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Le «blues du businessman»
L'histoire
telle que racontée par
Robert Dutrisac
Journaliste au Le Devoir |
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En juin 2008,
Philippe Couillard quitte la
politique pour faire fortune dans le
secteur privé, las de se contenter
de la maigre pitance ministérielle.
C’est durant cette
période, jusqu’à ce qu’il annonce à
l’automne 2012 qu’il briguera la
chefferie libérale, qu’il s’est
rapproché d’Arthur Porter. C’est
aussi à cette époque que
Hans Peter
Black lui offre un siège au conseil
d’administration d’Amorfix Life
Sciences puis, en 2010, sa
présidence. Ce bref passage dans le
merveilleux monde des affaires n’a
malheureusement pas fait de Philippe
Couillard un homme riche.
Il y a des businessmen qui auraient
voulu être des artistes et des
médecins qui rêvent de brasser de
grosses affaires. Dans ce dernier
cas, c’est assez fréquent, les
médecins se considérant déjà comme
des entrepreneurs même si, au
Québec, pour la plupart, ils ne
tirent leurs revenus que d’une seule
source : l’État.
Quand Philippe Couillard s’est
négocié un poste dans le secteur
privé alors qu’il était ministre de
la Santé et des Services sociaux,
c’est avec un médecin qu’il s’est
entendu, le Dr Sheldon Elman, le
fondateur de Persistence Capital
Partners (PCP), qui exploite
notamment les cliniques privées
Medisys. |
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C’est aussi avec un médecin, le
Dr Arthur-Thomas Porter, qu’il a
fondé une firme de consultants qui
n’a jamais été active. Et c’est aux
côtés d’un autre médecin devenu
financier, Hans Peter Black, qu’il a
présidé le conseil d’Amorfix.
En long et en large, et à plusieurs
reprises, Philippe Couillard a dû
s’expliquer sur ses liens d’amitié
avec le présumé fraudeur Arthur
Porter. Aujourd’hui, ce sont ses
relations d’affaires avec un autre
présumé fraudeur, Hans Peter Black —
dont il n’était pas, cette fois,
l’ami —, qu’il doit expliquer.
La malchance!
Dans ces deux cas,
Philippe Couillard n’a pas été très
chanceux. Heureusement, le Dr Elman
jouit d’une excellente réputation,
sinon on aurait pu y déceler un
pattern ou les conséquences d’un
mauvais karma.
L’incursion de Philippe
Couillard dans le monde
des affaires a duré
quatre ans. Pour
l’essentiel, il a
travaillé au
développement de projets
pour
Persistence Capital Partners (PCP) à
l’extérieur du Québec. On croit que
la firme l’a recruté en raison de
ses relations avec ses anciens
homologues des autres provinces.
Selon sa biographie, il a siégé à
deux conseils d’administration,
outre celui d’Amorfix : chez
Thallion Pharmaceuticals, une
petite
société de biotechnologie qui fut
rachetée par
Bellus, l’entreprise du
très connu Francesco Bellini
( 03 ), et
chez la minière Canadian Royalties.
Arthur Porter, qui était membre de
ce conseil, lui en a ouvert les
portes. Chose certaine, ce n’est pas
avec les jetons de présence qu’il
touchait dans des CA que Philippe
Couillard comptait assurer ses vieux
jours.
Canadian Royalties
fut vendue à une société chinoise et
Investissement Québec
( 04 ) vient de lui
consentir un prêt de
100 millions. Le premier ministre
n’est aucunement impliqué dans ce
prêt que le Conseil des ministres
n’a pas eu à approuver.
En 2009, Philippe
Couillard fait son entrée au conseil
d’Amorfix. Un mois plus tard, Hans
Peter Black, le principal
actionnaire d’Amorfix, et sa firme
de gestion de fortune
Interinvest
font l’objet d’un reportage de
l’émission Enquête, de Radio-Canada,
relatant les déboires d’une
épargnante flouée des Bermudes. Le
conseil a demandé à M. Black de
s’expliquer et s’est satisfait de
ses explications. Philippe Couillard
devenait président de ce conseil
l’année suivante.
