L’annonce par la Chambre de
commerce de Montréal
(1) de la mise sur pied d'un comité de
mandarins
(2)
pour conférer ses sagesses à la
ville
de Montréal m’a vivement intrigué, avec une
impression de déjà-vu. Mémoire, mémoire… «Je me
souviens» et je pose la question.
Vivons-nous une épidémie de corruption ou le
résultat d’un long processus de désagrégation du
rôle de l’État dans notre société?
À défaut de pandémie corruptrice, il faut comprendre
que nous récoltons tout simplement les pépins des
gestes incongrus posés par nos élites dirigeantes
depuis les trente dernières années, soit
l’imbrication des affaires de l’État et celles du
secteur privé de l'économie.
 |
M. Madsen Pirie,
(3)
président du
Adam Smith Institute (un des
principaux groupes de réflexion (think tanks) britanniques) éminence
grise de la privatisation sous l'administration de
Mme Margareth Thatcher, première ministre
de l’Angleterre,
(4) prône dès 1980 le capitalisme
populaire. |
 |
|
Le concept veut que chaque individu devienne
l’entrepreneur de sa vie et puisse choisir ses
services publics à la carte dans le secteur privé de
l’économie. Ainsi, chacun.e vivra en atome libre
dans un monde qui n’est pas une société, comme il se
plaisait à le dire, mais un groupe d’individus. Ce
prêt-à-porter idéologique a tôt conquis nos élus.es
québécois.
Pour se vivre, ce concept impose la
privatisation des services de l’État, la
déréglementation de la sphère publique et privée
afin de laisser les forces du marché s’affronter. Le
Fonds monétaire international et la
Banque mondiale
cautionnèrent l’idée en finançant une série de
conférences à travers le monde. Au Canada, c’est le
Fraser Institute de Colombie britannique (la muse
idéologique de l’Institut économique de Montréal)
qui reçoit le mandat d’en convaincre les hauts
fonctionnaires de l’État.
Dès lors, les présidents/directeurs
généraux des plus grandes entreprises canadiennes se
réunissent mensuellement pour se coordonner et
s’assurer de l’infiltration de leur vision dans tous
les secteurs gouvernementaux. (5) La
lutte des
néolibéraux est lancée.
L'État Bourassa

M. Robert
Bourassa
(6)
Premier ministre du Québec |
Du 12 mai 1970 au 25 novembre
1976, puis du 12 décembre 1985
au 11 janvier 1994 |
|
Adepte de cette idéologie, le premier ministre
Robert Bourassa, réélu en 1985, crée trois « Comités
de sages »
(11)
comprenant des
banquiers et autres gens
d’affaires pour se faire recommander les meilleures
façons de la mettre en pratique.
Il nomme
Pierre
Fortier ministre délégué à la privatisation,
Reed Scowen président du Comté sur la déréglementation, et
Paul Gobeil, président du Conseil du
trésor qui a le mandat de
la Révision
des fonctions et des organisations gouvernementales.
Gobeil donne le ton : «Il faut «runner» l’État
comme une business.» Et voilà le gouvernement
lancé dans un programme de réingénierie ou démantèlement de l’État,
encore à la mode aujourd’hui. |
|
État Provigo: nom donné au
gouvernement par les médias en référence
à la carrière dans le secteur
alimentaire de plusieurs sages des
comités (Provigo, IGA).
Ville de Montréal
Au même moment,
Jean Doré du parti
politique le
Rassemblement des citoyens.nes de
Montréal (RCM) devient maire. Son approche
de démantèlement de l'État est plus perverse et cachée. Appuyé
par son maître d’œuvre de l'époque,
Pierre Lefrancois, directeur
général de la Ville, il critique la
lourdeur de la fonction publique montréalaise et
juge trop serrées les mesures de contrôle imposées
au secteur privé par ses fonctionnaires municipaux. (Pierre
Lefrançois, argumentera pour la privatisation des
infrastructures de l'eau à Montréal. Il deviendra en 2005 Président
de l’Institut pour le partenariat Public-privé, et
cofondateur du
Conseil canadien pour les
Partenariats Public-Privé)
 |
Subtilement, il
transforme des départements de la ville en sociétés paramunicipales, facilitant la transition vers le
secteur privé. Ces décisions provoqueront plusieurs
scandales: "le Palais de la Civilisation",
"la
Ronde" ou "la Société de développement immobilier".
