Pour résumer les attaques
d’à peu près tous les Organismes Non Gouvernementaux (ONG)
occidentaux ayant
pignon sur la planète, Greenpeace
en tête, la culture de palmiers à huile serait
responsable de la déforestation, de l’appauvrissement des sols et de la
disparition des espèces tel l’Orang-outan; par conséquent, elle serait
également responsable des gaz à effets de serre et donc du réchauffement
climatique ; et comme si cela ne suffisait pas, elle
serait aussi néfaste pour la santé.
Chaque ONG
œuvrant dans son domaine de compétence et toutes ayant à cœur de participer à la
curée, Amnesty
International et Oxfam ont
apporté leur contribution en dénonçant le non-respect des droits humains et les
conditions de travail dans les plantations de palmiers à huile.
Bien entendu, il ne s’agit pas ici
de défendre les conditions de travail imposées par les multinationales aux
travailleurs des plantations d’huile de palme.
Néanmoins, elles ne sont ni
pires ni meilleures que celles en cours dans tous les autres secteurs des
pays du sud, bois, coton, café, cacao, hévéa, soja au Brésil etc.
Il est difficile de dater
précisément le début de ces attaques, elles sont montées en puissance au fur et
à mesure que l’huile de palme a commencé à supplanter le soja, le colza et le
tournesol.
En vingt ans, la consommation mondiale est passée de 14.6 millions de
tonnes en 1995 à 62.6 millions de tonnes en 2015, cela
donne une idée de la
place prise par cette culture sur le marché des huiles. |
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Au cours des dix dernières années,
la campagne d’ostracisation menée par les ONG a atteint des sommets. A tel point
que leurs arguments répétés à satiété ont fini par entrer dans les cerveaux des
consommateurs qui se détournent de ce produit.
Certaines marques, clouées au
pilori, se blanchissent désormais de toute satanée trace d’huile de palme
dans leur produit en mentionnant « palme free » sur leurs emballages.
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La guerre de l’huile bat son
plein… | |
La guerre des données
Sur ce sujet, il existe une
importante littérature, de nombreux chercheurs ayant écrit des articles sérieux.
Signalons également le site GAPKI,
une association indonésienne qui fait un énorme travail de réinformation.
–
L’Indonésie est le plus important exportateur d’huile de palme, avec la
Malaisie, ils produisent 90% de la consommation mondiale. – Mais, les ONG, les
médias, et même le
Parlement européen se contentent de raisonnements parfois
justes mais partiaux, juxtaposés à des chiffres qui ne sont étayés par aucune
étude scientifique, au mieux relèvent-ils de données partielles ou orientées.
L’article
le plus édifiant,
concernant l’utilisation peu orthodoxe des chiffres, est celui paru en 2017
dans The
Conversation signé par trois scientifiques.
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Dans
cette recherche, intitulée « Non, l’huile de palme n’est pas responsable de 40%
de la déforestation mondiale », les auteurs ont essayé de comprendre comment le
Monde, du 3 avril 2017, avait pu écrire cette
révélation choc : « La conversion des terres en plantations de palmiers à huile
est à elle seule à l’origine de 40 % des pertes de couvert forestier naturel
autour de la planète ». |
Quelles étaient donc les
sources du « journal de
référence » pour arriver à un pourcentage aussi impressionnant ?
En réalité, le
Monde se réfère à
un rapport du Parlement européen, qui lui-même
s’appuie sur de nombreuses sources :
-
une expertise commandée à trois cabinets
privés, dont le citoyen ne sait rien ;
- la
FAO Organisation
des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture;
- un think tank américain, WRI
(World
Resources Institute),
proche des démocrates (10) ;
- Forest
trends, une ONG basée à Washington DC,
dont le fondateur a travaillé pour l’USAID et est un ancien des
Peace Corps au
Nicaragua, etc.
De fil en aiguille, de sources compulsées ici et là, de
données de la FAO exactes, mais anciennes et mal interprétées, les 40% sortent
comme un lapin du chapeau.
Selon le calcul précis et détaillé
de ces trois scientifiques, la culture du palmier à huile ne serait donc pas
responsable de 40% de la déforestation dans le monde, mais de 2,3% !