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À la même époque,
M. Black avait divers démêlés avec
l’Autorité des marchés financiers,
ce qui a entraîné, en 2011, la
révocation du permis d’Interinvest.
M. Couillard a fourni cette semaine
une réponse à la Gérald Tremblay :
il n’était pas au courant.
D’après ce qu’on
peut constater, M. Black aurait
vendu des titres risqués de sociétés
naissantes, comme Amorfix, à des
épargnants qui souhaitaient obtenir
des placements plus sûrs. C’étaient
de surcroît des sociétés dont le
financier était actionnaire. Il n’y
a toutefois aucun lien entre
M. Couillard et Interinvest.
Le milieu de la
finance montréalais est un petit
monde. Un certain mystère entourait
le financier Hans Peter Black. « On
ne savait pas ce qu’il faisait »,
signale Michel Nadeau, cet ancien
vice-président de la Caisse de dépôt
et placement du Québec qui est
aujourd’hui directeur général de
l’Institut sur la gouvernance.
« C’est un « wheeler and dealer haut
de gamme. » |
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Manque
d’expérience?
Une des premières tâches d’un
président de conseil
d’administration, c’est de savoir à
qui il a affaire au conseil et de
connaître de chacun les antécédents
qui pourraient nuire à la société.
Ne pas avoir procédé à une
vérification diligente dans le cas
de M. Black, « c’est un manque
d’expérience du monde des affaires »
de la part de M. Couillard, estime
Michel Nadeau.
« En le nommant président du
conseil, on achetait sa crédibilité
», fait-il observer.
Comme Hans
Peter Black était l’actionnaire
principal d’Amorfix, M. Couillard ne
pouvait l’éjecter du conseil ; c’est
lui qui aurait dû partir. Ce qu’il
n’a pas fait pour un motif qu’on ne
connaît pas mais qui relève sans
doute de l’intérêt pécuniaire. |
Son association avec PCP n’a pas
permis à Philippe Couillard de faire
fortune — et ses quelques actions
d’Amorfix non plus —, comme le
montre le rapport sur ses avoirs et
ses revenus qu’il a rendu public
durant la campagne électorale. « Sa
carrière dans le secteur privé n’a
pas donné de résultats flamboyants,
constate Michel Nadeau. Il a
probablement réalisé que le monde
des affaires, c’est difficile. »
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Une
société administrée par Couillard mêlée
à une fraude boursière alléguée
Et l’étau se resserre autour d’un collègue
de M. Couillard au sein du conseil d’administration |
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Le
14 avril 2015
l'agence QMI affirme qu'Amorfix
Life Sciences qui cherche à développer de nouveaux
traitements et tests diagnostiques pour des maladies comme l’Alzheimer avait le
Dr. Philippe Couillard comme
président de son conseil
d'administration. Sous sa
gouverne la compagnie s'est
inscrite au coeur d'une fraude
boursière alléguée
potentiellement par
l'actionnaire majoritaire. |
Dr
Philippe Couillard:
2008 |
Départ du Parti Libéral du
Québec; |
2009 |
Il est invité par
le spéculateur
financier montréalais Dr Hans Peter Black
a siéger au conseil
d'administration d'une de ses
compagnies; |
2009 |
Il accepte de siéger au Conseil
d'administration
de la compagnie Amorfix Life
Sciences, une société
inscrite à la Bourse de Toronto; |
2010 à 2012 |
Il est président
du conseil d'administration. De
plus, il y a siégé sur tous les
comités de gestion (audit,
finances, gouvernance et
nomination, rémunération). Sa
responsabilité est de surveiller
les intérêts des actionnaires.
Hans Black a lui aussi été membre du comité
d’audit de l’entreprise aux côtés de M. Couillard et de deux autres personnes.
Il était président du comité de gouvernance, de nomination et des finances d’Amorfix
avec M. Couillard. |
Octobre 2012 |
Amorfix ne vaut
à peu près plus rien maintenant
(4,5 cents en avril 2015) alors
que son action s’est déjà
négociée à 1,93 $. Lorsque M.