Situations similaires aux
récents problèmes que s'est créés le présent
maire
de Montréal, Gérald Tremblay.
En fin
stratège, Jean Doré offre la gestion de
Stationnement Montréal à la
Chambre de commerce de
Montréal, et la sauve du même coup de la faillite
financière. Encore aujourd'hui la ville de
Montréal finance la dite chambre en lui
laissant toujours le contrôle sur le
stationnement et surtout sur les très
rentables parcomètres de Montréal. |
|
À l’Union
des producteurs agricoles (UPA), il confie la gestion du
Marché public "Maisonneuve" et au
Fonds de solidarité de la
FTQ, le contrôle sur l’ensemble des travaux publics
de Montréal.
Ce dernier projet échouera grâce à l’intervention du
Syndicat des cols bleus qui
n'entend pas se faire dire quoi faire et
encore moins dans le cadre de magouilles
politiques. Enfin la
tentative de privatiser l’infrastructure de l’eau
est acculée à un mur de résistance tant de la part
des membres du RCM, que suite aux sondages auprès de la
population.
Pour dorer le tout, monsieur le maire
parvient à fonder une compagnie privée pour
organiser les
"fêtes du 350e anniversaire
de Montréal". Son statut d'entreprise
privée la préserve de l’application de la loi d’accès à l’information, les
émulations de ses petits copains sont bien protégées
de l’œil des payeurs de taxes.
Tout y passe!
Dans la grande braderie de compétence
municipale, la
Communauté urbaine de Montréal n’est pas épargnée. Les garagistes du coin se voient
octroyer l’entretien des autos patrouille des
policiers au détriment des garages de la Ville.
|
 |
Aucune inspection des travaux par un technicien
inspecteur n’est désormais nécessaire, le garagiste
téléphone et hop on paie la facture pour remplacer
un "cardan de voiture" sans vérification visuelle de
son usure.
J’ai vu de mes propres yeux un garage facturer à la
CUM, mois après mois au prix du neuf, des pièces de
remplacement usagées. (Un garage à l'angle des rues
Ontario et Papineau). Malgré les plaintes de
citoyens.nes, l'idéologie du tout privé l'emportait.
Finis les contrôles tatillons des fonctionnaires
chargés de la qualité et du respect des cahiers de
charge!
Finalement défait aux
élections, le maire Doré voit tout de même ses
efforts récompensés par un emploi chez la
firme
d'ingénierie Lavalin.
Désormais, le travail de sape de la fonction
publique montréalaise, reconnue comme l’une des plus
compétentes en Amérique, amorce son désagrégement.
La tendance s'est étendue à plusieurs villes du
Québec. Moins documentés que le cas de Montréal, mais
étendus sur plusieurs années, on a vu la
ville
de Sept-Îles remettre la gestion de parcs à une
société paramunicipale, la
ville de Québec a privatiser son "service d'horticulture"
et confier une partie du déneigement au secteur privé,
etc.
La
tendance se maintient
 |
En 1994, le premier ministre
Jacques Parizeau
(8)
arrive au pouvoir
provincial et découvre une situation si
incestueuse entre l'État et les grandes
corporations du Québec, qu'il ordonne aux
sociétés d'État de cesser toute cotisation
de "membership" au
Conseil du Patronat,
organisme de défense des grandes entreprises
privées du Québec, incluant les
multinationales. |
Malgré cette prise de position pro
indépendance de l'État, il lie l'accès à
plusieurs subventions destinées au secteur
de l'Éducation ou de la Santé, à
l'obligation d'engager le secteur privé pour
la réalisation de travaux. Il devient alors
impossible pour une commission scolaire ou
la direction d'un hôpital d'en appeler à ses
propres employés.es même si les coûts sont
moindres.
 |
À la
Société immobilière du Québec, dont le
statut a été ébranlé
à plusieurs reprises
par la pression des
chambres de commerce.