Néanmoins,
ce chiffre de 40% est resté dans les esprits et a été repris par certains
médias.
En dehors du sujet traité ici, cet
article est exemplaire. Il démontre comment il est possible d’arriver à des
aberrations
à partir d’une donnée exacte. |
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Par ailleurs, pour rester sur le
chapitre déforestation, il va sans dire que toute activité humaine, dont
l’agriculture, a un impact sur l’écosystème. Cependant le palmier à huile ayant
le plus grand rendement à l’hectare et ce, dans des proportions importantes, 3,8
tonnes à l’hectare, contre 0,5 pour le soja, sa culture est infiniment moins
destructrice.
Concernant tous les autres
points décriés, santé, environnement, pesticides, l’huile de palme n’est pas
mieux traitée. Dès 2012 pourtant, deux
chercheurs canadiens ont publié une étude intitulée « Huile
de palme : avantages sanitaires, environnementaux et économiques ».
Leur
conclusion est sans appel : « La plupart de ceux qui militent actuellement
contre l’huile de palme, en faisant pression sur les fabricants et les
distributeurs, agissent au nom de la protection de l’environnement. Pourtant,
ces activistes sont frappés de myopie. Leurs actions échoueront à atteindre les
grands objectifs qu’ils affichent : réhabilitation de l’environnement et
amélioration des conditions de vie de populations pauvres. En effet, dans la
pratique, aucune autre source d’huile végétale ne saurait préserver davantage de
terres et mettre à disposition autant de calories accessibles, abondantes et
abordables, pour les populations du monde entier. »
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Plantation de soja sec dans l'État de Bahia au Brésil |
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C’est pourtant en se basant
sur les informations de ces activistes myopes que la Commission européenne a
publié, en mars 2019,
un texte réglementaire qui
limite la part de l’huile de palme dans les
biocarburants et l’interdit
totalement d’ici 2030.
A juste
titre, ce texte a déclenché l’ire de l’Indonésie et de la Malaisie. Par cette
action, la Commission européenne n’a pas cherché à préserver les intérêts des
cultivateurs européens d’huile de colza et de tournesol, elle a avant tout
protégé le soja de son allié américain.
Car, et c’est tout à fait
remarquable, le texte de la Commission européenne, aboutit à condamner l’huile
de palme et à blanchir le soja ! Pour arriver à ce résultat, il a fallu que la
Commission joue les contorsionnistes en
classant l’huile de palme
à un risque très élevé (risque CASI), l’huile de soja,
passant, elle, miraculeusement juste sous le seuil fatidique !
Cette décision est d’autant plus
scandaleuse que selon Gapki,
les
chercheurs canadiens et beaucoup d’autres, le soja est beaucoup plus toxique
pour la planète : « le palmier à huile nécessite également beaucoup moins
d’engrais, de pesticides ou de carburant par unité produite que le colza et le
soja. » Au passage, pour toutes ces raisons, un boycott de l’huile de palme
serait particulièrement délétère.
Mais la Commission européenne ne
s’est pas embarrassée de ces considérations scientifiques et factuelles.
Par
aveuglement de certains de ses clercs (fonctionnaires) et par la trahison de certains autres,
elle s’est immiscée dans la guerre commerciale sans pitié menée par les
États-Unis pour protéger le soja, dont ils sont les premiers producteurs
mondiaux et un acteur clé de la filière ; la part de l’huile de palme dans le
marché mondial grignotant, année après année, celle du soja américain.
Le soja a été aussi au
centre de la guerre commerciale sino-américaine commencée en janvier 2018. Pour
rééquilibrer leur balance commerciale avec la Chine, les
États-Unis ont imposé, en 2018,
des tarifs douaniers sur 34 milliards de dollars d’importations chinoises. La
Chine a répliqué en taxant à 25% certains produits américains, dont le soja.