Couillard s’est joint au conseil
d’administration, le titre se vendait à 1,25 $... puis à 40 cents au moment du
départ de M. Couillard en octobre 2012.
( 05 ) |
2013 |
M. Couillard a aussi reçu des options
d’achat, mais il ne les a pas exercées avant leur expiration à l’automne 2013
(six mois après son élection comme chef du Parti libéral du Québec). |
«Bon ami» de Couillard
 |
Hans Black |
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Entre son départ du PLQ et son retour,
Philippe Couillard a fréquenté certains individus aujourd’hui accusés de fraude.
Joint par l'Agence
de presse QMI, Black s’est décrit comme
un «bon ami» de Philippe Couillard.
Il a dit que la poursuite au New Hampshire
était remplie de faussetés et que Philippe Couillard «était au courant des vrais
faits».
À la question de savoir s’il était un bon
ami de Hans Black, il a écrit au journaliste de l'agence QMI, qu’il l’avait connu au CA d’Amorfix et dans
quelques rencontres sociales. Il n’a pas affirmé ni nié être un ami.
|
Dr
Hans Peter Black
La société de Hans Black, Interinvest
Global Asset Management, est le plus grand actionnaire d’Amorfix, avec 15,5 %
des actions en circulation. Interinvest a augmenté sa participation dans Amorfix
à plus de 10 % de toutes les actions de l’entreprise en août 2010, le mois même
où M. Couillard est devenu président du conseil.
Novembre 2004
|
poursuite, Cour supérieure.
Une investisseuse allemande, Dorothea Lang, poursuit Intercoinvest, une société
détenue par la mère de Hans Black. Elle lui reproche d’avoir détourné 2 M$ des
fonds qu’elle lui a confiés. En 2007, Intercoinvest accepte de rembourser. |
Février 2006 |
poursuite, Cour
supérieure. La succession d’un
investisseur allemand, Reinhard Waibel, reproche à Hans Black
et sa mère d’avoir détourné 7,3 M$ de ses fonds dans les coffres d’Intercoinvest.
En 2012, l’homme d’affaires accepte de rembourser la somme, mais rate des
paiements à l’automne 2013 et en juillet 2014. |
Novembre 2006 |
Hans Black entre au conseil
d’administration de la compagnie Amorfix. |
Juillet 2007 |
Amorfix fait son entrée à la
Bourse de Toronto. |
Mars 2008 |
procédure de
l’AMF. L’Autorité des marchés
financiers (AMF) intente une
procédure contre Interinvest Canada,
une société d’investissement de Hans Black. Elle lui reproche de ne pas avoir
maintenu le fonds de roulement minimal de 35 000 $ et ne pas lui avoir déclaré
ce manquement. |
Juillet 2008
|
poursuite, Cour
supérieure. Un Suisse, Rolf
Herzog, intente une poursuite de
2,2 M$ US contre Interinvest
pour malversation et investissements illégaux. Il tente de récupérer son argent,
détourné dans une compagnie californienne, Wi2Wi, dont Hans Black préside le
conseil d’administration. Les fonds ont transité par une filiale d’Interinvest
aux Bermudes, après être passés par Gibraltar, un autre paradis fiscal. |
Juillet 2008 |
article de La
Presse. Le quotidien fait état
de la poursuite de Rolf Herzog. La compagnie Interinvest de Hans Black a
publié un communiqué de presse hier pour soutenir que l’investisseur américain à
l’origine de la poursuite au New Hampshire s’était déjà présenté au poste de
gouverneur de l’État et qu’il avait fait des gains importants comme client d’Interinvest.
|
Septembre 2008 |
amende de l’AMF.
L’AMF impose une amende de 26
000 $ à Hans Black pour avoir
omis de déclarer trois
poursuites contre lui. |
2009 |
Le
spéculateur financier
montréalais Dr Hans Peter Black
invite Dr Philippe Couillard à
siéger au conseil
d'administration d'une de ses
compagnies. |
Juin 2009
|
jugement aux
Bermudes. Un tribunal de ce
paradis fiscal donne raison à
une citoyenne kenyane, Regula Dobie,
qui reproche à Hans Black d’avoir détourné ses 6 M$, toujours dans l’entreprise
Wi2Wi. Hans Black porte le jugement en appel. |
Novembre 2009 |
article de la
Gazette. Le quotidien rapporte
qu’une enquête criminelle est
recommandée sur Hans Black aux
Bermudes. |
Novembre 2009 |
amende de l’AMF.