La direction a
aboli, dans les
années 1980, ses postes
d'ouvriers
spécialisés et a interdit à ses
techniciens d’inspecter les travaux
des sous-traitants dans les édifices du gouvernement.
Sans inspection
visuelle, la qualité
des travaux ne
peut être
garantie conforme
aux
exigences des
cahiers de charge,
des soumissions et
des contrats. Dès
lors,
les entrepreneurs électriciens ou plombiers
facturent pour des
travaux même
inachevés (on dit
aussi "fermer le mur"). Selon le
témoignage de petites firmes de l’époque, leurs
bénéfices se sont accrus de 30%. |
|
|
 |
À
Hydro-Québec, une pratique interchangeable
d’employés.es se pratique depuis des années, même
encore aujourd’hui. Certains bureaux se voient
partagés entre des salariés en sous-traitance et des
employés de la société d’État, sans que chacun
sache qui est qui. Dans certains lieux de travail,
des sous-traitants
détiennent les mots de passe
d'ordinateur, et accèdent à
des systèmes de
sécurité, que n'ont même pas
les employés.es de la maison! Les
mêmes patrons ingénieurs
sont, par périodes
intermittentes, employés d'HQ
ou d'une firme d'ingénierie,
c'est selon! |
|
|
Sous l’égide du
Premier ministre M Lucien
"Lucide"
Bouchard
(12), les réseaux d’eau de la province sont mis
en péril. Il confie à
Rémy Trudel, député d’Abitibi,
ministre des Affaires municipales, la responsabilité
de la privatisation de l’eau au Québec.
Le Conseil
des ministres le suit et adopte la
«Proposition
d’un modèle québécois de privatisation des services
d’eau»
(9) . Aussitôt, le ministre se lance en lobby
auprès du maire pour faire de Montréal un exemple de
privatisation. |
 |
En connivence, le
Fonds de
solidarité de la FTQ et
Lavalin
offrent à
des syndicalistes cols bleus un voyage en Europe,
toutes dépenses payées, pour leur vanter les mérites
de compagnies privées spécialisées en gestion de l'eau
de plusieurs
plusieurs villes et communes. Au retour,
en dépit des attentes des organisateurs, les
employés municipaux sont convaincus plus que jamais
de non
pertinence du secteur privé dans la gestion de
l'eau. Heureusement, la
Coalition
Montréalaise pour un débat public sur l'eau
(ancêtre d'Eau Secours!) veille au grain et fait reculer
le ministre jusqu’au point où il se contredira
publiquement.
Aujourd’hui, Rémy Trudel enseigne à l’École Nationale
d'Administration publique ENAP et prépare nos futurs
hauts-fonctionnaires. Il a été récemment
candidat défait de du parti politique montréalais "Vision Montréal".
De 1996 à 2008, les gouvernements
péquiste et libéral poursuivent la lancée
idéologique de Bourassa avec la création de trois comités sur
l’allégement réglementaire. Attention, on ne parle
pas ici de personnes élus.es qui défendent le bien
public, mais bien de
gens d'affaires qui trouvent que l'État
prend trop de place dans leurs affaires.

M Bernard Lemaire
président de Cascades |
|
Bernard Lemaire de Cascades
en dirige deux et avec l'aide de
la députée du Parti Québécois Mme Diane Lemieux, (aujourd'hui au comité exécutif de la ville
de Montréal), il obtient la disparition des lois
dites de décret
(10)
qui protégeaient, entres autres, les travailleuses
et travailleurs du secteur du vêtement, de la
coiffure. Les plus pauvres quoi!
