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L’Unité permanente anticorruption (UPAC) se rapproche des firmes de communication impliquées sur la scène municipale , dont celle d’André Morrow qui aurait servi à du financement politique illégal. L’UPAC soupçonne cette firme d’avoir produit une fausse facture dans le but détourné de financer le parti du maire Gérald Tremblay. Il avait été question de cette facture à la commission Charbonneau, mais l’UPAC a décidé de pousser les recherches plus loin dans le cadre d’une enquête criminelle, apprend-on dans de nouveaux extraits d’affidavits policiers rendus disponibles il y a deux semaines. C’était d’ailleurs la principale raison de la perquisition du 28 juillet 2015 dans les bureaux de Morrow Communications, rue Sainte-Catherine à Montréal, révèlent ces documents obtenus par l'Agence QMI. « Fausse facture » Les faits allégués remontent à la campagne électorale de 2005, remportée par le parti Union Montréal de Gérald Tremblay. Yves Cadotte, ex-v.-p. de SNC-Lavalin, a affirmé à la commission Charbonneau que sa firme avait payé 75 000 $ pour une «fausse facture» à Morrow Communications pour couvrir des services rendus à Union Montréal pendant la campagne. ( 01 ) En fait, il s’agissait selon lui d’un stratagème pour verser une partie des 200 000 $ que devait donner sa firme à Union Montréal afin d’obtenir sa part de contrats à la Ville de Montréal. Devant la commission Charbonneau, André Morrow avait pour sa part affirmé qu’il ignorait tout de ce subterfuge. Son interprétation, c’est que SNC-Lavalin lui avait donné 75 000 $ non pas pour du travail fourni au parti de Gérald Tremblay, mais bien comme «retainer-retenir». Il s’agit d’une somme qu’on verse à une entreprise simplement pour s’assurer de ses services futurs, donc sans que du travail soit nécessairement effectué. «S’il y avait eu des allusions à cet effet-là, j’aurais refusé et je me serais levé et je serais parti», avait déclaré André Morrow devant la commission Charbonneau. Produits de la criminalité Deux ans après son témoignage, l’UPAC voit la situation d’un autre œil. «J’ai des motifs raisonnables et probables de croire que des [...] obtenues par Morrow Communications sont des produits de la criminalité», écrit le sergent-enquêteur Jean-Frédérick Gagnon dans l’affidavit pour obtenir un mandat de perquisition dans les bureaux de Morrow. Les enquêteurs cherchent «toute preuve de travail effectué par André Morrow et/ou un membre de la compagnie Morrow Communication au bénéfice de SNC-Lavalin», et, en référence à Union Montréal, «tout document relatif au financement du parti politique». Les policiers ont finalement saisi sept éléments, principalement des documents papier et informatiques, dont ils se gardent bien de préciser publiquement le contenu. Les prétentions de l’UPAC, tout comme celles de Yves Cadotte et d’André Morrow, n’ont pas encore passé le test de la justice criminelle. Néanmoins, le passage de l’expert en communications à la commission Charbonneau a déjà eu des effets. Le lendemain, sa conjointe et ex-députée fédérale Liza Frulla avait quitté son poste de commentatrice politique à Radio-Canada, «par respect pour le public et pour [ses] collègues».
La vague de perquisitions de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) en lien avec le scandale des compteurs d'eau se poursuit. Cette fois, les enquêteurs sont débarqués dans les bureaux de Morrow Communications au centre-ville de Montréal. Il s'agit de la septième perquisition menée par l'UPAC depuis les quatre dernières semaines. Elles sont toutes liées au même dossier. «On parle ici d'une perquisition en cours d'enquête, a dit la porte-parole de l'UPAC, Anne-Frédérick Laurence. Cinq enquêteurs se sont rendus sur place et des gens devaient être rencontrés.» Les policiers présents sur place étaient notamment à la recherche de divers documents qui serviront à étoffer leur preuve dans cette vaste enquête portant sur l'attribution du contrat des compteurs d'eau, le plus gros jamais octroyé dans l'histoire de la ville de Montréal. ( 06 ) En 2005 l'administration Tremblay-Zampino allait de l'avant avec le dossier des compteurs d'eau. Le contrat de 355 millions$ serait accordé au consortium Génieau (Dessau et Simard-Beaudry) en 2007 puis annulé deux ans plus tard compte tenu des irrégularités soulevées par le vérificateur général de Montréal.
Mais lors de l'octroi du contrat, en décembre 2007, la Ville de Montréal avait prévu mettre en place une cellule de crise au chapitre des communications. Aucune arrestation n'était prévue lors de la perquisition chez Morrow Communications, dont le nom a été changé en juin 2015 pour MW3.
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