Comme souvent dans ce genre de conflit, soit les résultats attendus ne sont pas
au rendez-vous, soit ils sont contreproductifs. Ce qui devait arriver, arriva,
la Chine a revu sa copie, en
diversifiant ses sources protéiques
et en
s’approvisionnant désormais au Brésil, au grand dam des producteurs de soja
américain qui, ce n’est pas inutile de le rappeler, ont largement voté pour
Donald Trump aux dernières présidentielles . |
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Mais grâce à Jean-Claude
Junker, le président de la Commission Européenne, les agriculteurs américains, et la cote
de popularité de Donald Trump, président des
États-Unis-d'Amérique, ont été
momentanément sauvés. |
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En effet, après une rencontre en juillet 2018, à la Maison
Blanche, il a été convenu que l’Union européenne s’engageait à acheter plus de
gaz et de soja aux États-Unis.
En contrepartie, ces derniers s’abstenaient de
mettre en œuvre leur menace de relever les droits de douane de 25% sur les
exportations d’automobiles européennes, tant redoutées par l’Allemagne. |
|
Résultat, les
exportations
de soja US vers le vieux continent ont
bondi de 121% entre juillet 2018 et la mi-avril 2019,
garantissant ainsi le
cours du soja, qui a faibli mais n’a pas cédé. Note:
Le
cours du soja a été dopé à la mi-juillet 2019 en raison du mauvais temps aux
États-Unis en période de semis.
A deux reprises donc, par le deal passé entre Juncker et Trump, puis par le texte réglementaire de mars 2019, les
Européens n’ont pas hésité d’une part à « sacrifier » leurs propres producteurs de
colza et de
tournesol pour soutenir
« l’ami états-unien », et, d’autre part à
prendre le risque de se fâcher avec l’Indonésie et la Malaisie.
Les pays africains producteurs d’huile de palme, notamment les deux plus importants, le
Nigéria et
la
Côte d’Ivoire, n’ont, eux, pas réagi. Les raisons sont de deux
ordres :
certes, le
Nigéria, est un important producteur mais il est aussi un gros consommateur donc
il n’exporte pas son huile, mais au contraire en importe; la Côte d’Ivoire, elle, exporte mais en Afrique de l’Ouest seulement.
Par ailleurs, ces
États
reçoivent des aides de l’Union
Européenne et n’ont, par conséquent, guère de marge de manœuvre pour s’opposer.
|
Les bienfaiteurs de l’humanité et
le royaume des ténèbres |
|
Au final, dans cette
campagne contre l’huile de palme, qu’ont obtenu les ONG ? En cinq ans, le
cours de l’huile de palme a chuté de 45,92%, tandis
que le soja a perdu 29,1%, (les prix
de l’huile sont corrélés à la hausse ou à la baisse)
La chute des cours
a poussé les petits paysans à détruire leurs plantations d’huile de palme et à
se tourner vers d’autres cultures (qui ne sont pas plus
COP21 compatibles),
tandis que les producteurs de soja américain sont largement soutenus lors des
périodes difficiles par leur gouvernement. Résultat : qui paye les pots cassés ?
Les petits planteurs africains qui sont les plus touchés par cette guerre
économique. |
Ce sont donc une nouvelle fois les
Africains qui trinquent et parmi eux, les plus fragiles, les petits pays et les
petits producteurs, belle réalisation pour ces ONG, ces défenseurs de la planète
et de l’humanité. Au passage, ils font coup double, puisqu’ils sont les
premières à bénéficier des fonds distribués par l’Union Européenne UE pour endiguer l’immigration
et essayer de relocaliser les petits paysans qu’ils ont contribué à ruiner !
Mais que dire puisque ces ONG,
comme leurs bailleurs de fonds, reçoivent tous des subsides des mécènes
états-uniens, au premier rang desquels se trouve Georges Soros, bénéficient d’une
sorte d’exceptionnalisme. Ils sont LE bien et guident les pas de l’humanité
vers la lumière…
Mais il ne faut pas s’y tromper
dans cette affaire d’huile de palme, tous ne sont pas
des activistes
myopes, certains sont bel et bien parties au conflit d’une guerre économique.
Au final, l’huile de palme est
moins nocive pour la planète, pour l’économie des pays pauvres, et pour la santé
des hommes que ces ONG qui en dénoncent à tout bout de champ, le caractère
dommageable.