Le
troisième comité est piloté par
Raymond Dutil, propriétaire de Procycle. |
Ce dernier ose recommander au Ministère
de l’Environnement de ne plus exiger d'avoir en
main les plans et
devis de construction des établissements industriels
lors de l’analyse environnementale des projets des
promoteurs privés.
M.
Pierre Bourque
(14), nouveau maire de
Montréal en 1994, forme des comités de gens
d’affaires, banquiers, firmes comptables, firmes
d’ingénieurs, etc. pour analyser près de 50
activités susceptibles d’être sous-traitées ou
privatisées.
N’oublions pas que depuis le
programme d’attrition du personnel du
maire Jean
Drapeau, la Ville s’est délestée de 10,000 postes
d’employés.es dans tous les secteurs municipaux : cols
bleus, cols blancs, ingénieurs et professionnels.
L’expertise chèrement acquise en est réduite
d'autant, avec comme conséquence un flagrant manque
d’effectifs pour la planification et
l’opérationnalisation des travaux. Aujourd’hui en
2009, le
Vérificateur général de la Ville le confirme.
|
 |
|
En 2001, la situation s’aggrave avec Bernard Landry
comme Premier ministre; la collusion avec le secteur
privé prend son essor dans plusieurs ministères,
dont celui des Transports, sous enquête en 2009 à cause de son laxisme dans l’octroi de contrats au
secteur privé.
En exemple,
le 30 août 2000, un sous-traitant est reconnu
coupable de fixation de prix dans le cadre d’appels
d’offres de
Transports Québec.
|
Le gouvernement se ferme les yeux pour une raison
inconnue et lui octroie quand même un contrat d’une
valeur de 26 millions $ pour les années 2001-2002.
Voilà l'expression d'un préjugé favorable à
l'entreprise privée, fut-elle corrompue.
Son règne nous lègue l’Institut des
partenariats public-privé. Le
Président du Conseil
du Trésor, M Joseph Facal, annonce, en décembre
2002, l’adoption de nouvelles orientations
gouvernementales afin d’inciter les ministères et
organismes du Québec à toiser l’option du
partenariat-public-privé pour réaliser leurs projets
majeurs. Parole dite, parole tenue, et même si
monsieur Facal n’est pas réélu en mars 2003, ce
seront les libéraux qui l’appliqueront.
En 2001, dès son premier mandat comme maire de
Montréal, Gérald Tremblay, ancien
Ministre de
l’Industrie du Québec pour le Gouvernement
du Parti libéral du Québec, est l’homme de la
concertation pour le développement de grappes
industrielles et les incubateurs d'entreprises. Pour
lui, l'imbrication du travail des
fonctionnaires avec celui des gens
d'affaires est plus que normal; c'est
l'objectif car l'État doit être au service
des promoteurs économiques. |
|
Trop nombreux, on ne compte plus
désormais, sous son règne, les contrats de services professionnels
consentis au secteur privé de l'économie, notamment pour la rédaction des appels
d'offres.
Au cours des deux mandats du maire, le secteur des
travaux publics et de l’eau a subi rapidement la
forte influence des firmes d’ingénierie dans
l’élaboration des documents des travaux dans les
bureaux mêmes de la Ville et dans le processus de
sélection d'un entrepreneur; les contrats qui en
découlent se comptent en dizaines de millions de
dollars par année. Par mimétisme de ses
prédécesseurs ou par insécurité personnelle, le
maire s’est aussi entouré d’un comité de gens
d’affaires pour le conseiller dans le domaine de la
gestion municipale.