L’AMF impose une amende de 41
000 $ à Hans Black pour ne pas
avoir maintenu un fonds de
roulement minimal de 35 000 $ et
ne pas lui avoir déclaré ce
manquement. |
Novembre 2009 |
reportage
d’Enquête à Radio-Canada. Un
segment de l’émission Enquête à
Radio-Canada traite des
différentes fraudes reprochées à
Hans Black, dont l’enquête
criminelle pour fraude aux
Bermudes, qui n’a cependant pas
mené à des accusations. M.
Couillard a admis hier avoir été
informé du contenu de ce
reportage. |
2010 à 2012 |
M. Couillard était président du
Conseil d'administration de
Amorfix où siégeait Hans Black. |
Mai 2010 |
poursuite, Cour
supérieure. Ramzi Mahmoud Al-Harayeri, actionnaire de Wi2Wi, intente un recours en dommages
de 4 M$ contre Hans Black. Il lui reproche de l’avoir empêché de liquider des
actions et des options de la compagnie. |
Août 2010 |
article de La
Presse. Le quotidien fait état
des efforts de Regula Dobie pour
saisir une forêt appartenant à
Hans Black, après l’échec de son
appel aux Bermudes. |
Juillet 2011 |
l’AMF révoque le
permis. Interinvest ne peut plus
vendre de produits financiers au
Québec. |
Août 2012 |
amende de l’AMF.
Une amende de 35 000 $ est
imposée à Interinvest pour avoir refusé de lui transmettre ses
états financiers de l’année se terminant le 30 juin 2010. |
20 Août 2014 |
Départ de Hans Black du conseil
d’administration. ( 06 ) |
16 avril 2015 |
Au sein du Conseil
d'administration de l’OSM
Black est un médecin de formation diplômé
de l’Université McGill bien connu dans le gratin montréalais. Encore à ce jour,
il siège au conseil d’administration de l’Orchestre symphonique de Montréal
(OSM).
La porte-parole a dit ne pas être au courant de la poursuite pour fraude déposée
contre Black. Le lendemain des questions de l'Agence de presse QMI, sans
tambour ni trompette,
l’Orchestre symphonique de
Montréal vient de retirer Hans
Black de la liste des membres de
son conseil d’administration.
L’institution n’a pas
statué sur son sort. «On est
en consultations, dit la
porte-parole. Dans les
circonstances, on a retiré le
nom en attendant.»
Source JdM le 16 avril 2015
|
Mars 2015 |
accusé d’avoir
détourné des dizaines de
milliers de dollars des
actionnaires de l’entreprise,
donc sous le nez de M.
Couillard. |
16 mars 2015 |
Amorfix Board authorizes exploration of strategic alternatives (en langage
ordinaire, la compagnie ne vaut plus rien et doit fermer ses portes -
Communiqué de presse d'Amorfix |
8 avril 2015 |
Amorfix Completes Optimization of Alzheimer's Disease Diagnostic and Seeks
Strategic Partner for Development and Commercialization of the Assay
(L'entreprise cherche un partenaire financier) - Communiqué de presse de Amorfix |
23 avril 2015 |
Amorfix Closed Secured Bridge Loan (prêt de transition de 40 000$ d'ici à ce
que la compagnie trouve 1 million 200 $ US pour relancer la compagnie. -
Communiqué de presse de Amorfix |
Printemps 2015 |
Déménagement vers San Francisco
printemps 2015 -
Amorfix announces move to San Francisco - Sur
Biotechnology Focus |
DES AMENDES DE L’AMF DÈS 2008
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Sylvain Théberge de l’AMF |
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Hans Black a préféré payer une amende de 35
000 $ à l’AMF en 2012 plutôt que de divulguer les états financiers réels de sa
compagnie et le niveau de son fonds de roulement.