En conclusion : suivez les
conseils de Célestine anticolonialiste, mangez l’huile de palme, c’est bon pour
la peau, grâce à sa teneur élevée en antioxydants, en vitamines A et E…
Source: Leslie Varenne est co-fondatrice
et directrice de l’Institut de veille et d’étude des relations internationales
et stratégiques (IVERIS). Elle est journaliste d’investigation et spécialiste de
l’Afrique. Son dernier livre, « Abobo la guerre », porte sur les coulisses de la
guerre de 2011 en Côte d’Ivoire.
Paru sur
le site de l’IVERIS |
Choix de photos, collection de
textes, mise en page et titrage par :
JosPublic
Mise à jour le 12 juillet
2019
Note: Nous voilà pris dans
un débat qui oppose le survivalisme des peuples indigènes, les impacts de la
déforestation primaire, le développement économique et la santé. Se mêle à cela
la cupidité des uns et des autres. Ce qui compliquera grandement notre décision
et choix au moment de s'approvisionner en huile. Par contre si l'on est attentif
à notre lieu de résidence, on trouve comme ici dans ma région l'huile
de cameline. |
Ci-dessous: des textes en lien direct avec le sujet:
Notes & Références encyclopédiques:
|
L'IVERIS a fait des recherches, a
tiré sur le fil du mensonge....
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Retour au texte
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disparition des espèces tel l'Orang-outan...
| |
Retour au texte |
et comme si cela ne suffisait pas...
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|
Les dangers de l'huile de palme pour la santé. ...L'huile
de palme devrait plutôt s'appeler graisse de palme tant elle contient d'acide
gras saturés : 51% de sa composition - Sur No Palm |
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|
Chaque ONG
oeuvrant dans son domaine de compétence...
| |
Retour au texte |
ayant à
coeur de participer à la curée...
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cela donne
une idée de la place prise par cette culture sur le marché des huiles... |
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Retour au texte |
concernant
l'utilisation peu orthodoxe des chiffres...
|
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Retour au texte |
En réalité,
le Monde se réfère...
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Il démontre
comment il est possible d'arriver à des aberrations...
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ces
activistes myopes que la Commission européenne a publiés...
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Bras de fer sur l'huile de palme entre l'UE et l'Asie du Sud-Est - Un texte
européen devrait classer l'huile de palme dans la liste des biocarburants non
durables. |
Cette décision a fait bondir
l'Indonésie et la Malaisie, les deux principaux exportateurs.
Agence France Presse, le 29 mars 2019 |
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il a
fallu que la Commission joue les contorsionistes...
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Cette
décision est d'autant plus scandaleuse...
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En 2011, la Malaisie et
l’Indonésie ont produit à elles deux 36,3 % de l’offre mondiale totale d’huiles
comestibles en utilisant seulement 5,5 % des surfaces plantées d’oléagineux.
|
Ce résultat remarquable s’explique intégralement par la productivité élevée de la culture de l’huile de palme. En
d’autres termes, le palmier à huile produit près de dix fois plus de matière grasse par hectare que le soja, et plus de cinq fois plus que le colza.
-
D
eux
chercheurs canadiens ont publié une étude intitulée
: « Huile de palme : avantages sanitaires, environnementaux et économiques » |
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|
les États-Unis ont imposé,
en 2018, des tarifs douaniers...
|
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Ce qui devait arriver, arriva et la Chine...
|
- Sur The Street, le 28 septembre
2018
3.
Le Brésil veut profiter à long terme des malheurs du soja américain en Chine
- Sur RFI International, le 4 février 2019 |
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les exportations de soja
É.-U. vers le vieux continent ont bondi...
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en raison du mauvais
temps aux États-Unis...
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|
Le soja dopé par la crainte de récoltes décevantes - La France Agricole, le
18 juin 2019 |
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le Nigéria, est un
important producteur...
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En cinq ans, le cours de
l'huile de palme a chuté...
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Huile de soja - Chicago (futures) -
Sur Les Echos investir, le
12 juillet 2019 |
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Mais il ne faut s'y
tromper dans cette affaire...
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C'était quelques jours avant la
publication de cette note. Il est à retenir que ce bateau arrivait
du Brésil qui concurrence dorénavant le soja américain. - Sur France Info, le 28
juin 2019 |
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