Notons que Montréal n’est pas la
seule ville à se soumettre au régime du privé, des
villes et municipalités partout au Québec subissent
l’assaut, et bien que certains maires résistent, le Ministère des
Affaires municipales exerce rapidement son
ascendance sur les récalcitrants… avec l’octroi de
subventions.
 |
En 2003,
Jean Charest
(17)
devient premier
ministre et scelle le concept de réingénierie de
l’État, mot qu’il rebaptisera du terme plus racoleur
de Modernisation de l’État. En fait, il
s’agit d’une nouvelle appellation pour continuer la
privatisation et sous-traitance des affaires de
l’État. |
Cette fois, sous la férule de la dame de fer et
grande prêtresse des PPP (Partenariat public-privé),
Monique Jérôme Forget,
l’expertise de l’État est en
proie, une fois de plus, à une dégénérescence au
profit des entreprises privées, avec sa règle qu’un
poste de la fonction publique sur trois soit aboli lors de la prise de la
retraite.
Malheureusement, et sans doute trop tard,
en 2009, le Vérificateur général du Québec remet en
cause la pertinence de l’Agence des Partenariats
public-privé et l’efficacité financière de ce mode
de privatisation de la gestion de l’État. |

Mme Monique-Jérôme Forget,
Présidente du Conseil du trésor
(18) |
|
Déjà, sous le gouvernement du
Parti québécois, les
firmes d'ingénierie ont le pied dans la porte. Mais
avec l’entrée du conservateur Jean Charest, la porte
entrebâillée au secteur privé est devenue un bar
ouvert. Ce nouveau marché des services
professionnels est évalué à plusieurs dizaines de
millions de dollars l'an. Les firmes
SNC-Lavalin,
Dessau, BPR, Génivar, Groupe SM et autres
Tecsult
pénètrent ainsi dans un champ d'activités réservé
jusque-là à la prérogative de l'État.
 |
Le très obéissant
ministère des
Transports (MTQ) invite le secteur privé à
s’impliquer dans chacune des étapes menant à
accorder tel ou tel contrat à un entrepreneur plutôt
qu'à un autre. «Il y a lieu de constater une
augmentation substantielle du recours au privé. Et
la tendance est à la hausse», a reconnu
Réal
Grégoire, membre de la direction des communications
du MTQ. Par ailleurs, les règles d'attribution ont
été modifiées depuis le 1er octobre 2008 : le seuil
obligeant le MTQ à lancer un appel d'offres public
est passé de 25 000 à 100 000$. Tous les contrats de
moins de 100 000 $ pourront être accordés de gré à
gré ou selon la formule d'appel d'offres «sur
invitation». |
Évidemment, ces longues années de fréquentations ont
rapproché chefs syndicaux et représentants du monde des
affaires, hauts fonctionnaires et firmes
d’ingénierie, de communication et de comptabilité.
Toutes les sociétés paramunicipales, parapubliques
et péripubliques évoluent désormais avec des plans
d’affaires comme les entreprises privées et les gens
d'affaires siègent au conseils d'administration.
Des
amitiés se nouent et voilà que ce beau club
public-privé ne trouve plus de ligne de démarcation
entre les intérêts corporatistes des uns, d’affaires
des autres et le
bien commun de l'ensemble de la population. L'absence d'éthique publique
entretien les conflits d'intérêts privés: l'attitude
de
M. Frank
Zampino, ancien no. 2 de la ville de Montréal,
qui a accepté un emploi dans un firme de son ami de
M. Tony Accurso,
lequel a obtenu de nombreux
contrats sous différents noms d'entreprise à la
Ville, de même que la présence du
président
de la FTQ
sur le bateau du célèbre
entrepreneur nous le démontrent clairement. Et dire
que les médias n'ont ciblé que la pointe de
l'iceberg.
La propagande s'étend
Le
monde de l’enseignement universitaire suit la
tangente, que ce soit pour la construction de
pavillons de l’UQÀM, ou l’imbrication des
laboratoires de recherche privée sur les lieux
même des universités. Sur le plan de l’enseignement, l’École nationale d’administration
publique du Québec, chargée de la formation des
prochains hauts fonctionnaires québécois, promeut
l’État minimal et le privé maximal.
|
En
2005, sa
dérive idéologique divague jusqu’à embaucher un
ancien politicien français, Alain Juppé, banni de la
vie politique par les tribunaux français pour « abus
de confiance, recel d’abus et de biens sociaux et
prise illégale d’intérêt ».