Le porte-parole de l’AMF,
Sylvain Théberge,
dit que Black avait reçu des amendes de plusieurs dizaines de milliers de
dollars de 2008 à 2011 en lien avec un déficit dans son fonds de roulement.
Certaines de ces amendes ont été données
avant l’entrée en poste de Philippe Couillard chez Amorfix.
Depuis 2011, Black n’est plus autorisé à
vendre des produits financiers au Québec parce qu’il n’a jamais voulu fournir
les informations financières requises. |
Hans Peter Black, un
coadministrateur avec M. Couillard, aurait fait perdre
frauduleusement des centaines de milliers de dollars à de petits épargnants et à
une église du New Hampshire en leur vendant notamment des actions d’Amorfix en
situation de conflit d’intérêts.. Une simple recherche Google avant son arrivée et
pendant sa présidence aurait pourtant permis à Philippe Couillard d’apprendre
que son «ami» et coadministrateur Hans Black avait déjà été condamné par
l’Autorité des marchés financiers du Québec, en plus de faire l’objet de
poursuites judiciaires bien médiatisées.
Selon un dossier de cour, la présence de M.
Black au conseil d’Amorfix et le contrôle qu’il exerçait sur l’entreprise lui
auraient rapporté des «bénéfices substantiels et de la considération».
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Eric Forcier, qui a de la famille au
Québec, est l’avocat du New Hampshire Bureau of Securities Regulation
qui pilote
la poursuite civile contre Hans Black et sa firme de gestion Interinvest.
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Dr Philippe Couillard exige
d'être payé en argent? |
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Philippe Couillard a empoché près de 100
000 $ en honoraires comme membre du conseil d’administration d’Amorfix Life
Sciences.
M. Couillard a été le seul administrateur
chez Amorfix qui a été rémunéré en argent durant son passage dans l’entreprise
et depuis son départ du C.A. pour revenir en politique. |
Les autres administrateurs ont tous été
payés avec des octrois de droits d’achat sur les actions d’Amorfix, communément
appelés des «options».
M. Couillard a aussi reçu des options
d’achat, mais il ne les a pas exercées avant leur expiration à l’automne 2013
(six mois après son élection comme chef du Parti libéral du Québec).
En argent
La valeur des actions d’Amorfix était alors
inférieure au prix auquel il aurait pu les acheter.
Une demande d’explications à ce sujet a été
faite chez Amorfix. Selon Robert "Bob" Gundel, l’actuel président
directeur général d’Amorfix, M.
Couillard a été payé en argent parce qu’il était président du conseil.
Or, jamais le président du conseil actuel
d’Amorfix ou celui qui était là avant M. Couillard n’ont reçu de paiement en
argent pour leur rôle comme président du conseil. |
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Robert "Bob" Gundel |
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Paiements annuels
Pour les services qu’il a rendus à Amorfix
durant cette période, M. Couillard aurait reçu une rémunération de 4 500 $ en
2009-2010 et de 30 000 $ en 2010-2011, selon des circulaires d’information et
documents financiers analysés par notre Bureau d’enquête.
La circulaire de 2011-2012 montre que
l’ancien ministre de la Santé du Québec a empoché des honoraires de 40 000 $.
Pour 2012-2013, ses honoraires ont été de 20 000 $, selon les documents qui ont
été déposés à la Commission des valeurs mobilières en Ontario (CVMO).
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Philippe Couillard
admet avoir été alerté sur
Black |
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Devant l'Assemblée
nationale du Québec, le premier
ministre Philippe Couillard jure
qu’il n’avait «ni indice ni raison
de penser» que Hans Peter Black
avait commis des irrégularités avant
de siéger avec lui au conseil
d’administration d’Amorfix. Une
simple recherche dans Google et au
Palais de justice lui aurait
pourtant permis d’apprendre beaucoup
de choses sur son collègue.
Le premier ministre
se défend d’avoir manqué de
vigilance lorsqu’il était président
du conseil d’administration
d’Amorfix, une pharmaceutique mêlée
à une fraude boursière alléguée.
 |
«Les faits,
c’est que la fraude n’a rien à
voir avec moi ni avec Amorfix»,
a lancé Philippe Couillard lors
d’un point de presse.
