mai 2009: Philippe
Couillard est nommé au conseil
d'administration de la société minière
Canadian Royalties grâce à la porte ouverte
par le Dr Arthur-T.
Porter qui siège déjà au C.A. de la société
minière;
(
05 ) Canadian Royalties,
sous les bons conseils du duo
Porter-Couillard, lança les filiales Golden
Valley et Calone Mining Company à l’assaut
de l’Afrique. L’objectif de ces
filiales était de faire de l’argent avec les
diamants de la Sierra Leone. À
l’évidence, les contacts de Porter ont été
fort utiles à la minière aux accointances
libérales puisqu’un contrat d’exploration
sur un vaste territoire de la Sierre Leone a
été illico accordé par le gouvernement à la
minière d’Abitibi.
Début 2010: la
firme chinoise "Jilin Jien Nickel"
met la main sur l’entreprise pour environ
200 millions$
( 08 ), une somme dérisoire selon
les experts de l’industrie. Jean Charest,
l'ex-Premier ministre profita de la tournure
des événements. Jilin Jien investit
dans ses installations abitibiennes après
une rencontre à Pékin entre lui et le
président de la compagnie, rencontre
concernant bien sûr le Plan Nord.
2010 à 2013: Une filiale de Jilin Jien Nickel, Canadian Royalties a investi environ 1 milliard$ pour construire la mine, qui est entrée en production en 2013; ( 10 )
Juin 2010: Canadian Royalties est l'objet d'un recours collectif d'actionnaires mécontents qui accusent ses dirigeants de fausse représentation. L'homme qui avait recruté les Dr Couillard et Dr Porter, Glenn J. Mullan compte parmi les personnes poursuivies;
De 2001 à 2012, Selon le directeur
des élections du Québec, Glenn J. Mullan
donna pas moins de
7 450$ au Parti libéral du Québec.
Canadian Royalties est un repère de libéraux
depuis bien longtemps. Dès 2005, la
minière annonçait qu’elle venait de nommer
sur son bureau de directeurs Raymond Savoie
ex-ministre libéral. À partir de 2008,
Canadian Royalties a aussi profité des
judicieux conseils de Pierre Corbeil aussi
ex-ministre libéral.
13 août 2013: Rien ne va plus pour le projet Nunavik Nickel de Canadian Royalties, dans le Grand Nord québécois. La China Development Bank, qui finançait le projet, ne paye plus. Les entrepreneurs en construction se sont retirés du chantier. La banque d’affaires torontoise Forbes & Manhattan a pris le contrôle du projet et nommé un nouveau pdg. ( 07 )
2014: en arbitrage, l’avocat Jean-Louis Beaudoin, un ancien juge de la Cour d’appel du Québec, a donné raison à Canadian Royalties en lui octroyant 100 % des droits de propriété;
Automne 2014: Lors de son passage en Chine, le premier ministre Philippe Couillard a discuté du futur de la mine de nickel de Canadian Royalties avec des actionnaires chinois (Jilin Jien Nickel).
29 octobre 2014: Alors que le premier ministre Philippe Couillard est en Chine pour promouvoir notamment le Plan Nord, un vétéran de l'industrie minière canadienne jette un pavé dans la mare. Dans une poursuite déposée en cour, John Caldbick l'ex-président de Canadian Royalties dénonce la « mauvaise foi » des dirigeants chinois qui ont pris le contrôle de la mine qu'il gérait au Nunavik ( 20 )
Décembre 2014: le bras financier du gouvernement, Investissement Québec, a consenti un prêt garanti de premier rang de 100 millions à Jien Canada Mining, la filiale canadienne de Jilin Jien. Le prêt faisait suite à une rencontre entre le Dr Philippe Couillard et des dirigeants de Jilin Jien Nickel tenue à Pékin en octobre 2014; ( 12 )
15 avril 2015: Investissement Québec a décidé de prêter 100 millions $ à la minière Canadian Royalties, pourtant aux prises avec de graves problèmes financiers. ( 11 )
Août 2015:
Dans une poursuite déposée
en
Cour supérieure, Ungava réclame à Québec des
dommages compensatoires de 1 milliard et des
dommages punitifs de 5 millions$.
( 04 )
En conclusion, il faut bien
admettre que l'éthique du Dr Philippe
Couillard est en déficit de moralité.
Évidemment, il affirme n'avoir rien à se
reprocher. Certains commencent à
qualifier la maladie du bon Dr Couillard...
légère psychopathie
( 13 )
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Sources: La Presse pour Power Corporation du Canada; Les Affaires pour TransContinental inc ; Vigile net pour La Société des Amis de Vigile |
Choix de photos,
fusion de textes, mise en page,
références et titrage
par : JosPublic |
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