Condamné à quatorze mois de prison avec sursis et un
an d’inéligibilité
à tout poste électif de l’État, cette
icône de moralité devient professeur de sciences
politiques à Montréal! Pour farcir le tout, en 2009
le commissaire de l’École (ENAP) à
l’éthique démissionne pour avoir trafiqué
des données. |
Face à cette trame d’éthique et de
collusion orchestrée entre élus.es et chefs
d’entreprises, la réponse «Je ne suis pas au
courant» des politiciens.nes innocents ou
carrément corrompus est indéfendable.
Nos universités, nos écoles sont sensées disposer
d’une richesse en références et en savoir. N’y
trouve-t-on pas le texte d’Henry Mayhew,
historien britannique, qui relève dès 1850, pas 1950
mais bien 1850, les problèmes liés à la
privatisation? :
|

|
Dès 1900, la plupart des municipalités britanniques,
encore affectées par les dures leçons tirées
d’expériences négatives avec des entrepreneurs, ont
rapatrié les principaux services vers le secteur
public. Même déroulement pour le Québec, la
municipalisation a débuté vers les années 1930 pour
s’introduire par la suite à tous les niveaux de
l’État, pour être finalement disloquée à partir de
1980.
Donc
les savants et historiens de l’économie, de l'ENAP,
HEC
et de l’école de Gestion de
l’UQÀM, , tous savent, et pourtant personne ne
retiendra la leçon, peu d'entre eux osent en parler.
 |
De gauche à droite à l'arrière
M. Pierre Bourque - ex-maire de Montréal, M Lucien Bouchard
- ex-premier ministre du Québec, M
Bernard Landry - ex-premier ministre du
Québec, M Gérald Tremblay - maire de
Montréal
à l'avant
M. Robert Bourassa - ex-premier ministre
du Québec, M Jean Charest - premier
ministre du Québec, M
Jean Doré - ex-maire de Montréal |
Réingénierie de la devise du Québec : Me souviens
pas
Dès 1980, les éditorialistes des
médias québécois encensent la déréglementation en
vertu de l’octroi rapide de contrats au secteur
privé, sans trop de vérification. Eux-mêmes
assujettis aux règles du marché, ils projettent à
travers l'État leurs propres contraintes et
comprennent que les administrateurs d'État n'aient «Pas le temps
d’enquêter les sous-traitants, par manque de personnel»
expliquent-ils.
Pas de taxes, pas de services.
Pour promouvoir le démantèlement de l’État, ils
cautionnent et usent de la bonne vieille sémantique des
gestionnaires des Hautes études commerciales HEC :
affermage, allocation directe, clef en main,
décentralisation, déréglementation, désengagement,
filialisation, partenariat public-privé,
privatisation, rationalisation, relocation,
sous-traitance, impartition, adjudication,
faire-faire, contrat à forfait, tarification,
gestion déléguée, recentrage de la mission,
introduction de la concurrence, ad nauseam!
Qu’aujourd’hui les éditorialistes des journaux de
Monsieur Desmarais,
La Presse, Le Nouvelliste, La
Voix de l’Est, Le Droit, Le Quotidien, Cyberpresse,
Le Soleil, braillent publiquement sur le manque
d’éthique des
Zampino, Tremblay, Whissel, Labonté et autres;
qu’ils s’irritent au constat de l’acoquinement des
gens d’affaires avec les politiciens est d’une
hypocrisie sans borne.
Tout partis politique confondu, les politiciens.nes ont créé Québec
Inc.
(19) d’une façon rustre en tenant compte uniquement
des intérêts des entreprises au détriment de la
société représentée par l’État. Corruption?
Collusion? Ces compagnies se vantent d’être des
bâtisseurs du patrimoine d’une économie québécoise
enrichie, alors que telles des sangsues elles ne
savent que s’agglutiner aux ressources de l’État.