«Indigné» par ces
«allégations», il a convoqué
d’urgence les journalistes pour
défendre sa probité. |
Les autorités accusent
M. Black d’avoir reçu près de 40 000 $
de la société Amorfix tout en vendant
des actions de l’entreprise à des petits
épargnants qui étaient tenus dans
l’ignorance. Lorsque la valeur des
actions a chuté dramatiquement, ils ont
presque tout perdu.
M. Couillard se dit «indigné»
par le reportage du Journal de Montréal
et de Québec qu’il associe à un
«effort de démolition.» M. Couillard
était président du C.A. de l'entreprise
durant cette période. Il a siégé à tous
les comités de gestion (audit, finances,
gouvernance et nomination, rémunération)
d'Amorfix. «Les évènements qu’on sait
aujourd’hui, on ne les savait pas en
2009. Rétrospectivement, c’est facile à
dire qu’on aurait pu être plus vigilant»,
a expliqué le premier ministre.
Au matin, M. Couillard a dit qu’il ne
savait rien des déboires de M. Black. «Il
faut toujours être vigilant, mais il
faut avoir des raisons pour déclencher
ce genre de vérifications là. C’est très
facile de le dire maintenant,
aujourd’hui, avec les éléments qu’on
connaît, mais, dans le contexte de
l’époque, ce n’était pas le cas»,
s’est-il justifié.
 |
La version des
faits change
Le premier ministre a toutefois
changé sa version des faits en
chambre. Questionné à de multiples
reprises par le chef péquiste
Stéphane Bédard, il a reconnu que le
C.A. de l’entreprise avait été
alerté par un «reportage de
Radio-Canada» sur les activités
de M. Black. |
«On a demandé à M.
Black de nous expliquer la situation. Il
a protesté avec force de son innocence
disant que c'était des allégations sans
fondement et que la chose serait réglée.
Et il n'y a pas eu de suite à ça», a
dit M. Couillard
Attention ici: langue de
bois à l'horizon
Il a d’ailleurs
nié le fait que M. Black ait
reçu un salaire de 40 000 $. «M.
Black n’a pas reçu de
compensation d’Amorfix. Il a
reçu des remboursements
de dépenses d’activités liées à
la promotion de la compagnie et
le recrutement d’investisseurs»,
a ajouté M. Couillard. |
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Ce que les
représentants des partis
d'opposition en ont dit |
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Le caquiste
François Bonnardel a dénoncé
les «amitiés plus que douteuses» du premier ministre lors de sa pause politique
de 2008 à 2012. Il fait un lien entre M. Black et Arthur Porter, lui aussi
accusé de fraude. «Je pense qu’il voulait faire de l’argent et il a accepté tout
ce qu’on lui mettait sous le nez. Ce que ça démontre, c’est qu’il a manqué de
jugement.», a lancé M. Bonnardel.
La solidaire
Manon Massé a déclaré qu’«une
simple recherche internet aurait permis à M. Couillard de savoir que M. Black
était déjà poursuivi, qu’il était déjà en défaut de paiement. En fait, on se
demande: ‘’coudonc, il fait-tu ça pour ses intérêts personnels ou il est au
service du peuple’’.»
Le chef de l’opposition
Stéphane Bédard
a dit qu’il y avait, dès
2009, de «sérieux doutes» sur la
probité de l’homme d’affaires Black. Il
croit que les faits sont «troublants».
«Des faits
parlants disaient que M. Black était
quelqu’un de peu recommandable.» Il
laisse même entendre que M. Couillard et
les autres membres du conseil
d’administration n’ont pas agi pour
protéger la valeur des actions d’Amorfix
puisque M. Black était le principal
bailleur de fonds.
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Couillard
savait-il ou ne voulait-il pas
savoir? Par Gilles
Duceppe Chroniqueur
chroniqueur
au Journal de Montréal et de Québec
|
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Quand l’affaire Porter fut révélée,
Philippe Couillard, qui s’était affiché auparavant comme son grand ami, affirma
qu’il n’était pas au courant des magouilles de l’ancien directeur général du
Centre universitaire de santé McGill (CUSM).
