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Après une période de quatre semaines pendant laquelle j’avais la tête sous l’eau pour faire imprimer un livre, j’ai levé les yeux et j’ai remarqué que le monde avait changé. L’astuce de détourner le regard, puis de regarder en arrière est souvent une bonne chose si vous voulez mieux comprendre la façon dont les situations évoluent. Et là, j’ai regardé ce qui s’était passé aux États-Unis, en particulier, au cours des dernières semaines, et je me suis dit : quelle nouvelle étape intéressante de l’effondrement est-ce donc ? Après tout, j’ai déjà décrit « les cinq étapes de l’effondrement » dans un livre, et apparemment les gens le trouvent toujours utile.
Par exemple, l’édition japonaise du livre a trouvé ses
lecteurs parce que mon traitement de l’effondrement financier et politique s’est
très bien articulé avec la ruée vers l’endettement infini du
Japon
et son désespoir, avec en dernière minute l’arrivée du militarisme.
Comme je l’ai déjà dit à mes lecteurs, quand vous remarquerez que mon message est traité dans les médias, il sera temps de saisir votre sac de survie, vos lingots d’or et des cartouches de fusil, de remonter dans votre camionnette et de vous diriger vers les collines.
Mais en ce qui concerne ce qui semble se passer de l’autre côté du lac, aux États-Unis et Canada, ou à travers la Manche au
Royaume-Uni, les gens semblent être dans une phase d’effondrement bien à eux. Explorons cette question à travers une métaphore. En faisant un diagnostic médical, il est classique d’observer comment le patient répond à divers stimuli, pour voir si on peut classer son comportement comme normal.
Une autre technique de diagnostic consiste à observer passivement le comportement du patient et à en tirer des conclusions. Le patient semble-t-il engagé envers le monde extérieur, ou semble-t-il pris au piège dans un monde à lui, se balançant d’avant en arrière, agitant les doigts devant ses yeux ou suçant son pouce ? Est-il capable de maintenir des relations sexuelles normales et saines ou évite-t-il de s’impliquer personnellement, se masturbe-t-il compulsivement ou agit-il avec des fantasmes pervers ? Ses réactions de peur sont-elles rationnelles ou basées sur des phobies et des délires paranoïaques ? Supposons maintenant que vous êtes confronté à un groupe de patients qui refusent de regarder leurs proches mais qui caressent continuellement de petits appareils électroniques rectangulaires, prenant constamment des photos d’eux-mêmes, leur chimie cérébrale étant apparemment contrôlée par le flux de « like »«j'aime» d’autres personnes qui sont frappées du même comportement et présentent une détresse extrême chaque fois que la connexion réseau est perdue ou chaque fois que la batterie se vide ? Et supposons que parmi ce groupe, les relations hétérosexuelles normales, dont on sait qu’elles produisent spontanément des descendants viables, deviennent rares, alors que tout comportement sexuel pervers et anormal est célébré, tout le monde étant contraint de le reconnaître comme normal ? Supposons que, parmi ce groupe, la sexualité normale reçoive en fait une étiquette négative (« cisgenre ») alors que, chaque fois qu’elle est rencontrée parmi d’autres formes de bétail non humain, l’animal est retiré du troupeau. Ici, elle sera mise en valeur et incitée. Qu’est-ce que cela suppose pour la viabilité du troupeau ? Gardez à l’esprit que dans le schéma normal des choses, les taureaux qui s’identifient à des vaches sont envoyés directement au congélateur.
À son tour, peloter un collègue vient à être considéré comme un crime pire qu’un véritable crime de guerre commis en son nom. C’est définitivement une sorte d’effondrement, mais de quel genre ? Donnons-lui le nom provisoire d’effondrement mental. Contrairement aux cinq autres étapes, qui neutralisent un ensemble spécifique de fonctions sociales, celle-ci se traduit par une incapacité généralisée à traiter et à répondre à la réalité. Ce qui était auparavant des points focaux de l’adéquation sociale sont devenus des terrains fertiles pour l’inadéquation sociale :
Il existe une autre méthode de diagnostic : observer le comportement d’autres personnes soi-disant normales et voir comment elles réagissent à la présence et au comportement du patient. Le patient est-il accepté comme un membre du groupe et traité avec reconnaissance ou respect, ou le patient est-il ignoré, activement exclu ou moqué ? Alors, comment le patient – dans notre cas, l’ensemble des États-Unis et du Canada – va-t-il être considéré par le monde entier ? (Ici, il est utile d’être en mesure de l’observer – en résidant à l’extérieur des États-Unis).
Pour évaluer la réponse internationale à l’effondrement mental de l’Amérique, il est utile de parcourir les cinq étapes de l’effondrement. Sur le plan financier, la plupart des plus grands partenaires commerciaux du monde travaillent avec diligence pour se libérer de leur dépendance au dollar américain et se protéger contre les poursuites judiciaires extraterritoriales américaines ;
Sur le plan culturel, les États-Unis réussissent toujours à exporter une bonne partie de la culture pop en faisant appel sans relâche au plus petit dénominateur commun. Mais dans de nombreuses parties du monde, l’influence de la culture pop internationale sur la culture locale actuelle, observable dans la façon dont les gens ont des relations les uns aux autres, est de plus en plus insignifiante. Les adultes ne sont pas particulièrement faciles à corrompre par divers shows américains qui ne sont plus que des caprices. Son effet sur les enfants, en particulier, à travers les dessins animés et les films (et en particulier les plus violents), la musique pop et les jeux vidéo, est un peu plus inquiétant, mais c’est généralement considéré comme une distraction plutôt qu’un danger réel.
Effondrement mental: Comprendre les cinq étapes de l’effondrement et leurs interactions peut être très utile pour ceux qui sont en mesure d’arrêter la chute vers l’effondrement social et culturel à un stade précoce. Mais le faire est impossible sans un niveau de base raisonnable de compétence mentale. Si ce que nous observons aux États-Unis correspond aux premiers stades de l’effondrement mental, alors cela enlève toute idée d’effort pour promouvoir de quelconques incitations. Pour effectuer un changement positif, il faut être capable de mieux s’informer et de modifier son comportement en conséquence. Mais si une personne est nourrie d’une propagande poussée par la complicité d’entreprises semi-automatisées, et si le comportement de cette personne est déterminé par une combinaison de délires, de dépendances, de compulsions, de rage aveugle et de chance, alors quelles sont les occasions restantes de changer pour le mieux ? Et s’il n’y en a pas, comment devrions-nous réagir ? Nous ne devrions certainement pas blâmer les victimes pour cet effondrement mental. Il y a un principe juridique qui devrait peut-être faire l’objet d’une utilisation beaucoup plus large : le principe de non-imputabilité. Voici une définition pratique :
Il me semble qu’à l’heure actuelle, une grande partie de la population des États-Unis est dans un état d’effondrement mental, ce qui la rend non imputable. Laissant de côté la question de savoir si elle serait théoriquement capable d’apporter un changement positif à son comportement (la plupart des gens ne le sont pas), la majorité des Américains ne peuvent être convaincus par des faits simples. Par exemple :
et cela peut aussi accidentellement déclencher un holocauste nucléaire. Mais la grande majorité des Américains n’écoutera pas de tels arguments et insistera sur le fait que leur complexe militaro-industriel, hypertrophié mais inefficace, les « défend »… De qui ? Des Canadiens ?
Ici, nous ne pouvons qu’espérer le meilleur. Ce n’est pas que le meilleur promet d’être si bon ; dans la nouvelle sous-normalité, le mieux que nous puissions espérer est peut-être que la situation restera non létale pour le monde entier.
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