Effets pervers sur la démocratie
Fait inquiétant, la privatisation et
la corruption en copulation mettent en péril les
disparités économiques et favorisent la criminalité
organisée. Une corruption qui se développe sans
entrave, empêche l’épanouissement de la démocratie
et risque d’amener au pouvoir une dictature
populiste, une dictature molle et conservatrice à la
Stephen Harper ou impétueuse à la
Maurice Duplessis.
Le genre de chef que recherche présentement l’Action
Démocratique du Québec (ADQ).
Bien que le couvercle du presto
siffle, depuis 2008, autant à Montréal qu’ailleurs
au Québec, le gouvernement Charest ne peut engager
une enquête publique sans ternir la réputation de
toute la classe politique du Québec. Le
risquera-t-il?
Un cadeau intéressé
Nous voilà de retour à la case
départ. La Chambre de commerce de Montréal offre la
solution d’un comité composé de sept mandarins
(oublions les sages), où se retrouveront le même
Marcel Côté,
associé fondateur et président de SECOR conseil Inc, de l’époque de Robert Bourassa et toujours
apôtre de la privatisation. Un
André Boisclair,
candidat défait au poste de Premier ministre du
Québec,
se pavanant affublé d’un ridicule cours d’économie
d’été à l’Université Harvard, que je revois à la télévision, mine
contrite, plaider pour ces pauvres entrepreneurs et
promoteurs québécois obligés de répondre aux règles
capricieuses d’appels d’offres et de cahiers de
charge. D’un élan du coeur, il lance «Il faut
libérer le Capital! ». C’est ça le cadeau
que la Chambre de commerce destine à Montréal? Non
merci!
|
|

|
Si la sagesse consiste à apprendre de
nos erreurs et surtout à les corriger, qu’ont donc
retenu ces Québécois et Québécoises ayant chacun une
once de pouvoir?
JosPublic
Références
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1 |
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2 |
Mandarin : Haut fonctionnaire de
l’empire chinois, choisi par concours. • Homme
cultivé et influent, détenteur de titres |
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3 |
Madsen Pirie président de l'Adam Smith Institute |
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4 |
Margareth Thatcher, première ministre
de l’Angleterre |
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5 |
Le livre "Silent coup" de
Tony Clarke du "Centre canadien des politiques
alternatives" fait le tour de la
question. Sur 20 ans la grande
entreprise canadienne ou établie au
Canada a réussi un coup d'État
silencieux.
Confronting the Big Business
Takeover of Canada. Co-published by
Canadian Centre for Policy
Alternatives and James Lorimer & Company Ltd. 1997 |
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6 |
M Robert Bourassa,
premier ministre du Québec. Courte
biographie |
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7 |
M. Jean Doré,
maire de Montréal |
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8 |
Jacques Parizeau, professeur, économiste,
Premier ministre du Québec |
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9 |
Proposition
d’un modèle québécois de privatisation des services
d’eau
(document Acrobat PDF 1 page) |
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10 |
Sournoise attaque contre les
ouvrières par Diane Lemieux, Bernard
Lemaire et Gilles Taillon |
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11 |
Sage :
Personne
réputée pour sa compétence et son
objectivité, désignée pour
conseiller un gouvernement en
matière économique et sociale, pour
examiner un projet |
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12 |
M Lucien Bouchard,
premier ministre du Québec |
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13 |
M. Bernard Landry,
premier ministre du Québec |
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14 |
M. Pierre Bourque,
maire de Montréal |
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15 |
M Gérald Tremblay,
maire de Montréal |
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16 |
M. Alain Juppé,
politicien français banni la
fonction publique par les tribunaux
français (14 mois) |
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17 |
M. Jean Charest,
premier ministre du Québec |
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18 |
Mme Monique Jérôme-Forget,
présidente du Conseil du trésor du
Québec |
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19 |
Québec inc. |
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