Pourtant dès 2004 la Revue médicale
canadienne et le journal Le Devoir rapportaient que des rumeurs inquiétantes
circulaient sur le docteur Arthur Porter au sujet de décisions très
controversées qu’il avait prises alors qu’il dirigeait le Detroit Medical
Center. |
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Comment Philippe Couillard, qui était alors ministre de la Santé du
Québec, peut-il prétendre qu’il n’était pas au courant de ces informations quand
Porter fut nommé à la direction du CUSM? Couillard ne lisait-il pas Le Devoir et
la Revue médicale canadienne?
Couillard dit alors que ce n’était pas lui
qui nommait le directeur général du CUSM et, en cela, il a parfaitement raison.
Mais en tant que ministre de la Santé n’avait-il pas le devoir de s’informer sur
la personne qui accédait à un poste aussi important dans le réseau de la Santé,
dont il était le ministre? Qui plus est, comment a-t-il pu s’associer à Porter
dans une compagnie sans enquêter sur celui qui deviendrait son partenaire en
affaire en 2010, alors qu’en tant que chef du Bloc Québécois j’avais écrit à
Stephen Harper que je m’opposais à la nomination de Porter à la tête du Service
canadien de renseignement de sécurité (SCRS) en 2008 pour les raisons révélées
par les médias en 2004? Souvenons-nous aussi que Couillard a siégé au SCRS avec
Porter.
Couillard savait-il ou ne voulait-il pas
savoir?
Couillard et Canadian Royalties
Le gouvernement Couillard vient d’accorder
un prêt de 100 M$ à la société minière Canadian Royalties et à sa société mère
Jien Canada pour le développement d’une mine dans le Grand Nord québécois.
Or, Couillard a siégé au conseil
d’administration de Canadian Royalties en compagnie d’Arthur Porter et d’Andrew
Pepper, ancien vice-président marketing de Norshield Asset Management de 2002 à
2004. Norshield a cessé ses activités en 2005 et les investisseurs ont perdu la
presque totalité des 472 millions $ d’investis.
Couillard savait-il alors avec qui il
s’associait ou ne voulait-il pas le savoir?
Couillard et Amorfix
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Couillard a été président du
conseil d'administration de la compagnie Amorfix Life Sciences de 2010 à 2012. Il siégeait alors à tous les comités de
gestion (audit, finances, gouvernance et rémunération). Il avait donc la
responsabilité de surveiller les intérêts des actionnaires. |
Hans Peter Black, médecin et financier, fut
l’un de ceux qui l’avaient invité à siéger à ce conseil d’administration. Or,
aujourd’hui, Black est accusé au New Hampshire d’avoir détourné des dizaines de
milliers de dollars des actionnaires d’Amorfix, dont Couillard était alors le
président.
Black réfute ces accusations et Couillard
affirme n’avoir rien à voir avec ce prétendu détournement de fonds. Le procès
n’a pas eu lieu et on ne peut donc pas affirmer que Black est coupable, pas plus
que Couillard fut associé à quelque malversation que ce fut.
Toutefois, Black avait déjà été condamné
par l’Autorité des marchés financiers (AMF) et faisait l’objet de plusieurs
poursuites judiciaires avant que Couillard ne siège au C.A d’Amorfix et pendant
qu’il en fut le président.
Couillard s’est donc associé une fois de
plus avec une personne sur qui planaient de sérieux doutes.
Couillard savait-il ou ne voulait-il pas
savoir?
Couillard est-il en fait la copie vivante
d’un ancien maire qui n’était jamais au courant?
Sources: Agence QMI/Journal
de Québec/Journal de Montréal
pour
Québecor Inc; Ici
Radio-Canada pour la
Société CBC/Radio-Canada;
Biotechnology Focus;
Vigil.net un site
indépendant et les communiqués
de presse de
Amorfix Life
Sciences. |
Choix de photos,
fusion de textes, mise en page,
références, titrage et traduction de l'anglais
par : JosPublic
Publication :
28 avril 2015 |
Ci-dessous:
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